vendredi 25 mars 2011

Annonciation

Annonciation 2011

L'annonciation c'est la rencontre de deux libertés - celle de Dieu et celle de Marie -, deux libertés qui vont communier dans le même amour, deux libertés qui vont s'associer pour un mystère de fécondité incroyable ; car du jaillissement de ces deux “oui“ va naître un enfant qui sera saint et qui sera appelé Fils de Dieu.

Une réponse humaine à une Parole divine ! Et voilà que le Verbe se fait chair, il habite parmi nous ! Essayons de voir comment la liberté de Dieu va au devant de celle de Marie et comment nous pouvons pareillement exercer notre liberté.

C'est Dieu qui est toujours le premier. Il nous crée librement, par amour. En effet, quelle contrainte extérieure pourrait peser sur Lui ? Il décide lui-même de nous faire partager sa vie et de nous envoyer son Fils. Quelle grâce !


Au cours de l'histoire, dans les moments difficiles, comme à l'époque du roi Acaz qui tremble devant l'invasion étrangère, Dieu prend l'initiative d'intervenir. Ce n'est pas Acaz qui le prie, comme si la prière humaine était le point de départ, c'est Dieu qui lui dit par l'intermédiaire du prophète Isaïe : “Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu“. C'est Dieu qui demande de lui demander. Et comme il ne peut tout de même pas faire tout seul la demande et la réponse, il supplie le roi de lui répondre en lui demandant une faveur.


On dirait un père qui est prêt à donner, prêt à faire quelque chose, mais Il a besoin qu'on lui demande les cadeaux qu'Il propose. Et quel cadeau : un enfant appelé Emmanuel - “Dieu avec nous“ -, et qu'une mystérieuse jeune femme selon l’hébreu, une “Vierge“ selon les LXX et l’évangile, doit mettre au monde. Par-delà Ezéchias, ce petit prince, que la reine donnera comme fils à son époux Acaz et qui sera accueilli comme un “sauveur“ dans un temps de misère et d'oppression, Dieu vise à l'extrémité de cette famille royale le Don de son propre Fils, Sauveur du monde, né de la Vierge Marie. Saint Jean le dira : “Dieu a tant aimé le monde qu'Il lui a donné son Fils unique“. (Jn 3.16).


Tout est grâce, c'est-à-dire le fruit d'un amour divin libre et gratuit. C'est pourquoi l'ange Gabriel salue Marie du titre de “comblée de grâce“ et lui dit : “Tu as trouvé grâce auprès de Dieu“. C'est pourquoi Marie qui a conscience qu'elle ne peut se prévaloir d'aucun mérite chantera cette liberté de Dieu qui choisit les humbles et les petits : “Il s'est penché sur son humble servante... le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est son nom“.

Quand Dieu décide, qui pourrait lui résister ? Il dit et cela fut ! Il crée par sa Parole et toutes les créatures lui obéissent. Le prophète Baruch écrit : “Il envoie la lumière et elle part. Il la rappelle et elle obéit en tremblant. Les étoiles brillent à leur poste, joyeuses. S'il les appelle, elles répondent : nous voici ! Elles brillent avec joie pour leur Auteur“ (Bar. 3, 33-35). Mais avec l'homme Dieu vient frapper à la porte espérant humblement qu'on lui ouvrira. Dieu a foi en l'homme, il lui fait confiance. Il espère beaucoup de lui.


Remarquons avec quelle délicatesse il traite avec Marie. Il commence par la saluer, ce qui est une marque de profond respect. Il s'adresse à elle comme à une princesse de haut rang. Après avoir indiqué son désir, il permet une question, car il ne veut pas d'une obéissance absurde, servile. Marie a besoin d'un minimum d'éclaircissement pour donner un sens à son engagement qui semble aller à l'encontre d'un autre : “je suis vierge, je ne connais point d'homme“. On pourrait presque dire : je ne suis pas libre de donner ma parole, car je l'ai donnée à un Autre ; je n'appartiens à aucun homme, car je ne veux appartenir qu'à Dieu. Marie s'était libérée pour Dieu. Tel est le sens positif de ce projet de virginité.


Justement, répond le messager divin, c'est l'Esprit Saint qui te rendra féconde. Ton enfant ne naîtra pas “de la chair et du sang, de la volonté de l'homme“, mais de Dieu (Cf. Jn 1.13). “L'Esprit Saint viendra sur toi !“. Tu t'es libérée pour Dieu ; eh bien son Esprit va te remplir de sa présence ! Alors Marie, sans tout comprendre, en sait assez sur le dessein de Dieu. Elle n'a qu'une solution c'est de dire : “oui !“ ; car elle ne veut et donc ne peut s'opposer à la décision divine. “Tu concevras et tu enfanteras !“. Ce n'est pas une suggestion. C'est un ordre. Elle s'incline dans la foi, en pleine liberté. La Parole de Dieu qui venait du dehors, elle la reprend à son compte du dedans : “Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole“. Plus tard Jésus dira dans un sens universel : “celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là devient ma mère !“ (Mth 12.50).

Dieu et Marie dans leur dialogue fécond se présentent ainsi comme le modèle de notre liberté. Etre libre ce n'est pas choisir, mais re-choisir ce que Dieu a prévu pour nous. Comme Marie nous devons chercher ce que Dieu attend de nous : Seigneur que veux-tu de moi ? En quoi ce que tu me demandes de nouveau est-il compatible avec mes engagements anciens ?
La vraie liberté ce n'est pas l'indépendance mais la dépendance totale à l'égard de Dieu et des autres amoureusement acceptée. Voici la liberté de Marie, une liberté de relation, une alliance. Son “oui“ libre la met définitivement en liaison avec Jésus, le Fils de Dieu qui est lui-même Trait d'Union vivant et éternel entre son Père et leur Esprit commun.
Par Jésus le Médiateur unique, le “oui“ libre de Marie la met en relation avec tous les hommes sans exception. La voici liée, par sa maternité, avec l'humanité pour le meilleur et pour le pire, pour la vie et pour l'éternité.


Dans le Deutéronome Dieu place l'homme en face du choix fondamental : “Vois, je mets devant toi la vie et la mort, le bonheur ou le malheur“ (Cf Deut 30.15sv). L'ordre absolu de Dieu : “choisis la vie, choisis le bonheur !“. Et moi, je reprends cet ordre, librement, à mon compte ; et c'est désormais moi qui décide dans le sens même que Dieu m'a indiqué.


Certains m'accuseront d'être devenu esclave. Eh bien oui, je n'en rougis pas, esclave de Dieu, serviteur des autres, comme le dit saint Paul. C'est l'amour qui explique tout, c'est lui qui commande : “Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même“. Dieu relève l'esclave à genoux et lui déclare : Pour moi, tu n'es plus un esclave, mais tu es mon fils bien aimé, tu es devenu un homme libre.

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