mercredi 24 avril 2019

Absence - Présence


Je serai absent de ma « Diaspora » du 28 avril au 13 mai.
Depuis longtemps quelques personnes (7) envisageaient un pèlerinage en « Terre Sainte » (Israël). J'ai été sollicité à les accompagner.
Croyez que tous les "lecteurs" de ma « Diaspora » seront présents et dans ma pensée et dans ma prière.
Comme préambule à ce pèlerinage, j'ai écrit une petite réflexion dont je vous fais part. Elle vous permettra d'être présents à notre pèlerinage, je veux dire à notre "pèlerinage de vie," nous qui sommes des pèlerins vers Dieu.
Bien amicalement.

Pèlerinage –   "πρὸς θεόν"   - "ἐξηγήσατο"

Au nom du Père…
Notre pèlerinage : une retraite …
Venez à l'écart
A l'écart du monde, de nos préoccupations habituelles…
Pour être… : deux expressions pourraient caractériser notre pèlerinage : - "pros théon" – "πρὸς θεόν"  
-  "exègèsato" – "ἐξηγήσατο"  (d'où vient le mot éxègèse)
1.          
1.     "πρὸς θεόν" 
St Jean écrit au début de son évangile : "Au commencement était le Verbe  et le Verbe était avec Dieu..." - πρὸς θεόν  .
Et à la fin de son évangile (il fait une "inclusion littéraire") :  Jésus dit :"Je monte vers mon Père et votre Père"   - πρὸς θεόν.

Le πρὸς  (avec accusatif) marque le contraire d'un simple état de vie = "être avec", mais un mouvement, un "élan vers". Il faudrait traduire St Jean : : "Au commencement était le Verbe  et le Verbe était en élan vers  Dieu..."
"imaginez un oiseau qui ne serait que vol…" (Maurice Zundel (1897-1975)   (Théologie de la "relation")


Et bien, mon souhait :  Que notre pèlerinage soit comme un élan vers Dieu, par la prière, certes ; mais aussi par l'écoute de la Parole de Dieu, par l'union entre nous…  … Pour que notre vie chrétienne soit comme un élan vers Dieu,  malgré nos fragilités, nos erreurs, un élan qui entraîne un élan vers nos frères…  C'est la caractéristique de l'amour, de la charité qui est la Vie même de Dieu…

2. "ἐξηγήσατο" :  On traduit : Jésus nous a fait connaître Dieu-Père. Ce verbe marque beaucoup plus le fait d'une connaissance intellectuelle. Le sens primitif du verbe est "conduire" : Jésus nous conduit vers le Père !
Le Christ désire que nous le suivions (que nous pérégrinions) pour être conduit au Père ! Nous laisser conduire par Jésus ! Il est certain que Jésus passe dans nos vies pour nous appeler à le suivre vers Dieu-Père.

A ce sujet, St Jean fait encore une inclusion littéraire qui est intéressante à remarquer :
Au début su ministère de Jésus, deux disciples voient Jésus passer ; Et ils le suivent. Alors, Jésus se retourne et demande : "Que cherchez-vous ?" (grande question de vie!). "Maître, demandent-ils alors, où demeures –tu ?".
Et à la fin de l'évangile, le Ressuscité demande à Marie de Magdala qui est près du tombeau : "Qui cherches-tu ?". Jésus veut nous prendre dans notre recherche, pour nous conduire au Père !

De sorte qu'après notre pèlerinage, nous puissions dire comme St Jean :
"Ce que nous avons entendu, vu, contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie..  nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous.
Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. ".

Et la prière de Jésus à son Père était  : "qu’ils soient un comme nous sommes un",
Évidemment, nous sommes ici devant le mystère de la Sainte Trinité… !  Devant le mystère de Dieu-Amour (charité)  (Et c’est cette charité (amour) que décrit St Paul  (1 Co 12-13) : "la charité sans quoi tout n’est rien" et qui transfigure l’existence.

samedi 20 avril 2019

Joyeuses et saintes fêtes de PÂQUES

"Le Christ est ressuscité ! Ou, il est vraiment ressuscité" !                      Pâques  2019/C –


A des jeunes qui, d'emblée, m'affirmaient pour appuyer leur demande de mariage à l'église :  "Vous savez, nous sommes quand même croyants !", il m'arrivait de rétorquer un peu brutalement et avec humour : "Vous croyez vraiment que Jésus-Christ est ressuscité, est toujours vivant ?".

