vendredi 11 mars 2011

Loi et liberté

Vendredi ap. Cendres. Commandement, Loi et Liberté
(Isaïe. 58.1-9)

Crie à pleine voix ! Ne te retiens pas… ! Ils jeûnent ! Ils s’humilient ! Mais ils ne pratiquent pas ma loi pour autant. Chez eux, il n’y a que dispute et querelle et diverses injustices ! Alors que s’ils obéissaient à ma loi…

Il est toujours question de loi, d’obéissance ! Langage difficile aujourd’hui que St Paul décrypte dans sa lettre aux Romains (ch. 7) :
Pensant très probablement à Adam et donc à tout homme, l’apôtre affirme que sans les commandements (la Loi), il n’y aurait pas eu de transgression (de faute). Si la Loi ne m’avait pas dit : « Tu ne convoiteras pas ! », je n’aurais pas connu la convoitise ! Mais le commandement étant venu, la tendance au mal qui est en moi, saisissant l’occasion, m’a séduit. C’est bien connu : il suffit parfois de dire à un enfant : “ne fais pas ceci“ pour qu’il le fasse ! A cause du commandement, dit Paul, le péché a pris vie en moi !

Alors, les commandements (La loi) sont-ils mauvais ? Certes pas ! Paul, pharisien, fils de pharisien, de la tribu de Benjamin, gardienne de la Loi, circoncis dès le huitième jour, zélateur de la Loi… ne va pas dire le contraire ! Simplement, la convoitise s’est servie du commandement pour manifester sa virulence en moi-même. De sorte - je ne le sais que trop désormais - : “ce que je veux, je ne le fais pas ; et ce que je hais, je le fais“. Je sais désormais que le bien n’habite pas en moi. Certes, il est à ma portée ; mais je ne peux l’accomplir ! Pourtant, je prends plaisir à la Loi de Dieu pour m’unir à lui. Mais je découvre en même temps une autre loi qui m’entrave.

Malheureux homme que je suis ! Mais non ! A cause du Christ, Fils de Dieu envoyé par le Père dans la condition de notre chair de péché.
Il ne faut pas oublier également que St Paul est un converti. Il a fait l’expérience extraordinaire du mystère d’amour de Dieu, de sa miséricorde face à ce qu’il appellera le “mystère d’iniquité“ (le péché). En mourant sur la croix, il a tué en sa chair, en l’homme, la convoitise du péché pour nous donner son Esprit d’Amour afin de parvenir à sa ressemblance, la ressemblance du Fils de Dieu ! Pour devenir “enfant de Dieu“ !

Il s’agit de toute une évolution de croissance, de toute une pédagogie de Dieu à notre égard. Certes, la Loi de Dieu (commandements) ne doit plus s’imposer à nous de l’extérieur comme une contrainte. Par la force de l’Esprit du Christ en nous, elle doit passer de l’extérieur à l’intérieur de nous-mêmes pour accomplir la volonté de Dieu dans les spontanéités de notre liberté : “Je ne suis pas venu abolir la Loi, disait Notre Seigneur, mais l’accomplir !“. Nous ne sommes plus des esclaves sous une Loi (qui révèle le “mystère d’iniquité“ - le péché - en nous), mais des êtres libres dans un régime de grâce !

Le P. Congard emploie une belle comparaison : Les lois divines à notre égard sont en gros, dit-il, les mêmes que nous découvrons dans l’évolution de la nature : il y a d’abord des êtres qui n’ont rien de solide (mollusques) ; puis arrivent les êtres qui ont un solide, mais à l’extérieur d’eux-mêmes (comme les escargots). Et au fur et à mesure que l’on avance dans l’évolution, le solide passe de l’extérieur à l’intérieur. Et on arrive aux vertébrés qui peuvent courir, danser, voler…, librement.

Spirituellement, n’ayons pas trop de présomption : nous pouvons nous croire vertébrés, alors que nous sommes encore des escargots ! Peut-être avons-nous encore besoin d’être des “chrétiens de l’Ancien Testament“, comme dit Pascal. Nous avons encore besoin d’une carapace extérieur qui prépare notre squelette intérieur pour que l’on puisse tenir librement debout avec le Christ ressuscité.

Les commandements alors deviennent simplement des aides pour jouer devant Dieu notre partition musicale dans les spontanéités de notre liberté de vie. Que voulez-vous, avant de chanter avec allégresse, joie et spontanéité vocale et cordiale, il faut bien apprendre les lois et les règlements du chant. Mais un jour vient où les règlements de musique deviennent en nous comme une seconde nature : c’est alors que nous pouvons chanter librement comme les anges dans le ciel, dit St Jean : “Hosanna au plus haut des cieux !“.

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