samedi 15 juin 2019

Dieu-Amour

 Trinité 19/C

De tous les mystères de notre foi, celui de la Trinité est, sans doute, celui qui nous apparaît comme le plus difficile à saisir.
Aussi, la plupart des chrétiens font-ils ordinairement peu de place, dans leur vie spirituelle, à ce mystère de la Trinité : beaucoup désirent, bien sûr, une relation personnelle avec le Christ, en tant que tel, mais souvent sans référence explicite et consciente avec Dieu, Père et Esprit-Saint.
     
Pourtant, si nous lisions l'Évangile… ! Si nous lisions l'Évangile, nous verrions d'abord que le Christ est toute référence à Celui qu'il appelle son Père :
- Il se présente comme l'envoyé du Père, son messager.
- Il ne dit aux hommes que ce dont le Père l'a chargé.
- Il ne fait, dans le monde, que ce que le Père lui montre à faire constamment.
- Il ne possède que ce que le Père lui donne.
- Bref, il n'est que relation au Père : "Personne n'a jamais vu Dieu, mais le Fils unique qui est dans le sein du Père nous l'a fait connaître"(1.18), dit St Jean. En effet, ce Fils unique, le Christ, est venu prolonger dans une humanité qu'il avait assumée, la relation éternelle qui le faisait toute référence au Père au cœur de la Trinité bienheureuse.

De plus, voici qu'avant de quitter les siens, le Christ annonce la venue d'une autre Personne divine, plus mystérieuse mais non moins réelle, invisible  mais singulièrement agissante.
Cette troisième Personne n'a pas de nom propre; si je puis dire. Mais comme Dieu est "Esprit", et comme Dieu est "Saint", le nom d'"Esprit Saint" désigne cette troisième Personne divine. Ce nom est donc constitué de des deux attributs - "Esprit " et "Saint" - qui sont communs aux Personnes divines.

Son rôle sera et est toujours d'être conseiller, avocat, défenseur.  
Et les événements de la Pentecôte, ainsi que ceux de toute l'histoire de l'Eglise justifient avec éclat, ces qualificatifs puisque seul il réussira ce que le Christ lui-même n'avait pu réaliser. Nous l'avons vu Dimanche dernier :
Lui seul transforme les Apôtres peureux en missionnaires hardis. Sans intelligence, ils deviennent, par Lui, des hommes pénétrés de la vérité toute entière.
Il leur donne cet amour divin capable de les lancer jusqu'aux extrémités de la terre pour qu'ils annoncent l'Amour de Dieu pour tout homme! Et, depuis lors, c'est Lui qui est le Principe agissant et unificateur dans l'Eglise.          

Telle est - en raccourci - la révélation du mystère de la Sainte Trinité à travers les Évangiles - si nous lisons l'Évangile  -  et à travers toute l'histoire de l'Eglise - si nous lisons l'histoire des Saints -.
Et le dogme de la Sainte Trinité tel que nous le connaissons -  "Un seul Dieu en trois Personnes" - ne fait que systématiser, dans le cadre d'une philosophie, cette révélation d'un Dieu "Un et trois".

Le Credo que nous récitons, issu de deux grands conciles des premiers siècles (325-381) est comme la décantation d'une re­cherche intellectuelle sur la base de ces données révé­lées par les écrits bibliques. Et nous n'aurons jamais trop d'attachement et de dé­votion pour ce Credo qui nous rappelle très opportuné­ment que la foi ne s'invente pas et que son contenu se reçoit par voie de Tradition, c'est-à-dire de transmission.
             
Mais il faut bien l'avouer : les expressions utilisées dans notre Credo paraissent aujourd'hui très étrangères à notre culture moderne. Parce que, peut-être, la métaphysique que nos anciens maniait avec tant de facilité s'est effacé devant la psychologie et toutes les diverses sciences actuelles, nous entrons plus difficilement dans cette pensée ancienne qui a élaboré notre "Credo".
             
