lundi 21 mars 2011

St Benoît

St Benoît (anniversaire de sa mort)

Nous fêtons aujourd’hui le “transitus“ de notre Père St Benoît, autrement dit sa mort, ou -mieux - sa “naissance“ plénière en Dieu, son “passage“ (“transitus“) de ce monde au monde de Dieu. Ce “passage“ est survenu peu de temps après celui de sa sœur Scholastique avec laquelle il avait été contraint - par volonté divine - de s’entretenir, durant toute une nuit, se rassasiant, fait comprendre St Grégoire, des saintes paroles qu’ils se disaient l’un à l’autre sur la vie spirituelle,.

Trois jours plus tard, St Benoît vit l’âme de sa sœur monter au ciel sous le signe d’une colombe. On peut penser que cette “élévation“ de sa sœur vers le monde de Dieu attisa en lui son “désir du ciel“. Quelques quarante jours après - toujours selon St Grégoire -, par grâce divine, il connut et annonça à ses disciples le jour de son prochain trépas. Il ne lui restait plus que six jours à vivre, présagea-t-il. De fait, il fut alors saisi d’une forte fièvre qui le terrassa au bout d’une semaine…

N’ayant que peu de temps, je ne ferai qu’une réflexion : St Benoît était intensément et à tout instant habiter par le “désir de Dieu“ : Dès son prologue, il se demande et demande avec le psalmiste : “Seigneur qui habitera dans ta demeure et qui aura son repos sur ta montagne sainte ?“ (Ps. 14).

Notre Père St Benoît n’éprouvait pas tant (comme on l’a trop dit) la crainte de la mort, la crainte des jugements de Dieu que le désir de l’éternité, la soif ardente de voir Dieu, de voir Celui qui nous voit sans cesse, et d’être avec lui pour toujours (comme l’éprouvait St Paul : cf. Ph. 1.25 sv : “J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ… Mourir m’est un gain !“). En ce sens, la mort n’a rien d’effrayant, surtout pas pour un moine, une moniale. Le “transitus“ (le “passage“) sera la vraie communion, la vraie profession solennelle, le vrai commencement de toutes choses. Et pour certains, à la suite de St Paul, à la suite de St Benoît, quand la toile de la vie commence à s’user, il est bien légitime de demander au Seigneur de la déchirer tout à fait !

Le désir de Dieu ! “Je veux voir Dieu !“, demandait Thomas d’Aquin, encore enfant. Le désir de Dieu ! Je me permets pour finir de vous renvoyer au très beau discours de notre pape, lors de sa dernière visite à Paris, aux “Bernardins“. Il faut reconnaître, disait le pape, que la volonté des moines, à la suite de St Benoît, n’était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé, n’était pas d’ordre culturel. Leur méditation, leur objectif était de “chercher Dieu“ - “quaerere Deum“ -. Leur être était tendu vers l’“eschatologie“, non pas au sens chronologique du mot, mais au sens existentiel : derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif. Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles.

Et cette recherche était fondée sur la “Parole de Dieu“ qui nous introduit à un dialogue avec lui. St Grégoire le Grand, l’auteur de la “Vie de St Benoît“, ajoutait-il, décrit cela comme une douleur forte et inattendue qui secoue notre âme somnolente et nous réveille toujours pour nous rendre attentifs à la réalité essentielle, à Dieu ; et de ce fait, attentifs les uns aux autres…

Que notre vie, que notre louange à Dieu elle-même puissent exprimer le plus possible ce “Désir de Dieu“ ! Et le pape de noter après St Bernard : que notre louange exprime toute notre vie. Ce grand saint de la vie monastique, exigeant parfois, qualifiait la cacophonie d’un chant mal exécuté comme une chute dans la “regio dissimilitudinis“, dans la “région de la dissimilitude“, de la dissemblance, dans la région de l’éloignement de Dieu ! Que St Benoît nous aide à faire de notre vie une louange parfaite à la gloire de Dieu !

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