jeudi 3 mars 2011

Voir !

6 T.O. Jeudi - Voir ! (Mc 10 46-52)

Nous venons d‘entendre, dans l’évangile, cet appel du mendiant de Jéricho : “Seigneur, fais que je voie !“. Le thème de la lumière revient très souvent sur les lèvres du Christ. Naturellement, s’il s’agit de la lumière du jour pour l’aveugle de Jéricho, c’est pour signaler à tous qu’il y a une autre lumière, une lumière intérieure, plus importante que la première. Jésus pense toujours de l’horizontal vers le vertical !

Et l’Eglise ne manquera pas de reprendre cette image, afin de nous donner l’occasion de réfléchir :
- Elle fixera la célébration de la naissance du Christ, Lumière du monde, au moment précis où la lumière du soleil commence à regagner sur la nuit !
- Elle fera briller dans la nuit pascale la lumière d’un feu, la lumière d’un cierge, symbole de la clarté fulgurante du matin de Pâques qui perce les ténèbres de la mort elle-même !
- Cierge du baptême, cierges des mariages ou des sépultures, cierges de l’autel, cierges dits “de dévotion“, flambeaux en certaines fêtes, lampe du sanctuaire… tous nous redisent ces affirmations du Seigneur : “Je suis la lumière du monde !“ … Avec moi, “vous êtes (vous devez être) la lumière du monde !“. “Tenez vos lampes allumées“, vos lumières de vie !

Alors,
+ Seigneur, fais que je voie ! - Que la lumière de mon intelligence soit transfigurée par la lumière de la foi !
+ Seigneur, fais que je voie, que je voie davantage ! - Que cette lumière divine reçue au jour de mon baptême ne soit pas flamme blafarde dont on se contente pour des chemins trop routiniers, mais soleil levant qui découpe nettement le contour et des êtres et des choses, et des événements eux-mêmes, soleil qui, à la fois, éclaire, réchauffe et fait vivre !
+ Seigneur, fais que je voie ! - Que ta Parole soit sans cesse cette huile odorante qui alimente notre lampe de vie pour pouvoir entrer aux noces de la Vie éternelle ! Sans cette alimentation constante, nous risquons fort d’être de ceux dont Jésus dit : “Ce sont des aveugles qui guident des aveugles. Or, quand un aveugle en conduit un autre, tous les deux dans le fossé!“. (Mth 15.14).

Aussi, pour éviter cette terrible mésaventure, il nous faut sans cesse nous mettre dans la situation de l’aveugle de Jéricho. Spirituellement, sa situation est nôtre ! Si nous sommes persuadés que nous dispensons autour de nous des torrents de lumière éblouissante, nous sommes dans la plus grave erreur. “Si nous disons : “Nous n’avons pas de péché“, nous nous abusons, disait St Jean ; la vérité n’est pas en nous!“ (I Jn 1.8).
Au contraire, si nous sommes bien conscients de notre pauvreté, de notre faiblesse, si nous croyons vraiment avoir besoin du Christ, comme un aveugle a besoin d’un guide, le Seigneur viendra à notre secours. Car notre pauvreté, reconnue avec humilité, est un appel à recevoir les dons de Dieu ! On ne le sait que trop : le riche, lui, n’a besoin de personne, pas même de Dieu. Notre Seigneur a des paroles très dures au sujet de ceux qui s’appuient uniquement sur leurs richesses quelles qu’elles soient ! C’est avec un coeur humble et pauvre que nous pourrons entendre cette invitation : “il t’appelle; le Seigneur t’appelle !“. Nous pourrons alors “bondir et courir“ dans la joie comme l’aveugle, malgré sa cécité que le Seigneur guérira !

Cet appel, s’il a déjà retenti une, deux fois... de façon plus précise et solennelle, il ne cesse d’être lancé tout au long des jours de la vie ! Parfois dans un événement plus marquant, parfois dans la grisaille des jours qui se succèdent avec monotonie apparente… C‘est un appel lancé avec un amour toujours renouvelé, absolument gratuit. Aujourd’hui même, par cette Eucharistie, à chacun plus ou moins aveugle à la lumière divine, à nous tous, mendiants de Dieu, le Christ fait signe : “il t’appelle !“.

Cet appel sera toujours respectueux de notre liberté. Mais sachons-le encore : c’est au moment où l’obscurité se fait plus épaisse - comme celle d’un Vendredi Saint - que le cri de notre détresse, avec le cri du Christ en croix, perce la nuit : “Seigneur, prends pitié!“. Mais ce cri se perdra dans la lumière du Ressuscité !

Remarquons encore : cet appel du Seigneur est toujours personnel. St Marc prend soin de nous préciser le nom de l‘aveugle : c’était le fils de Timée ! Oui, Dieu nous connait plus que nous nous connaissons nous-mêmes. Et il nous appelle toujours à collaborer personnellement, d’une manière ou d’une autre, à son oeuvre de créationn, de re-création, de rédemption !

Ainsi, ce matin, conscients de notre pauvreté humaine et spirituelle, crions vers le Seigneur : “Seigneur, prends pitié de nous!“. Et par cet évangile, le Christ ressuscité appelle chacun de nous à recevoir sa Lumièe de Vie nouvelle, afin d’être de ceux, est-il dit, qui “suivent Jésus sur la route“.

“Le Seigneur t’appelle !“ - Qui pourrait ne pas répondre à cette invitation ? A moins d’être plus aveugle encore que ce Bartimée de l’évangile !

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