Naturellement, la question étonnait ;  aussi, je m'empressais d'ajouter : "Que voulez-vous, notre foi contient en son cœur cette affirmation irréductible de cet événement inouï : "Le Christ est mort et est ressuscité pour nous !".
Lors de la toute première prédication chrétienne, au matin de la Pentecôte, Pierre n'a pas repris le premier discours de Jésus, les Béatitudes; il n'a pas dit : "Bienheureux les pauvres, ceux qui souffrent" … ; il n'a pas énuméré les règles élémentaires d'une morale nouvelle ; il n'a pas imposé les conditions de l'entrée dans la Communauté des Chrétiens. Il a simplement affirmé : "Le Christ est vivant, nous l'avons vu !".
             
Et si nous ouvrons les Evangiles qui donnent des récits assez différents sur les événements du matin de Pâques, tous les quatre, cependant, aboutissent à la même affirmation : "«Le Christ est vivant, le Christ est ressuscité !"
             
Rappelez-vous ! D'abord, ce sont des femmes qui trouvent le tombeau vide; des êtres mystérieux leur affirment : "Allez annoncer que le Christ est ressuscité !". Mais les Apôtres, eux resteront d'abord incrédules : "Ce ne sont là que rêveries de femmes !"
             
Cependant, Marie-Madeleine est demeurée devant le tombeau vide. Elle ne croyait pas encore ; elle pleurait, abîmée dans sa douleur. Elle avait vu le Christ mort, elle savait bien que ce n'était pas un mort endormi paisiblement mais un corps torturé, flagellé, vidé de son sang. Alors, pour elle, c'était bien fini. Or voici que Jésus lui parle ; elle ne le reconnaît que lorsqu'il l'appelle : "Marie!".. Elle se lance vers lui. Mais ce n'est plus l'heure : "Va dire à mes frères que je les attends en Galilée",, demande Jésus.
             
Ensuite, il y a le constat officiel, si je puis dire,  réalisé par Pierre et Jean. Là, il y a la première foi en la résurrection, celle de Jean :  "l vit et il crut".  Mais il ne dit rien ! Il vit  une chose, commente St Augustin, il vit les langes de l'ensevelissement, et il crut autre chose : la résurrection du Christ.
             
Puis, c'est au tour des disciples d'Emmaüs ;  pour eux aussi tout était perdu, tout était fini  ! "Ils marchaient, mornes !" Mais voici que Jésus vient à eux, les éclaire, puis partage le pain. Alors ils le reconnaissent; mais déjà il n'est plus là. Ils courent à Jérusalem où on leur dit : "Le Christ est ressuscité, il est apparu à Simon-Pierre".
             
A ces disciples réunis, Jésus apparaît à nouveau et leur dit  :  "Donnez-moi à manger" ;  et il leur partage à nouveau son amitié.
             
Huit jours après, c'est la célèbre apparition à Thomas. Les Pères de l'Eglise disaient que l'incrédulité de St Thomas était plus précieuse pour les chrétiens que la foi quasi immédiate de St Jean, car, après tout, en chacun de nous, il y a un peu un Thomas qui dit  :  "cela n'est pas possible". Mais ce Thomas arrive à croire : "Mon Seigneur et mon Dieu !"
             
Plus tard encore, les disciples dans leur barque en train de pécher ne reconnaissent pas immédiatement Jésus. St Jean finit par dire :  "C'est le Seigneur !"

Cette lenteur à reconnaître la présence de Jésus vivant au milieu de nous, n'est-elle pas fréquente ? Elle est en moi, en vous-mêmes, comme en mes fiancés de tout à l'heure. Tant de choses surviennent dans la vie de l'Eglise et du monde …. Pourtant nous continuons à nous activer, comme les disciples dans la barque de l'Eglise, sans comprendre qu'il est là, tout près, mais aussi ailleurs, sur le rivage; et nous nous élançons vers lui ; mais comme Pierre marchant sur les eaux, il nous arrive de douter et de nous enfoncer.