Cependant, sans renoncer à comprendre ce que nos ancêtres chrétiens voulaient ainsi exprimer de leur foi, cultivons également ce que la pensée moderne nous fait de plus en plus découvrir. Elle aussi peut nous conduire à Dieu-Trinité.

Ainsi, par exemple, notre époque a pris conscience de façon plus vive que la personne en tant que telle ne se réalise qu'en s'ouvrant à l'autre, que le plus grand désir de l'homme et sa plus grande joie, c'est de connaître et d'être reconnu, d'aimer et d'être aimé, d'échanger et de communier. Une personne, dit-on, ne peut se réaliser que dans sa relation à l'autre". "Nul n'est une île", a-t-on dit.  "Nul ne vit pour soi-même", disait déjà St Paul (Rm 14.7). Et, en le constatant vitalement, reconnaissons que nous portons au plus profond de nous-mêmes, par notre désir de l'autre, une sorte de parenté avec le mystère de Dieu-Trinité, d'un Dieu qui ne peut être enfermé, solitairement, sur lui-même.

Nous sommes peut-être plus aptes à comprendre et à admettre que Dieu ne peut être un célibataire éternel. Non, Dieu ne peut être le Dieu d'Aristote qui se définit par la pure contemplation de son Etre parfait, par une autosuffisance de soi-même. Oui, "Dieu est Amour". Or, il n'y a d'amour véritable que pour quelqu'un d'autre - l'égoïsme, malheureusement si répandu ne pouvant être vraiment l'amour -, ce qui pos­tule d'emblée au moins une dualité.

De plus, nous le savons bien par l'expérience de chaque jour : beaucoup d'égoïsme peut subsister dans l'exercice de l'amour ;  et pourtant, la nature elle-même, telle que Dieu-Trinité l'a voulue, tend à faire surgir de deux êtres qui s'aiment,  même de façon imparfaite,  un troisième être ; et l'amour de l'homme et de la femme culmine et s'épanouit dans l'apparition de l'enfant.

On peut même ajouter que lorsqu'un être aime vraiment un autre être, il y a amour ;  mais cet amour n'est pas encore par­fait, si je puis dire, parce qu'il risque toujours d'être trop exclusif. Mais quand deux êtres en aiment un troisième et que chacun de ces trois accepte et désire ardemment que l'un d'eux soit aimé autant que lui-même, alors il y a partage de l'amour. Et c'est bien en cela que réside la perfection de l'amour dont le mystère trinitaire nous donne l'idéal.

Oui, l'importance mise aujourd'hui sur le partage, la communication, l'amour véritable, peuvent peut-être - alors même que nous vivons parfois très mal ces réalités - nous faire mieux saisir la vie de Dieu-Trinité, nous faire mieux comprendre qui est notre Dieu "Un en trois Personnes".

Sans doute, pour nous, la relation avec un autre, les autres est-elle souvent sujet de déchirement, de frustration, de recherche anxieuse et rarement de pléni­tude parfaitement durable. Mais si douloureuses et fugi­tives que soient parfois nos expériences, nous savons bien que c'est en cette direction que se trouve le bonheur. Et nos expériences malheureuses elles-mêmes peuvent être une approche en creux, une expérience par contraste, de ce qu'est la vie même de Dieu à laquelle nous sommes appe­lés à participer pleinement un jour.
             
Et malgré nos expériences décevantes, la fête de Dieu-Trinité nous propose cette harmonie comme un idéal. Et nous pouvons nous approcher de cette réalité à proportion de notre ouverture à Dieu, au Christ, Dieu fait homme. Lui seul  veut nous transmettre cet amour di­vin, un amour tellement insoupçonné des hommes que les auteurs du Nouveau Testament ont dû lui donner ce nom original et intraduisible '"Agapè".

