samedi 29 février 2020

En vue du "shabbat" éternel


Samedi après Cendres

La lecture fait suite à celle d’hier.
Il s’agit toujours de savoir quel est le jeûne qui plaît à Dieu, et en général de chasser de la religion le formalisme, toutes les pratiques par lesquelles on rassure sa conscience tout en continuant à faire des fautes plu  graves.
"Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi.  (Mt 23.23)
Tout le chapitre 23ème de l’Evangile de Mathieu est plein de terribles malédictions de ce genre envers ceux qui filtrent le moustique et avalent le chameau.

Isaïe condamne surtout les attitudes de violence :  "Faire disparaître du pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante".  On peut faire beaucoup de mal par la parole, lorsqu’elle n’est pas constructive et lorsqu’elle n’est pas dite en temps opportun. On peut, en sens inverse, transformer l’atmosphère d’une communauté quand on cultive le respect, la courtoisie, l’amabilité et la délicatesse.

Peut-être a-t-on gardé les derniers versets de ce chapitre 5ème d’Isaïe pour vivre notre samedi ?  Pour nous rappeler l’importance du Shabbat. Là aussi - chez les Juifs - pouvait et peut toujours se glisser le formalisme. Je pense à la scène que nous rapporte St Marc en son ch. 3ème.
"Il entra de nouveau dans une synagogue, et il y avait là un homme qui avait la main desséchée.  Et ils l'épiaient pour voir s'il allait le guérir, le jour du sabbat, afin de l'accuser. Il dit à l'homme qui avait la main sèche : " Lève-toi, là, au milieu.  " Et il leur dit : " Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien plutôt que de faire du mal, de sauver une vie plutôt que de la tuer ?" Mais eux se taisaient. Promenant alors sur eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leur cœur, il dit à l'homme : "Étends la main".  Il l'étendit et sa main fut remise en état. Étant sortis, les Pharisiens tenaient aussitôt conseil avec les Hérodiens contre lui, en vue de le perdre".  (Mc 3.1-6) 
L'importance du Shabbat - dans la piété juive - est de se rappeler mieux que tous les autres jours que nous sommes des créatures, que nous sommes bénéficiaires d’un salut éternel. La Shabbat n’est pas un jour où on se repose pour mieux travailler après, c’est un jour qui préfigure le "repos" éternel de Dieu dans lequel nous sommes appelés à entrer un jour.

L’Evangile nous parle de la conversion du douanier. Etait-ce un jour de Shabbat le jour où cet homme d’affaire, sur l’invitation de Jésus, abandonnant tout, se mit à le suivre ; et qu'il organisa un grand festin pour ses amis, publicains et pécheurs, au grand scandale des bien pensants ? Le texte ne le dit pas.   Mais, il peut y avoir une couleur de Shabbat chaque jour de la semaine, quand toute affaire cessante, on consacre à Dieu seul, ne fut-ce que quelques instants, …à nous mettre sous le regard de Dieu.  
Traditionnellement on ne dit pas, lundi, mardi mercredi,…etc. ! Chrétiennement on dit "féria premia, secundo, tertia"…. ;  par ce mot "férie", on signifie qu’il y a un peu de la coloration du Shabbat chaque jour de l’existence surtout depuis que le Christ, par sa résurrection, a créé une "tête de pont" par-delà l’absurdité de la mort.  Incorporés que nous sommes à Lui par le baptême, par Lui et en Lui, dans l’Esprit Saint, toute la vie peut devenir une liturgie à la gloire du Père. Chaque matin à la messe, nous ranimons une petite flamme qui ne doit jamais s’éteindre. Comme dit Isaïe aujourd’hui : "ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi"

N'est-il pas bon de se rappeler le sens du shabbat - du dimanche, veux-je dire - en ce temps du Carême qui nous acheminera au mystère de mort et de vie du Christ, à entrer dans son mystère pascal, nous invitant à célébrer déjà le "Shabbat éternel d Dieu"  ?

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