jeudi 17 mars 2011

Confiance !

Carême 1. Jeudi - Foi ! (Esther)

Aujourd’hui, me semble-t-il, en ce Prieuré “La Paix Notre Dame“, je ne peux pas me taire - même si cela m’arrivera fatalement, car, croyez bien que je n’ai pas la science infuse et de surcroît immédiate -. Mais je ne peux pas ne pas parler de ce livre d’Esther dont nous avons entendu un passage, même si le personnage historique d’Esther est pour le moins problématique. D’autant qu’en ce livre sont évoqués un certain nombre de banquets, de repas (1), et principalement le dernier banquet qui est un repas salutaire que prépare Esther au bénéfice de son peuple. Et il n’est pas inconvenant, me semble-t-il, de le considérer comme une annonce du “dernier repas du Seigneur“, un repas de salut “pour la multitude“, ce que réactualise toute Eucharistie.

C’est cela “faire mémoire“ ! “Faire mémoire, ce n’est pas se souvenir avec plus ou moins de nostalgie d’un événement même important, c’est prendre dans le passé ce qu’il contient d’avenir ; c’est, en quelque sorte abolir les limites du temps et de l’espace pour constater la présence de Dieu de l’alpha à l’oméga de l’histoire, présence manifestée de bien des manières qui, toutes, se focalisent, si je puis dire, se “récapitulent“ en Jésus, Fils de Dieu fait homme ! Nous n’en prenons pas suffisamment conscience : mais en “faisant mémoire“ principalement par les signes (les sacrements) que le Christ nous a laissés de sa présence toujours active et efficiente du salut qu’il nous a apportée, nous entrons déjà dans l’éternité de Dieu !

Oui, sans doute, le banquet que prépare Esther pour le salut de son peuple est une annonce du “repas du Seigneur“ en vue du “banquet dans le Royaume de Dieu“ (Cf. Lc 14.15). Et il me faut ajouter : si le sacrement (par ex. : l’Eucharistie) est un signe que le Christ nous a donné, et un signe qui réalise ce qu’il signifie, il n’est pas interdit - au contraire - de faire de telle ou telle activité un “sacramental“. Un “sacramental“, c’est un signe que l’homme, le priant, pose lui-même, avec sollicitude, comme un réceptacle ouvert à la présence divine. En ce sens, préparer un repas pour sa famille, pour ses frères et sœurs, peut être un “sacramental“ appelant la présence du Christ pour marcher, avec des forces renouvelées, vers le banquet auquel Dieu nous convie en son Royaume ! C’est alors que tout repas peut acquérir invisiblement une saveur supérieur à n’importe quel met préparé, alors même que la sauce - cela peut arriver, mais rarement - a été ratée ! Je n’en dis pas plus de peur de m’égarer dans l’art culinaire, sauf pour signaler que toute activité peut revêtir cette valeur “sacramentale“. Infirmier, sacristain et que sais-je encore !

L’histoire d’Esther est simple, même si la rédaction de ce livre est compliquée (deux traditions : hébraïque et hellénique).

Les Juifs sont en exil ! Mais Esther, belle jeune fille, a plu au roi… Elle devient sa “préférée“. Elle devient reine ! Cependant, le premier ministre, en quelque sorte, très puissant, cherche l’anéantissement du peuple juif !
Esther est donc dans une situation difficile et douloureuse : comment, sans déplaire au roi, lui révéler ce que trame son premier ministre qu’il estime, afin de “sauver“ ses frères de race ?

Esther n’a qu’un recours : Dieu ! Elle prie Dieu avec une magnifique confiance. Et cette prière d’Esther doit être la nôtre lorsque nous traversons - et cela arrive - des moments très difficiles face à des épreuves intérieures ou extérieures : tout semble s’écrouler en nous-mêmes ou autour de nous ! Loin de se révolter ou simplement de “demander des comptes à Dieu“, de le mettre en devoir de résoudre le problème, Esther manifeste sa foi, son inaltérable confiance en Dieu : le Seigneur ne peut rejeter son peuple !

Tous les saints ont témoigné de cette confiance en Dieu au milieu des tempêtes de la vie. Le “Malin“ est assez rusé et trompeur pour que nos diverses souffrances deviennent obligatoirement des objections à la foi en Dieu. Thérèse de Lisieux, à la fin de sa vie, Mère Térésa furent ainsi tentées

“Espérer contre toute espérance“, comme disait l’Apôtre Paul. Telle fut l’attitude d’Esther en sa prière. St Paul parle dans l’une de ses lettres d’un problème très sérieux et très douloureux qu’il devait affronter en permanence. “Trois fois (c’est-à-dire de nombreuses fois), dit-il, j’ai demandé au Seigneur de m’en libérer“. Et le Seigneur lui répondit : “Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse (la faiblesse de tout homme !). Aussi mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort“ (2 Co. 12.7sv).

Voilà le message d’Esther, de Paul et de tous les saints : la confiance en Dieu, malgré les apparences humaines contradictoires ! St Pierre exhortait les premiers chrétiens à avoir confiance en Dieu dans les persécutions elles-mêmes : “Décharchez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il s’occupe de vous“ (I Pier. 5.7).

Dieu prend soin de nous quoi qu’il arrive ! La confiance ! “La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde…“, disait Jésus. Esther nous donne cet exemple de la foi !

(1) “Marie-Esther“ est le nom d’une Religieuse de “La Paix Notre-Dame“ ; et l’une de ses fonctions est de préparer les repas !

Aucun commentaire: