1er Dimanche de Carême
20.A
Parler du
carême, comme c’est difficile !
Certains
pensent et même disent : “Le carême..., à quoi bon ? C’est une habitude des anciens temps ! Et puis, c'est, chaque année, pareil...! De plus, ce n'est pas drôle du tout !”.
C'est vrai
que le carême n'a pas bonne réputation. Il évoque six semaines interminables,
placées sous le signe de l'austérité.
Peut-être
que l’évangile d’aujourd’hui peut nous éclairer. Mais, c’est un texte de St
Matthieu, d’une lecture toujours plus ardue pour nous. Pourtant, comme un
"bon scribe", “il sait tirer de
son trésor du neuf et de l’ancien”.
Oui, c’est
un récit qui nous semble bien étrange, étranger à notre vie, loin de nous.
Pourtant, ce récit des trois tentations de Jésus au désert contient un
enseignement essentiel pour chacun de nous.
D’abord,
il faut bien remarquer : Jésus a vraiment été tenté, tenté comme
nous. Ce texte nous le raconte ; et, à bien des reprises, l'évangile nous
en reparle.
Comprenons
bien : Il s'agissait pour Jésus de faire advenir le Règne de Dieu, de créer un monde nouveau. Le plus efficace
n'était-il pas de prendre le pouvoir
- en
donnant du pain à manger, de quoi vivre facilement : “Ordonne que ces pierres deviennent du pain !”,
- en
donnant des exploits à admirer - c’est de tous les temps ! - : “Jette-toi en bas, on croira en toi !”,
- en
donnant un roi universel : “Tous les
royaumes de la terre, je te les donnerai”.
Beaucoup
attendaient cela du Messie. Ils attendaient que l'Envoyé de Dieu subvienne aux
besoins matériels du peuple, qu'il fasse des prodiges, qu'il étende un pouvoir
irrésistible sur la terre.
Jésus a
refusé. Dans ce grand vent d'orgueil qu'on lui soufflait, il reste impassible.
Il n’a qu’une chose en tête : la volonté de son Père !
Il a
résisté à la tentation, ce jour-là, comme il a résisté en bien d'autres
occasions que l'évangile rapporte :
* quand il
a été tenté par la foule qui voulait le faire roi,
* tenté
par les Juifs qui réclamaient des grands signes dans le ciel,
* tenté
par son ami Pierre qui le poussait à renoncer à la folie d'être arrêté et mis à
mort,
* tenté
par ceux qui lui ont crié, le dernier jour : “Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix... !”.
Oui, Jésus
a réellement été tenté, mais il est resté fidèle jusqu'au bout à son Père et à
sa mission. Et c'est cette victoire sur la tentation qui nous est proposée au
début de ce carême.
Et ne
disons pas que ces trois tentations ne sont pas les nôtres ; elles sont les tentations de tout homme :
- la
tentation du pain quotidien ou l'appétit de posséder,
- la
tentation de la réussite ou le goût de paraître,
- la
tentation du pouvoir ou l'ambition de dominer.
LA TENTATION DU PAIN QUOTIDIEN ou l'appétit de posséder.
Le pain
quotidien, c'est la nourriture sans doute, mais aussi notre argent, notre
profession, nos occupations quotidiennes, ce que nous possédons...
Mais on
dira : “Tout cela n'est pas un mal !”
Non, certes ! Au jour de la création -
jour permanent -, Dieu dit, en regardant son
œuvre faite pour l’homme, que “tout était bon… et même très bon !”. Alors où est la tentation ?
Jésus le rappelle : “L'homme ne vit pas
seulement de pain”.
Notre
tentation, c'est de vivre seulement de ce pain-là, et de n'avoir plus ni le
temps ni le goût pour toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
- Pour les
Jeunes... après le collège ou le lycée, après le sport, les jeux et la
télévision, y-a-t-il un petit reste de temps pour réfléchir, pour prier ?
- Pour les
étudiants..., après les partiels, les révisions, les examens… - choses si importantes évidemment -, y-a-t-il un tout petit reste de temps et de goût pour la
prière, la réflexion spirituelle afin de mieux insérer tout savoir dans la
science même de Dieu en vue d’un avenir meilleur.
- Et pour
nous, adultes : tout nous sollicite, le travail, la promotion
professionnelle, la construction d'une maison, la réalisation d’une retraite
pour mieux “profiter de la vie” (quel
mot affreux !)… etc… Et c'est important ! Bien sûr ! Mais Jésus nous dit qu’un chrétien, une chrétienne… ne mangent pas seulement de ce pain-là !
Oui, tous,
riches ou pauvres, jeunes ou anciens, prêtres ou laïcs, nous avons à tirer
avantage de cette parole de Jésus : “L'homme
ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu”. Car tous, nous sommes tentés de vivre au ras de nos
occupations quotidiennes, de nos désirs immédiats, sans jamais relever la
tête... ou joindre les mains.
Et le
carême est un rappel.
LA TENTATION DE LA RÉUSSITE ou le goût de paraître. Pourtant, réussir, ça n'est pas un
mal. Celui qui ne réussit pas... qui ne réussit rien est très malheureux. C'est
vrai, ce n'est pas un mal. Alors, où est la tentation ?
La
tentation c'est de ne vivre que pour réussir, réussir à tout prix, courir après
son petit succès, briller, “agir pour la galerie”, jouer son personnage…
Jésus nous
dit au début de ce carême : “Otez vos
masques... n'agissez pas pour paraître ; n’ayez aucune hypocrisie... Que
votre main droite ignore ce que donne votre main gauche... Dieu voit dans le
secret”.
Le carême
nous donne occasion de jeûner de cet appétit de toujours paraître…
Enfin, LA TENTATION DU POUVOIR ou l'ambition
de dominer. On dit que c'est la plus redoutable. Tous, nous exerçons un
pouvoir. Oh ! pas “sur tous les royaumes
de la terre” ! En ce domaine, on a l’impression plutôt de subir que de
dominer ! Et il est vrai que le pouvoir est plus évident en l’exercice de
certaines professions…
Cependant,
les parents exercent un pouvoir sur leurs enfants. Moi, qui suis prêtre,
j'exerce, parfois, sans toujours m'en
apercevoir - un certain pouvoir.
Et les
jeunes qui poursuivent de longues études... exerceront un pouvoir dans la
société de demain.
Là encore,
le pouvoir, avoir des responsabilités, ce n'est pas un mal... Alors, où est la tentation ?
La tentation,
c'est de confondre le pouvoir avec l'ambition de dominer ; la tentation,
c'est oublier que le pouvoir donne le devoir de servir. Que de choses seraient
changées si tous ceux qui exercent un pouvoir l'exerçaient, non pas en volonté
de puissance, mais comme un service ! Nous qui exerçons un certain pouvoir,
nous sommes tentés de nous en servir, au lieu de servir.
Au cours
de ce carême, saurons-nous jeûner de cet appétit de pouvoir, de l'ambition de
dominer ?
Voilà...
où nous a conduit le récit des trois tentations de Jésus... Tentations de tout
homme.
L’abondance,
l'apparence, la puissance, ce sont des maladies mortelles pour nous et pour le
monde... Le Christ en a été victorieux... Il nous propose de participer à sa
victoire, en le suivant sur son chemin...
et c'est
cela le CARÊME.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire