Samedi après Cendres
La lecture fait suite à celle d’hier.
Il s’agit
toujours de savoir quel est le jeûne qui plaît à Dieu, et en général de chasser
de la religion le formalisme, toutes les pratiques par lesquelles on rassure sa
conscience tout en continuant à faire des fautes plu graves.
"Malheur
à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe,
du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la
Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi. (Mt 23.23)
Tout le
chapitre 23ème de l’Evangile de Mathieu est plein de terribles
malédictions de ce genre envers ceux qui filtrent le moustique et avalent le
chameau.
Isaïe
condamne surtout les attitudes de violence : "Faire
disparaître du pays le joug, le geste de menace, la parole malfaisante". On peut faire beaucoup de mal par la parole,
lorsqu’elle n’est pas constructive et lorsqu’elle n’est pas dite en temps
opportun. On peut, en sens inverse, transformer l’atmosphère d’une communauté
quand on cultive le respect, la courtoisie, l’amabilité et la délicatesse.
Peut-être
a-t-on gardé les derniers versets de ce chapitre 5ème d’Isaïe pour vivre
notre samedi ? Pour nous rappeler
l’importance du Shabbat. Là aussi - chez les Juifs - pouvait et peut toujours
se glisser le formalisme. Je pense à la scène que nous rapporte St Marc en son
ch. 3ème.
"Il
entra de nouveau dans une synagogue, et il y avait là un homme qui avait la
main desséchée. Et ils l'épiaient pour
voir s'il allait le guérir, le jour du sabbat, afin de l'accuser. Il dit
à l'homme qui avait la main sèche : " Lève-toi, là, au milieu. " Et il leur dit : " Est-il permis,
le jour du sabbat, de faire du bien plutôt que de faire du mal, de sauver une
vie plutôt que de la tuer ?" Mais eux se taisaient. Promenant alors sur
eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leur cœur, il dit à
l'homme : "Étends la main". Il
l'étendit et sa main fut remise en état. Étant sortis, les Pharisiens tenaient
aussitôt conseil avec les Hérodiens contre lui, en vue de le
perdre". (Mc 3.1-6)
L'importance
du Shabbat - dans la piété juive - est de se rappeler mieux que tous les autres
jours que nous sommes des créatures, que nous sommes bénéficiaires d’un salut
éternel. La Shabbat n’est pas un jour où on se repose pour mieux travailler
après, c’est un jour qui préfigure le "repos" éternel de Dieu dans
lequel nous sommes appelés à entrer un jour.
L’Evangile
nous parle de la conversion du douanier. Etait-ce un jour de Shabbat le jour où
cet homme d’affaire, sur l’invitation de Jésus, abandonnant tout, se mit à le
suivre ; et qu'il organisa un grand festin pour ses amis, publicains et
pécheurs, au grand scandale des bien pensants ? Le texte ne le dit pas. Mais, il peut y avoir une couleur de Shabbat
chaque jour de la semaine, quand toute affaire cessante, on consacre à Dieu
seul, ne fut-ce que quelques instants, …à nous mettre sous le regard de Dieu.
Traditionnellement
on ne dit pas, lundi, mardi mercredi,…etc. ! Chrétiennement on dit "féria
premia, secundo, tertia"…. ; par ce
mot "férie", on signifie qu’il y a un peu de la coloration du
Shabbat chaque jour de l’existence surtout depuis que le Christ, par sa
résurrection, a créé une "tête de pont" par-delà l’absurdité de la
mort. Incorporés que nous sommes à Lui
par le baptême, par Lui et en Lui, dans l’Esprit Saint, toute la vie peut
devenir une liturgie à la gloire du Père. Chaque matin à la messe, nous
ranimons une petite flamme qui ne doit jamais s’éteindre. Comme dit Isaïe
aujourd’hui : "ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton
obscurité sera comme la lumière de midi"
N'est-il pas bon de se rappeler le sens du shabbat -
du dimanche, veux-je dire - en ce temps du Carême qui nous acheminera au
mystère de mort et de vie du Christ, à entrer dans son mystère pascal, nous
invitant à célébrer déjà le "Shabbat éternel d Dieu" ?
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