N'est-ce pas ce que Jésus demanda pour nous dans sa prière ultime : "Qu'ils soient un comme Toi Père et moi, nous sommes Un ; Toi en moi, et Moi en eux, afin qu'ils parviennent à l'unité parfaite". Puissions-nous approcher de ce mystère que nous célébrons aujourd'hui, grâce à l'Esprit-Saint que nous fêtions dimanche dernier : "Quand il viendra, Lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera, disait Notre Seigneur, vers la vérité toute entière", cette vérité d'un Dieu-Amour  - Un -en-trois-Personnes -.

dimanche 9 juin 2019

L'Esprit Saint !


Pentecôte 2019     

Il faut en convenir, on parle rarement, très rarement de l'Esprit-Saint entre chrétiens.
Et si on en parle parfois, surtout en cette proche période des examens scolaires, universitaires par exemple, on laisse supposer que le Saint-Esprit est censé souffler la bonne réponse au candidat d’un concours, d’une épreuve !  Mais, en ce cas-là, me semble-t-il, on parle mal de l'Esprit-Saint !

Pourtant, chaque année, cette fête de Pentecôte nous donne l'occasion de prier l'Esprit-Saint. 
Mais, chaque année aussi, beaucoup posent une question non résolue, avec comme un malaise, une gêne : “Oui, nous prions l'Esprit Saint, disent-ils, mais on est incapable d’en parler, incapable de le prier personnellement”. Oui, l’Esprit-Saint, qui est-il  ?... Que fait-il ?”

Je pense que la question est peut-être mal posée. On dit souvent, avec raison, qu’être chrétien, c'est être disciple de Jésus, c'est vivre avec Jésus, essayer de marcher à sa suite. C'est bien ce que nous essayons tous de faire.
Et la fête de la Pentecôte ne nous dit pas le contraire, mais elle affirme aussi que Jésus n'a pas d'autre façon de nous être présent aujourd'hui que par son Esprit.
Il a vécu 33 ans physiquement, au milieu des hommes de Palestine, et il est avec nous maintenant spirituellement, jusqu'à la fin des temps, par son Esprit.

Le récit de la première Pentecôte que nous venons d’entendre ne nous dit rien d'autre.
Les apôtres, eux aussi, n'ont plus la présence physique de Jésus ; mais Jésus leur donne son Esprit ; il est encore en eux par son Esprit ; et cela n'est pas rien. Dans leur cœur, c'est comme du feu, c'est comme un vent violent !

- La peur des apôtres a été balayée.  Enfermés dans le cénacle par peur des Juifs, ils sont sortis pour annoncer la résurrection de Jésus.
Ces hommes timides qui ne connaissaient du monde, pour plusieurs, que le plancher de leur bateau, iront affronter les mers, les océans et… les persécutions, pour fonder l'Église de Jésus-Christ.

- Et aujourd'hui, Jésus est présent dans nos cœurs de la même façon par son Esprit.
Et le même vent de l'Esprit de Jésus pousse la barque de l'Église, sinon elle aurait sombré depuis longtemps !
Et ce souffle de l'Esprit déborde les frontières de l'Église. Il habite le cœur de tous les hommes de bonne volonté.
C'est cela la promesse de Jésus : “Je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps”.

Alors; ne disons pas trop facilement : “L’Esprit-Saint, je ne connais pas”. Car nous vivons de lui chaque jour. Aussi je n’ai certes pas la prétention de vous le faire connaître ; mais je souhaite vous le faire reconnaître.

Ce Souffle de Dieu, cet Esprit de Jésus, on ne le voit pas, mais, comme pour le vent, on voit très bien les traces de son passage.

N’est-ce pas sa trace que facilement on reconnaît
*en la vie, par exemple, de Jean Vannier, décédé récemment, fondateur de l'"Arche" et de "Foi et Lumière",
* en la vie du pape François et en bien d’autres qui manifestent tant de courage en se mettant à la suite du Christ ?
C'est cela le Souffle de l'Esprit du Christ qui peut donner un tel courage à des hommes ordinaires.

