mercredi 23 mars 2011

Actualité de Jérémie !

Carême 2. Mercredi - Jérémie

Vous rencontrerez le prophète Jérémie tout au long du Carême. Il faut, me semble-t-il, connaître la vie de ce prophète méconnu, le contexte politique, social et religieux de son époque qui ressemble tellement à la nôtre !

Jérémie naquit vers 650, à la fin du règne du roi Manassé. Cela faisait fort longtemps que depuis Ezéchias, l’iniquité régnait à Jérusalem. Les hommes pieux se lamentaient en silence, impuissants, devant l’abandon du Temple et du vrai culte.
Il était originaire de la petite ville d’Anathoth, près de Jérusalem, et appartenait à une digne famille sacerdotale. Il fut appelé très jeune au ministère de prophète, vers l’année 627, alors qu’il avait environ 23 ans. C’était sous le règne de saint roi Josias. Ce roi pieux - figure extraordinaire et vraiment exceptionnelle de cette époque impie - avait déjà commencé ses réformes religieuses. Il s’appuya sur le ministère de Jérémie pour faire revenir le cœur du peuple à l’Eternel, mais le mal était profond !

Pourtant, le ministère de Jérémie dura quarante ans, de 627 à 587, année de la prise de Jérusalem. Le peuple eut donc le temps d’entendre la Parole de Dieu ! Mais, comme dira le texte de demain, le peuple n’écoutait pas !… Et les rois qui se succèdent s’éloignent tous de Dieu, deviennent le jouet des Egyptiens, Assyriens, Babyloniens… Jérémie assiste à la tragédie des déportations de son peuple : trois en quinze ans ! Après la prise de Jérusalem, lui-même, entraîné par des fuyards de Juda, fuit la dernière déportation (587). Il emmène avec lui l’arche d’Alliance qu’il cacha sans doute à l’Horeb, la montagne de Dieu, (elle ne fut jamais retrouvée). D’après la tradition Juive, il aurait fini ses jours en Egypte, où il aurait été assassiné en 570, à l’âge de 80 ans. Pauvre prophète Jérémie !

Jérémie voyait bien, avec une profonde tristesse, et malgré les efforts énergiques du jeune roi Josias, mort tragiquement prématurément (hélas !), que le réveil religieux était superficiel. Pourtant sous le règne du saint roi Josias, la prospérité était revenue, la main pesante de l’occupant assyrien s’était relâchée. Le pays était purifié des idoles, le vrai culte était rétabli. Qui aurait alors pu prendre au sérieux les avertissements et les menaces du prophète, sinon une petite minorité, un petit reste fidèle ? Jérémie était conscient de cela. Il discernait parfaitement le véritable état spirituel du peuple. Des décennies d’impiété et d’idolâtrie n’avaient pas pu déraciner le mal en profondeur.
Aussi reprenait-il facilement les paroles du grand prophète Isaïe, ce Bossuet de l’A.T. : “Le Seigneur dit : Quand ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres…“, paroles que Jésus lui-même reprendra (Cf. Marc 7 : 6-9).

Jérémie est “le prophète souffrant“ par excellence ! Il aime son peuple !!! Mais, hélas, il voit son impiété : il se rend compte qu’il n’y a en réalité aucun amour véritable du Seigneur ; il sait que les mauvaises tendances du peuple reprendront toujours le dessus… Rien ne pouvait autant faire souffrir le cœur du prophète ! Il annonce donc le châtiment divin dont les raisons sont multiples : culte des idoles, indifférence aux choses divines, impureté, impudicité, injustices et exploitations des pauvres, imposteurs ou prophètes indignes, et surtout obstination dans l’égarement spirituel. Paul fera allusion à tous ces méfaits qui avaient lieu de son temps également (Cf. 2 Tim. 3 : 1-5 ; 2 Tim. 4 : 3-5).

Pourtant, Jérémie avertissait bien que la prospérité apparente des méchants n’était aucunement le signe d’une approbation divine, mais simplement celui de la patience de l’Eternel, qui espérait toujours une réforme des cœurs, réforme qui n’allait pas venir. Aussi, ce prophète était-il toujours déchiré entre son amour pour son peuple et la nécessité où il se trouvait d’accomplir sa mission et d’annoncer les châtiments à venir.

Pourtant, en dépit de tous ces cataclysmes annoncés, le cœur du message de Jérémie demeure un message d’espoir. Le sommet de son ministère prophétique reste la magnifique annonce de la restauration future d’Israël, et d’une “nouvelle alliance” avec le Seigneur. (31.1-14).

N’est-il pas vrai finalement que le message de Jérémie est de tout temps, et du nôtre aussi ? De plus et surtout, Jérémie est la figure du Christ souffrant qui, par la souffrance, accomplira la restauration annoncée, une nouvelle Alliance avec le Seigneur.

En ce temps de Carême, nous pouvons reprendre l’enseignement de Jérémie, liturgiquement et surtout en notre vie : son enseignement est une annonce du mystère pascal !
Il y a de multiples raisons de découragements pour nous aussi, en nous et autour de nous. Il y a la mort elle-même ! Mais la Vie l’emportera, la Vie du Christ en nous, mort lui aussi, mais toujours vivant !

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