mercredi 9 mars 2011

Le désert

Mercredi des Cendres. – Le Désert !



Le Carême : une période de quarante jours !
A l’exemple du Christ : “Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et il était dans le désert, conduit par l’Esprit pendant quarante jours(Lc 4.1).

Bien sûr, le chiffre “quarante“ est symbolique, à géométrie variable : il évoque une période assez longue dont on ne connaît pas la durée exacte :
- il évoque la période de purification du déluge (Cf. Gn. 7.4).
- la période que Moïse passa sur la montagne du Sinaï pour conclure une alliance sainte avec Dieu (Ex. 24.18 - Dt. 9.9,18).
- Ce chiffre reprend celui des quarante années qu’Israël passa dans le désert (Nb. 14.34).
- Il évoque encore les quarante jours de marche d’Elie vers l’Horeb (I Rois 19.8).
Et plus probablement, quarante années, pour les Anciens, c’est la période de toute une génération…, de toute une vie pendant laquelle nous sommes invités à nous préparer à “voir Celui qui nous voit sans cesse !“

Ainsi, de même, nous sommes invités et même “poussés“ par l’Esprit au désert pour mieux nous retrouver sous le regard de Dieu. Le désert, c’est toujours le lieu où l’on désire retrouver Dieu mille fois mieux qu’au milieu des distractions du monde pour celles et ceux qui y sont facilement plongés, le lieu où l’on veut retrouver avec plus de vigueur la direction de notre consécration baptismale, religieuse, sacerdotale…. Il est bon de nous retrouver nous-mêmes sous le regard du Seigneur en toute loyauté! “Seigneur, rends-moi la joie d’être sauvé… Que ton Esprit me soutienne… Que ma bouche proclame ta louange…“ (Ps 50)

Nous sommes invités ; nous sommes “poussés“ par l’Esprit… ! A nous de répondre ! Dieu ne veut pas abolir notre liberté qu’il a lui-même créée et dont il est plus jaloux que nous ! Il nous invite au désert pour retrouver au contraire une liberté bien souvent entravée par nos diverses convoitises - grandes ou petites, peu importe -, pour retrouver cette limpidité du regard qui vient de la pureté du cœur, qui aspire alors à tout unifier, à tout recentrer dans l’amour de Dieu et dans l’amour de nos frères ! Si on obéit à cette sollicitation, c’est pour expérimenter cette parole de David : “Tu aimes, Seigneur, la vérité au fond de l’être“ !

Et nous sommes “poussés“ au désert pour mieux prendre conscience encore de l’amour de Dieu à notre égard - un amour fou -, un amour manifesté par la croix du Christ. Le prophète Osée présente Dieu comme un époux jaloux, éperdument amoureux : Il nous considère comme son “épouse“ ; et il ne se résigne pas à ce que nous perdions le bonheur que Lui seul peut nous donner : “C’est pourquoi, je vais la séduire ; je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur“ (Os 2.16).

Il y a, en hébreu, un jeu de mots bien connu et significatif : “au désert, je parlerai !“ (“midbar dibarti“) : C’est le désert qui est le lieu idéal pour écouter la voix de Dieu. La Parole de Dieu ne résonne pas toujours dans les éclairs et le tonnerre comme au temps de Moïse, encore moins dans les lieux aux milles distractions… comme l’Egypte (le monde !). La voix de Dieu se fait davantage entendre, comme au temps du prophète Elie, dans un “souffle doux et léger“, dans (m. à m.) “une poussière de silence“. Oui, le silence du désert est nécessaire pour discerner la voix du Seigneur. A chacun de trouver ce désert où l’Esprit nous pousse à entrer.

Dans cette phrase d’Osée, il y a même un mot très impressionnant : “Je vais la séduire !“ Dieu veut nous séduire ! Et le verbe, dans la Bible - que nul n’en soit choqué ! - est employé quand on parle d’une jeune fille qui a été entraînée à l’écart pour abuser d’elle… C’est ce même verbe qui est ainsi employé, par exemple, dans l’histoire de Dalila que les Philistins chargent de “séduire“ Samson pour le dépouiller de sa force. Ce verbe “séduire“ est encore employé quand Dieu s’en prend à un prophète qui renâcle devant la mission dont il a été chargé !
Tu m'as séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire ; tu m'as maîtrisé, tu as été le plus fort. … Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom ; mais c'était en mon cœur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à le contenir, mais je n'ai pas pu“. Tu m’as séduit, Seigneur !. (Jer. 20.7-9)

Ainsi - ne nous en étonnons pas ! - l’amour que Dieu a pour nous emploie parfois la manière forte ! “Si tu savais le don de Dieu !“.

Aujourd’hui, laissons-nous conduire au désert. Quelle que soit la méthode employée par Dieu, c’est celle qui convient le mieux, car c’est lui qui nous connaît et nous aime le plus ! Il sait comment s’y prendre envers chacun de nous sans nous tenter au-dessus de nos forces. Sachons-nous nous abandonner à sa Providence aimante et miséricordieuse !

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