4ème semaine de Carême -
Vendredi
La
lecture émane du milieu juif d'Alexandrie où la bible hébraïque fut traduite en
grec dans cette version qui porte le nom de "Septante".
Un
mot à ce sujet : D’après une légende - la légende d’Aristée - 70 traducteurs,
travaillant séparément durant 70 jours, sont arrivés au même résultat dans une traduction identique à la lettre
prés…
L’Eglise
n’a pas attaché d’importance à cette légende d’Aristée.
Cependant
elle a recueilli ces traductions dans le
canon catholique des Ecritures sous le nom de "Deutérocanonique".
Ce mot de "deutérocanonique" dans la Tradition catholique n’a rien de
péjoratif. On considère ces livres comme "inspirés", tout aussi bien
que ceux qu’on ne trouve que dans la Bible hébraïque...
Et
- remarquons-le - cette traduction
grecque marque souvent un progrès théologique antérieur à l’avènement du
christianisme - et pourtant plus proche -.
Aussi,
quand on pense que le texte hébreu (la "massore") n’a pris sa forme
définitive qu’au 9ème siècle après J.C à Tibériade, on comprend qu'on a bien souvent eu
recours au texte grec des "Septante" pour se rapprocher des textes
originaux.
Le
texte d'aujourd’hui peut être daté assez précisément. Il a été écrit à un moment où les juifs
d’Alexandrie, sans être l’objet d’une persécution officielle, ont eu à subir
des tracasseries, des vexations de toutes sortes. Cette période est à situer
dans la 1ère moitié du 1er
siècle avant Jésus-Christ.
Et
on se demande si les persécuteurs sont des païens qui persécutent les juifs, ou
s’il ne s’agirait pas plutôt de juifs renégats, qui, après avoir trahi leur
foi, persécutent leurs frères et défient Dieu. Ce sont des espèces de
jouisseurs, comme on en trouve à toutes les époques, de type épicurien.
Le
motif de la persécution n’est pas de punir un malfaiteur.
Il
ne s’agit pas non plus d’une erreur judiciaire dont serait victime un innocent.
Il
s’agit d’une persécution qui a pour motif l’innocence même de la victime.
L’homme,
en effet, partout et toujours, ne supporte pas celui dont l’exemple et la
parole invitent inexorablement ses contemporains à changer de vie.
Ecrit
un siècle avant l’apparition du Christ, ce texte prend une valeur saisissante.
Il décrit non seulement la mort du juste, mais celle d’un "fils du
Seigneur", d’un "fils de Dieu". Ce texte prend une
extraordinaire plénitude de sens quand on pense à la passion de Jésus et à sa
crucifixion.
Avec
l’Evangile, nous sommes toujours - depuis plusieurs jours - dans le contexte de
la fête des Tentes (de Soukkoth,) telle qu’on la pratiquait au temps de Jésus, avant
la destruction du Temple. C’est une méthode de St Jean de raconter les épisodes
de la vie de Jésus dans le cadre des fêtes juives.
Géographiquement,
à Jérusalem, une grande partie de cette fête de Soukkoth se passe en relation
avec la source de Siloé. Siloé vient d'une racine hébraïque qui veut
dire "envoyé". Aussi, la question qui domine en St Jean, en
cette partie de son Evangile qui s’inscrit en cette grande fête juive (ch. 7 à 9) est bien celle-ci : Jésus
est-il l’envoyé de Dieu. La discussion est très vive, on peut même dire
violente (comme dans le contexte de la 1ère lecture). La Bible de
Jérusalem titre ainsi l’ensemble de ces
trois chapitres de St Jean : "La
fête des Tentes - La grande révélation messianique, le grand refus".
Jésus
apparaît comme le "signe de contradiction" dont parlait le vieillard
Siméon lors de la Présentation de Jésus au Temple.
Lc 2,34-35 : "Syméon
les bénit et dit à Marie, sa mère : " Vois ! cet enfant doit amener la
chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe
en butte à la contradiction - et
toi-même, une épée te transpercera l'âme ! - afin que se révèlent les
pensées intimes de bien des cœurs".
Jn 9,
39-41 : "Jésus dit alors :
"C'est pour un discernement que je suis venu en ce monde : pour que
ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles".
Des Pharisiens, qui se trouvaient avec
lui, entendirent ces paroles et lui dirent : "Est-ce que nous aussi, nous
sommes aveugles ?". Jésus leur dit : "Si vous étiez aveugles,
vous n'auriez pas de péché ; mais vous dites : Nous voyons ! Votre péché
demeure".
C'est toujours et inlassablement cette
question. Qui nous est posée :
Dt
18,21 : "Peut-être vas-tu dire en ton cœur : "Comment
saurons-nous que cette parole, Dieu ne l'a pas dite ?"
N’est-ce
pas trop souvent le comportement des chrétiens qui oblige le monde à se
demander si Jésus est oui ou non l’Envoyé
?
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