Parfois, pourtant, nous nous jetons littéralement sur Jésus ; mais, il nous dit alors, comme à Marie-Madeleine : "ne me touche pas !" Faut-il comprendre que nous ne pourrons jamais toucher Jésus tant que nous ne serons pas, nous aussi, remontés vers son Père et notre Père ? - Nous voudrions prouver l'existence de Dieu. Nous voudrions pouvoir dire, nous aussi, comme le converti  A. Frossard  :  " Dieu existe, je l'ai rencontré !". A certains moments de notre existence, nous avons peut-être eu cette évidence de sa présence dans notre vie, dans notre prière. Mais à d'autres moments, comme Marie Madeleine, nous l'avons vu s'éloigner. Nous sommes entrés dans la nuit. Il ne nous est resté que le doute, l'incapacité de savoir si, dans ces moments de ferveur, nous l'avons entrevu ou si c'était une illusion.
             
La tentation de tout croyant est de refuser de vivre dans l'incertitude ; on voudrait des preuves irréfutables. On voudrait pouvoir dire : "Il est ici, il est là". Jésus pourtant nous avait mis en garde : "Si donc, on vous dit : "Le voici dans le désert, ne vous y rendez pas. Le voici dans les lieux retirés, n'allez pas le croire" (Mt 24/ 26). Nous voudrions tenir en nos mains une preuve tangible, nous voudrions des certitudes absolues. Mais rien de cela ne nous est donné à Pâques. Comme les disciples d'Emmaüs qui, l'ayant entrevu furtivement, sont repartis dans la nuit noire, nous poursuivons notre cheminement sans savoir avec certitude où le rencontrer.
             
Cependant Jésus nous a donné une indication pour le rencontrer : "Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez comme il vous l'a dit". La Galilée, au temps de Jésus, était le symbole des nations païennes que les Juifs méprisaient. C'est en Galilée que Jésus avait passé la plus grande partie de sa vie publique, apostolique. Autrement dit, la foi, cette rencontre personnelle avec Jésus, ne peut se faire que là où il n'est pas encore, afin de susciter de plus en plus sa présence. La foi, ce n'est pas affirmer : "je crois que Jésus est ressuscité", comme on dit : "je crois que deux et deux font quatre", et rester béatement dans cette certitude. Croire, c'est savoir qu'avec le Christ la vie est bouleversée pour trouver, retrouver un sens, un sens divin. Et cela n'est pas facile ni pour moi, ni pour vous. La foi est une victoire qui triomphe du monde, du péché qui existe à l'intérieur de nous-mêmes et autour de nous. Voilà notre Galilée où nous avons chance de rencontrer le Christ puisque lui-même est sorti victorieux de ce monde-là. La Galilée, c'est notre vie de tous les jours, avec sa parenté, ses collègues de travail ou de loisir. Allez en votre Galilée avec le désir ardent de rencontrer le Christ toujours vivant. Et vous le trouverez !
             
Aussi, aux fiancés de tout-à-l' heure, je pouvais dire : orientez votre amour mutuel vers Dieu ; purifiez-le de tout égoïsme ; qu'il soit un don de vous-mêmes sans cesse renouvelé ; et je suis sûr que vous pourrez dire avec force, vous aussi : "Le Christ est ressuscité; il nous est apparu en Galilée", en notre vie".

mardi 16 avril 2019

Rameaux


Rameaux 2019

Au seuil de l'église :
Avec les chrétiens du monde entier, aujourd'hui et durant cette semaine - la "semaine sainte"  -, nous allons contempler le Christ, le regarder souffrir…, et mourir d'une façon atroce.    

Et dans le même temps, nous pouvons regarder :
 - notre terre que les hommes épuisent,
- les nations de notre monde qui se déchirent et s'entretuent,
- certains lieux de travail…, de vie qui disparaissent.
- Pensons surtout à tous ceux qui souffrent dans leur corps, leur esprit, leur cœur… leur âme…
- et nous pouvons encore discerner les signes de mort en notre propre vie, ces signes que sont la maladie, l'accident, et simplement le vieillissement.
Et en tout cela, en tous ces souffrants que nous rencontrons, en notre propre faiblesse, délabrement, mais c'est le Christ souffrant, mourant que nous retrouvons.
Oui, le Christ a souffert, et il est mort !
Il souffre toujours  en nos frères ; en eux, il meurt !

