samedi 26 mars 2011

Bonté de Dieu !

Carême 2 Samedi - Dieu Bon ! - (Mi. 7.14sv – Lc 15.1sv)

Les textes que la liturgie offre à notre méditation aujourd’hui raffermissent en nous la certitude de l’immense bonté d’un Dieu dont la bienveillance paternelle envers ses créatures étonne, voire scandalise… alors que notre monde lui-même est souvent traumatisé par les horreurs que les hommes s’infligent ici ou là, en Lybie, en Côte d’Ivoire, au Yémen… ; et j’en passe… et des plus importantes !

Oui, notre foi en la bonté de Dieu-Père qui a envoyé son Fils Unique pour sauver l’homme pécheur - ce que nous célébrerons dans un mois -, qui, actuellement et toujours, nous propose son Esprit d’amour, éprouve de la joie à proclamer ce texte de Michée que nous venons d’entendre : “Seigneur, conduis ton peuple qui demeure isolé dans les broussailles… Comme aux jours où tu sortis d’Egypte, fais-nous voir tes merveilles ! Quel est le dieu comme toi, qui enlève la faute, qui pardonne le forfait…, qui prend plaisir à faire grâce ?“. Et ce verset qu’il faut citer in extenso : “Une fois de plus, il aura pitié de nous, il foulera aux pieds nos fautes. Tu jetteras [Seigneur] au fond de la mer tous nos péchés !“. Ce ne sont plus les chars de Pharaon et les poursuivants égyptiens qui seront engloutis par les flots de la mer rouge. On entrevoit chez Michée un exode qui annonce déjà la Nouvelle Alliance où toute l’iniquité du monde sera submergée dans la tendresse de Dieu ! Le psaume 65ème affirme également : “Nos fautes sont plus fortes que nous ; mais toi, tu les effaces !“.

“Mais toi tu les effaces“, même si le repentir de l’homme est très loin d’être parfait. Car il faut remarquer que l’enfant prodigue, du fond de son exil, exprime un repentir quelque peu intéressé : “Je vais retourner chez mon père où j’aurai du pain en abondance, alors qu’ici je meurs de faim“. Mais Dieu non seulement connaît notre langage plus ou moins mercantile, mais il le prévient par une pédagogie particulière déjà utilisée, selon Osée, à l’égard de l’épouse infidèle, Israël : “C’est pourquoi je vais obstruer son chemin avec des ronces, je l’entourerai d’une barrière pour qu’elle ne trouve plus ses sentiers ; elle poursuivra ses amants et ne les atteindra pas ; elle les cherchera et ne les trouvera pas. Alors elle dira : « Je veux retourner vers mon premier mari, car j’étais plus heureuse alors que maintenant ! »“ (Osée 2.8-9).

Oui, la bonté de Dieu va jusque là ! Et, en parallèle à la parabole du Père de l’enfant prodigue, il faudrait “faire mémoire“… - [“faire mémoire, n’est-ce pas, c’est toujours prendre dans le passé ce qu’il contient d’avenir !] - … il faudrait “faire mémoire“ de la douleur de David apprenant la mort de son fils Absalom, fils pourtant si ingrat, rebelle et félon ! Le roi exprime une douleur telle qu’elle étonne et scandalise son chef d’armée, Joab, avec ses soldats. Mais le scandale qu’exprime ce fidèle général (comme celui du frère aîné dans la parabole de Jésus) devant cet amour fou d’un père apprenant la mort d’un fils qui l’a pourtant ignominieusement trahi, nous aide à deviner l’immense amour qui habite le cœur de Dieu pour chacun de nous : “Alors le roi frémit. Il monta dans la chambre… et se mit à pleurer ; il disait en sanglotant : "Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! que ne suis-je mort à ta place ! Absalom mon fils ! mon fils ! "
On prévint Joab : "Voici que le roi pleure et se lamente sur Absalom". La victoire, ce jour-là, se changea en deuil... Et ce jour-là, l'armée rentra furtivement dans la ville, comme se dérobe une armée qui s'est couverte de honte en fuyant durant la bataille.
Joab se rendit auprès du roi à l'intérieur et dit : "Tu couvres aujourd'hui de honte le visage de tous tes serviteurs qui ont sauvé aujourd'hui ta vie, celle de tes fils et de tes filles, … parce que tu aimes ceux qui te haïssent et que tu hais ceux qui t'aiment (“Je ne suis pas venu pour les justes…“, dira Jésus). En effet, tu as manifesté aujourd'hui que chefs et soldats n'étaient rien pour toi, car je sais maintenant que, si Absalom vivait et si nous étions tous morts aujourd'hui, tu trouverais cela très bien…“
(2 Sam. 19). N’est-ce pas là le langage amère du fils aîné de la parabole ?

Voilà bien l’amour de Dieu-Père à notre égard, annoncé par Michée, prophétisé en quelque sorte par David, affirmé par Jésus lui-même.
Et je crois que devant tous les malheurs qui déferlent parfois sur notre monde, il n’y a pas à chercher d’autre consolation que dans cette certitude de foi qu’il y a un Dieu d’une bonté paternelle qui, malgré les apparences parfois contradictoires, malgré tous les malheurs - et la Bible nous dit qu’il faut s’attendre à tout -, dirige l’histoire et la mène vers la Jérusalem nouvelle dont il est parlé dans l’Apocalypse : “Je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle - car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n'y en a plus. … J'entendis alors une voix clamer, du trône : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple, et lui - Dieu-avec-eux -, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n'y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé ».
Alors, Celui qui siège sur le trône déclara : « Voici, je fais l'univers nouveau ». Puis il ajouta : « … Celui qui a soif, moi, je lui donnerai de la source de vie, gratuitement. Telle sera la part du vainqueur ; et je serai son Dieu, et lui sera mon fils »“
(Apoc 21.1-7).

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