C'est toujours le même Souffle de Dieu, l'Esprit de Dieu, qui inspire tant et tant d'initiatives généreuses dans la monde :
- service anonyme de médecins, d’infirmières bénévoles en certaines parties du monde,
- lutte patiente de divers responsables pour juguler la haine et bâtir constamment la paix.

Et puis, ne pensons pas seulement aux géants de l'amour, regardons tout près de chez nous.
- L'Esprit de Jésus souffle dans les familles, il s'appelle respect et tendresse, affection et dévouement; humilité qui permet l'accueil de l'autre et non sa possession.
- L'Esprit de Jésus souffle dans le monde du travail. Il s'appelle solidarité, et pour celui qui travaille et pour celui qui n'a pas de travail.
- L'Esprit de Jésus souffle dans l'humble vie de tous les jours, où des milliers d'hommes, de femmes, de jeunes et d'enfants manifestent quotidiennement un amour pour les autres, dans des responsabilités à portée de leurs mains.

L’esprit de Jésus est partout. Il est en nous ! Il est en vous !
- c'est l'Esprit qui vous inspire telle démarche de solidarité.
- c’est l’Esprit qui vous souffle parfois ce courage pour resserrer les liens dans votre famille et gagner le dur combat de la fidélité aux siens.
- c’est l’Esprit qui vous donne le courage de ne pas rester “seuls”, de vous ouvrir aux autres dans le service et la compassion,
- c'est l'Esprit qui vous donne à vous, malades, la courageuse patience dans le dur combat de la souffrance et de l’appréhension du lendemain.
- c’est l’Esprit qui vous donne à vous, Jeunes qui demandez le baptême et la confirmation, le désir de vivre à la suite du Christ.
- c'est l'Esprit-Saint qui vous a soufflé de rebrousser chemin quand vous faisiez fausse route en quittant les consignes de l'Évangile.
- c'est toujours le même Esprit qui nous sollicite aujourd’hui et demain à faire Eglise en Sarthe selon les directives qui seront promulguées à la suite du Synode diocésain..

Oui, ne disons pas trop facilement : “L’Esprit-Saint, je ne connais pas !”.
Disons plutôt, avec toute l'Église, en ce jour de la Pentecôte : La plus grande force du monde, ce n'est pas celle des armes, ce n'est pas celle de l'argent, ce n'est pas celle des techniques d'intimidation ou d'asservissement, d'une conception artificielle, technique, universaliste de l'homme. La plus grande force du monde est celle de l'Esprit-Saint. Pourquoi ?... Parce qu'elle est capable de changer le cœur de l'homme.

- L'Esprit-Saint - l'Esprit du Christ - est la plus grande force du monde, parce qu'il fait sauter le blindage le plus résistant qui soit, celui de l'égoïsme et de l'orgueil si courants malheureusement.

- L'Esprit-Saint - l'Esprit de Jésus - est la plus grande force du monde parce qu'il produit ce que St Paul appelle “les fruits de l'Esprit-Saint” : “joie, bonté, patience, bienveillance, humilité, maîtrise de soi et vérité ”.

Oui, à y regarder de plus près..., l'Esprit-Saint n'est pas un inconnu.
Croire à l'Esprit-Saint, c'est croire à l'amour de Dieu pour nous, à cet amour manifesté dans la vie de Jésus, à cet amour qui nous émerveille, aujourd'hui encore, par sa surabondance.
Comme l'eau du torrent que je ne peux enfermer dans les paumes de mes mains, il ruisselle de partout. A nous d'ouvrir toutes grandes nos mains et de dire aujourd'hui avec toute l'Église : VIENS, ESPRIT-SAINT, VIENS EN NOS CŒURS

dimanche 2 juin 2019

Croyants Pratiquants ?