Et alors ?…  C'est alors que chaque chrétien doit proclamer en toutes circonstances, et en regardant le Christ : "Dieu a les issues de la mort !", comme le chantent plusieurs psaumes !

Certes, Jésus lui-même sur la croix  poussera ce cri : "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?". Mais ce cri n'est que le début d'un psaume qui précisera : Dieu lui a répondu : ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent. La vie est à eux,  pour toujours.
Et le Christ est ressuscité !
Et le Christ ressuscite toujours, et aujourd'hui même…
Voilà ce que notre espérance nous invite à proclamer, ce dont nous devons témoigner.
L'espérance, disait le pape François, est comme l'attente d'un enfantement : une naissance plénière à la vie divine en nous.
Aussi St Paul avait raison de s'exclamer : "O mort, où est ta victoire de ?".

C'est cette espérance que le chrétien doit proclamer :
et en notre monde qui semble s'anéantir lui-même,
et en ces nombreux pays de larmes,
et en notre Eglise aux membres parfois si pécheurs
et en nos propres vies…

Oui, le Christ est mort. Mais il est ressuscité. Il ressuscite toujours. Il est près de nous, vivant pour toujours nous donner la vie…

Acclamons-le comme il fut acclamé par les foules de Jérusalem qui annonçait l'Eglise, cette Eglise que nous formons et qui annonce elle-même la grande Assemblée du ciel qui chante son Seigneur.

Homélie :

En écoutant la passion selon St Luc, nous sommes invités à mettre nos pas dans ceux de Jésus, lui l'"Innocent" injustement condamné.

Au long de son Evangile, Luc avait mis en relief la tendresse, la miséricorde de Jésus, venu chercher et trouver ceux qui étaient perdu.

Dans le récit de la passion, la tendresse et la miséricorde de Jésus sont plus fortes que toutes les forces du mal qui s'abattent sur lui.

Lorsqu'au Mont des Oliviers, Jésus ressent une terrible angoisse devant le mal du monde - sa transpiration en devient comme des gouttes de sang - il se ressaisit ; juste assez pour faire encore un pas, celui de la confiance.

Alors, il entre dans l'offensive contre les ténèbres. • C'est ainsi que Jésus se lève et accueille avec délicatesse Judas : "C'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme ?"
• C'est ainsi que le cœur de Pierre - qui vient de le renier - est retourné par le regard aimant de Jésus. "Il sortit et pleura amèrement".
• C'est ainsi que Jésus prie pour ses bourreaux : "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font".
• C'est ainsi que le bon larron, bouleversé par son attitude, s'entend répondre à sa prière : "Aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis."

Jésus entre dans nos situations infernales pour nous en sortir. Avec Jésus, il devient possible d'aimer, de croire, d'espérer malgré tout, car il a brisé le cercle de la haine, de la vengeance, du désespoir. Il n'y a qu'une réponse au mal du monde : l'excès d'amour.
En Jésus, c'est l'amour seul qui est tout puissant, un amour si grand, si beau, qu'il vaincra la mort elle-même, ce mal qui semble tout anéantir.

Aujourd'hui, nous ressentons une montée de la violence. La Passion de Jésus est un appel poignant à vaincre la violence par la passion de la paix, de l'amour. Grâce au Christ, nous croyons que la bonté est plus importante que le mal le plus profond. En écoutons le Christ implorer le Père pour nous : "Père, pardonne-leur". Devenons à notre tour acteurs de réconciliation.

"Seigneur, priait le pape François, tu es plein de miséricorde pour toute personne de toute culture et de toute nation.
Dans ta miséricorde, tu ne vois pas d'abord nos limites, nos difficultés, nos refus. Mais tu crois en notre capacité d'aimer, et de nous découvrir frères et sœurs.
Façonne-nous par ta miséricorde et ta tendresse.
Aide-nous à dépasser nos peurs, et nos refus de nous ouvrir à l'autre.
Apprends-nous à nous laisser toucher par la vie de nos frères et sœurs.
Ouvre nos cœurs pour aimer.
Ouvre nos mains pour construire des ponts, et non pas des murs.
Ouvre notre intelligence pour inventer le monde de demain : un monde où chacun trouvera sa place : un toit, du pain, un travail, (et surtout) un geste de fraternité à partager, un mot d'espérance à échanger en reflet de toi-même  qui es amour et miséricorde !