jeudi 10 mars 2011

Liberté !

Jeudi ap. Cendres. Liberté (Deut. 30.15-20)

“Si tu écoutes les commandements de ton Dieu… Si tu marches dans ses voies… !“ C’est ainsi que Dieu s’adressait à son peuple avant de lui transmettre ses “dix commandements“. Je te propose… A toi de choisir…
On n’aime pas beaucoup ce langage aujourd’hui ! Des commandements et encore des commandements… Et notre liberté ? qu’en fait-on ?

On oublie que Dieu seul est libre parce qu’il est Dieu et qu’il ne doit à personne son existence.
Une liberté créée est donc un paradoxe, puisqu’elle suppose une origine non libre (Je n’ai pas demandé à venir à l’existence !).
Une liberté créée est avant tout une vocation à devenir libre… à travers une histoire, à travers d’innombrables options et décisions. Jour après jour, nous réalisons notre liberté par divers choix. (“Le bon choix pour la France !“, réflexion que s’était permis naguère un candidat à la présidence de la République, et qui fut plus ou moins bien perçue ! ).
Une liberté créée est une liberté qui se construit - comme celle d’un adolescent face à ses parents -, une liberté qui se construit dans le dessein d’un autre : Dieu !

C’est là qu’est notre problème majeur : le rêve de l’homme est celui d’une liberté totale ! Or une liberté créée s’inscrit par hypothèse dans le dessein d’un autre. L’homme est doté d’une vocation qui s’impose en quelque sorte à sa liberté, mais d’une vocation à laquelle cependant il répondra librement : “Si tu veux… Choisis… A toi de voir“ !

Ce discours en irrite beaucoup. C’est vrai que nous avons une liberté limitée, que nous sommes libres sous condition, c’est-à-dire que nous sommes conditionnés, ne serait-ce donc que par le fait d’avoir reçu l’être. De plus, tous les parents et éducateurs… conditionnent… ! Et du coup, on dit que nous ne sommes pas libres. Si, mais dans une certaine marge, une liberté non divine, une liberté créée, une liberté sous condition. Alors, tout le problème c’est de tenir ouverte le plus possible notre marge de liberté, en lui faisant prendre conscience de ses conditionnements, en nous les faisant assumer.

Mais l’homme moderne décrète : c’est mauvais. Puisque ce n’est pas la liberté totale, il n’y a pas de liberté du tout. Tout ou rien ! C’est une réaction adolescente, voire infantile. Ce n’est jamais tout ou rien dans l’existence. Les chevaliers de l’absolu sont dangereux quand ils mettent cet absolu en ce monde. Quand ils le mettent hors de ce monde, c’est le vrai absolu ; et cela oblige à relativiser beaucoup de choses.

Cette situation est-elle révoltante ? On peut le comprendre.
Et tout homme, tout chrétien passe un jour ou l’autre par cette révolte avant d’accepter d’être “contraints“ de devenir libre selon le dessein d’un Autre. Comme pour l’adolescent avec ses parents, même si comparaison n’est pas raison… ; mais elle met sur la voie… Dieu apparaît d’abord comme un concurrent, un rival qui nous empêche d’être des dieux libres par nos propres forces ! Au lieu de le devenir par vocation divine !

Et ce n’est souvent que par nos expériences néfastes que l’on comprend ce langage divin : “Si tu écoutes les commandements… Je te propose la vie ou la mort… Choisis donc la vie !“.

St Irénée écrivait : “Il te faut d’abord garder ton rang d’homme ; et ensuite seulement recevoir en partage la gloire de Dieu. Car ce n’est pas toi qui fais Dieu, mais Dieu qui te fait“.

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