7e Dimanche de Pâques 19/C

“Oh ! vous savez, nous, nous sommes croyants mais pas pratiquants !”

Souvent, nous entendons cette réflexion... Et pour cause !
Car parler, finalement, de “croyants non-pratiquants”, c'est parler de Dieu, certes ! Mais c'est aussi parler d’une épouse, d’un mari, d’un frère, d’une sœur, c'est parler des enfants ou de bien des amis. D'aucuns d'eux, nous mettons en doute leur existence. J'y crois, surtout à certains moments heureux ou malheureux de leur existence.
Mais sommes-nous pratiquants pour autant ? Je veux dire : Avons-nous une légitime et véritable relation avec eux ?

Bien sûr, "comparaison n'est pas raison ". Cependant…,  les prêtres entendent tellement cette affirmation : “Nous sommes croyants mais pas pratiquants !”
- au moment où des jeunes préparent leur mariage, avec beaucoup de sérieux, d'ailleurs…, comme des croyants, mais non-pratiquants, de
- à l’occasion d’une sépulture ; on entre dans l'église par honneur du défunt, mais comme des croyants, non-pratiquants,
- au moment où des parents inscrivent leur enfant au catéchisme, comme croyants, affirment-ils, mais non pratiquants.

Tous sont croyants, mais non-pratiquants.  Mais que veut dire cette phrase en réalité ?

On la dit parfois avec le sentiment d’une négligence : “nous sommes si mal organisés ; et puis, il y a tellement de choses à faire ! On n'a guère le temps ! ”.
Beaucoup plus souvent, on la dit, cette phrase, avec cette certitude tranquille : on est croyant ; et c'est bien suffisant, c'est l'essentiel. Pourquoi pratiquer ? Est-ce si important que cela d'aller à la messe le dimanche ? Ne vaut-il pas mieux vivre en chrétien toute la semaine ?

C'est là que les choses s'embrouillent, me semble-t-il ! Comment y voir clair ?

Aussi, avant de faire appel à l'Evangile, il est peut-être utile de se mettre d'accord sur les mots CROYANTPRATIQUANT… Que mettons-nous sous ces mots-là ?

Il m’arrive de penser (et même, plus rarement, de le dire) : “Croyants non-pratiquants ? En êtes-vous sûrs ?
Vous êtes beaucoup plus pratiquants que vous le dites,
mais vous êtes probablement moins croyants que vous le pensez !”

+ Vous êtes plus pratiquants que vous le dites.
Sans doute, vous ne "pratiquez" pas la messe du dimanche, mais vous "pratiquez" des valeurs importantes :
° vous êtes fidèles dans votre couple, fidèles à vos amis, résolus dans vos engagements,
° vous "pratiquez" la tolérance, l’ouverture d’esprit, la justice, le partage,
° vous êtes plus "pratiquants" que vous le dites !

+ Mais vous êtes probablement moins croyants que vous le pensez :  Vous ne croyez pas assez !
° vous ne croyez pas assez que Jésus est quelqu'un de vivant aujourd'hui, présent au milieu de nous. Il vous arrive de parler de lui, mais jamais vous ne lui parlez (ou presque…, sauf dans un moment de grande difficulté, comme pour lui faire un reproche).
Justement, les chrétiens se rassemblent pour cela, pour un entretien avec le Christ !
° vous ne croyez pas assez que l’évangile lu, proclamé, commenté chaque dimanche, est Parole de Dieu. Vous ne venez pas l'écouter. Si la foi n'est pas réfléchie, comment rester croyants ?
Les chrétiens se rassemblent pour alimenter leur foi à cette Parole !
° vous ne croyez pas assez que Jésus ressuscité veut nous communiquer sa vie, son Esprit d'Amour, par l'Eucharistie notamment.
Les chrétiens savent qu'ils  puisent là à une source d'amour, régulièrement. Ils ne peuvent s'en passer. Vous pensez, vous, pouvoir vous en passer. Vous ne croyez pas assez !
° vous ne croyez pas assez que le dimanche est pour les chrétiens le jour où ils font mémoire du Christ, de sa vie, de sa mort et de sa Résurrection. Si vous ne venez jamais avec d'autres faire mémoire du Christ, vous finirez par en perdre la mémoire.

