2ème semaine de Carême –
Samedi
Les textes que la liturgie offre à notre méditation aujourd’hui, sont les bienvenus. Ils raffermissent en nous la certitude en un Dieu bon qui manifeste sa bienveillance jusqu’au scandale. Et cela depuis toujours, ce que nous rappellent autant l'Ancien Testament que le Nouveau !
Michée :
"Quel est le dieu comme toi, qui enlève la faute, qui pardonne…,
qui prend plaisir à faire grâce… Aie encore pitié de nous… Jette au fond de la
mer tous nos péchés".
Et le père de
l'enfant prodigue : "Il était encore
loin quand son père le vit. Saisi de compassion, il accourut, se jeta à son cou
et l'embrassa…"
Oui, Dieu
manifeste toujours sa bienveillance jusqu’au scandale alors que le monde
entier est traumatisé par l’horreur de ce que des hommes accomplissent :
guerres atroces, massacres barbares organisés avec grande perfection technique,
attentats, injustices qui font toujours succomber les plus pauvres etc… Ce n'est pas ce qui entre en l'homme qui
le souille, dira Jésus, c'est ce qui en sort : "pensées perverses, inconduites, adultères, cupidités,
méchancetés, fraude, envie, diffamation, orgueil et démesure".
Un Père
dominicain de Jérusalem que j'ai connu aimait cette phrase de Michée :
"Dieu
manifeste sa tendresse et triomphe de nos péchés, en jetant toutes nos fautes
au fond de la mer !".
Ce ne sont
plus les chars du Pharaon et les poursuivants égyptiens qui sont engloutis par
les flots de la Mer Rouge. On entrevoit dans Michée, un exode qui annonce déjà
la Nouvelle Alliance où toute l’iniquité du monde sera submergée dans la
tendresse de Dieu.
Avez-vous
remarqué également que lorsque l’enfant prodigue,
du fond de son exil, dit :
"je
vais retourner chez mon père, où j’aurai du pain en abondance, alors qu’ici je
meurs de faim".
son langage
fait penser à celui de l’épouse infidèle chez Osée. Dieu continue à l’aimer ; et pour la faire
revenir lui dit :
Os
2,8-9 : "C'est
pourquoi je vais obstruer son chemin avec des ronces, je l'entourerai d'une
barrière pour qu'elle ne trouve plus ses sentiers ; elle poursuivra ses amants
et ne les atteindra pas, elle les cherchera et ne les trouvera pas. Alors elle dira : Je veux retourner vers mon
premier mari, car j'étais plus heureuse alors que maintenant".
Dieu ne cesse
de manifester sa tendresse depuis les origines, depuis l'Ancien
Testament jusqu'au Nouveau, jusqu'à maintenant encore. Une remarque en
passant ; on a souvent opposé l’Ancien
et le Nouveau Testament, de manière caricaturale comme la lumière et les
ténèbres… Une des premières hérésies au
2ème siècle, inspirée par un certain Monsieur Marcion, pénétré de
manichéisme, voulait bel et bien séparer les deux Testaments et même extirper
du Nouveau tout ce qui rappelait l’Ancien. L’Eglise tout au long des siècles a
lutté contre cette hérésie qui a encore quelques relents dans la mentalité
chrétienne.
Aussi la
liturgie quotidienne nous fait souvent lire indissociablement l’Ancien et le
Nouveau Testament, et les psaumes occupent la plus grande place dans la prière.
Et constatons
que la lecture du prophète Osée, par exemple, peut nous aider à entrer dans les sentiments
éprouvés par le fils prodigue au fond de son exil. Et mieux comprendre l'amour de Dieu manifesté
par le Christ !
On pourrait
citer bien des textes qui nous aideraient pareillement à mieux comprendre la
tendresse divine, l’amour que Dieu nous porte. Je pense à
l’amour de David pour son fils Absalom
qui l'a pourtant trahi..
2
S 19,25-26 : Il faudrait relire le chapitre 19ème
qui nous parle de la douleur de David quand il apprend la mort de son fils ingrat
et rebelle. Le scandale que manifeste Joab devant cet amour paternel à l'égard d'un fils ingrat nous aide
à deviner ce qui habite le cœur de Dieu pour chacun de nous.
"Alors
le roi frémit. .. Il se mit à pleurer; il disait en sanglotant : " Mon fils Absalom ! mon fils ! mon
fils Absalom ! Que ne suis-je mort à ta place ! Absalom mon fils ! mon fils !
" On prévint Joab : "Voici que
le roi pleure et se lamente sur Absalom".
La victoire, ce jour-là, se changea en deuil pour toute l'armée, car
l'armée apprit ce jour-là que le roi était dans l'affliction à cause de son
fils. Et ce jour-là, l'armée rentra furtivement dans la ville, comme se
dérobe une armée qui s'est couverte de honte en fuyant durant la bataille.
Le roi s'était voilé le visage et poussait de grands cris : " Mon fils
Absalom! Absalom mon fils ! mon fils! "
Joab se
rendit auprès du roi et dit : " Tu couvres aujourd'hui de honte le visage
de tous tes serviteurs qui ont sauvé aujourd'hui ta vie, celle de tes fils et
de tes filles, parce que tu aimes ceux qui te haïssent et que tu hais ceux qui
t'aiment. En effet, tu as manifesté
aujourd'hui que chefs et soldats n'étaient rien pour toi, car je sais
maintenant que, si Absalom vivait et si nous étions tous morts aujourd'hui, tu
trouverais cela très bien".
Je crois que
dans les catastrophes infernales qui déferlent sur le monde, il n’y a pas à
chercher d’autre consolation que dans la certitude qu’il y a un Dieu bon
qui malgré les apparences, malgré tous les malheurs - et la Bible nous dit
qu’il faut s’attendre à tout -, dirige l’histoire et la mène vers la Jérusalem
nouvelle dont il est parlé au chapitre
21ème de l'Apocalypse.
Tout cela pour
proclamer, en ce temps pénitentiel du Carême, la joyeuse réalité de l'amour de
Dieu à notre égard en toute circonstance de l'existence…
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