Mais ayant pensé cela, et l’ayant dit parfois, je m'aperçois que ces réflexions essentielles et parfaitement vraies ne s'adressent pas uniquement à ceux qui se disent  “croyants/non-pratiquants”.

Elles sont essentielles et vraies pour tous. Elles nous interrogent tous.

L’Evangile de St Jean nous rappelle cet essentiel, l'essentiel de la vie du chrétien…, l'essentiel qui nous conduit bien au-delà de la distinction “croyants/pratiquants”.
Jésus prie pour tous ceux qui croiront en Lui. Et il demande : “Je veux qu'ils soient UN… unis entre eux, comme Toi, Père, tu es en moi et moi en Toi”. (Remarquons ;c'est la seule fois, dans l'Évangile, où Jésus s'adresse à son père en disant : je veux !)  Et à un autre endroit : “Je veux qu'ils DEMEURENT en moi, comme je DEMEURE en eux”.

Retenons ce mot “DEMEURER”. Il est plus suggestif que le mot “pratiquer”.
° Le chrétien, c'est celui qui demeure dans le Christ et donc qui ne fait pas que passer !
° le chrétien est invité à demeurer dans la Parole du Christ…, à la faire descendre en son cœur, en sa vie…, et donc à ne pas se contenter de quelques phrases, souvent les mêmes, lues ou entendues rapidement,
° le chrétien est invité à demeurer dans la prière et les sacrements et donc à ne pas se contenter d'une “petite prière en passant” ou de “prendre la messe en passant”, et au fond de l'église, réalisant ainsi l'intitulé d'un petit ouvrage de Paul Claudel : "La messe, là-bas", pas près de moi, pas en moi…
° le chrétien est invité à demeurer dans l'envie réelle de convertir sa vie à l'Evangile et donc à ne pas se contenter de “vœu pieux”. Il faut prendre le temps de s'arrêter pour demeurer !
° le chrétien, c'est celui qui apprend à DEMEURER dans le Christ… et c'est l'affaire de toute une vie, c'est un long chemin.

Un jour, un journaliste interrogea un professeur d'Histoire. Et il lui demanda finalement : “Etes-vous croyant ?” – “Oui, je suis croyant” – “Chrétien ?” – “J’essaie de le devenir !”. Il avait bien répondu ce professeur, car on n'a jamais fini de devenir chrétien !
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- On a jamais fini ! Que ceux qui affirment : “Je suis croyant mais pas  pratiquant…”, qu’ils essayent de devenir plus croyants..., en demeurant dans la prière, l'Eucharistie, les sacrements. C’est si important pour demeurer dans le Christ !
- Et nous qui sommes croyants et pratiquants,... essayons de devenir plus chrétiens, de demeurer davantage  dans le Christ !

Et quand nous parlons de nos frères croyants/non-pratiquants, n’en parlons surtout pas en termes de supériorité..., certes, mais ni non plus en termes d'anxiété, comme tant de parents qui se culpabilisent en pensant à leurs enfants… non-pratiquants. Le Seigneur saura les rejoindre sûrement, si nous-mêmes devenons plus croyants...

Donc, ni supériorité, ni anxiété, mais responsabilité.
Si nous célébrons l'Eucharistie le dimanche, nous avons une responsabilité. Nous avons la responsabilité de ceux qui nous sont proches. Nous devons les porter dans notre prière et confier à Dieu ceux qui ne sont pas là et qui reçoivent parfois cet appel à “demeurer” dans le Christ qui, lui, demeure en son Père, source de tout amour.