lundi 23 mars 2020

Re-création - Résurrection !


4ème semaine de Carême  -  Lundi
 
Vous avez certainement remarqué dans la lecture la répétition du mot "créer".
Is 65,17-18 : "Car voici que je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle ;  on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l'esprit. Mais soyez pleins d'allégresse et exultez éternellement de ce que moi, je vais créer : car voici que je vais faire de Jérusalem une exultation et de mon peuple une allégresse".

Ce mot "bara" est connu en hébreu par tous ceux qui ont fait ne fut-ce qu’un tout petit peu d’hébreu biblique. C’est le 2éme mot du premier chapitre de la Genèse :  "Bereshit  BARA" -  "Au commencement Dieu créa le ciel et la terre".

Ce mot qui se trouve aux origines, apparaît également dans l’histoire.
Le peuple élu fait, tout au cours de son histoire, l’expérience de merveilles, de délivrances que Dieu seul, dans sa toute puissance illimitée, peut opérer, "créer".
Au temps de l’exil à Babylone, lorsque le peuple n’est plus qu’ossements desséché et que Dieu le ressuscite pour le faire revenir à Jérusalem, cette délivrance est si déconcertante qu’elle prend l’allure d’une nouvelle création. C’est alors que le mot "Bara" est employé.
Le texte que nous avons entendu en notre lecture est d’un disciple d’Isaïe contemporain de ce retour miraculeux. Il ne trouve pas de mot plus expressif - "bara" - pour parler de ce que Dieu opère, crée) et continuera d’opérer (de créer) dans l’histoire au profit du peuple élu.

A remarquer : C’est l’époque où Jérémie et Ezéchiel parlent d’une "Nouvelle Alliance" qui ne sera rien moins qu’une nouvelle création. Jérusalem dévastée va ressusciter. Alors que beaucoup de peuples, plus importants que la tribu de Juda, ont complètement disparu dans le "méli-mélo" des empires qui se sont succédé,  la petite tribu de Juda, qui a été victime d’un véritable anéantissement, contre toute espérance humaine, par une véritable résurrection des morts, va être objet d’une nouvelle création ; et son histoire qu’on aurait pu croire définitivement interrompue, reprend de plus belle dans une espérance universelle:
"Oui, je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se rappellera plus le passé, il ne reviendra plus à l’esprit".

Ce langage de création aux origines,  de recréation collectivement vécu par le peuple élu au cours de son histoire, va se transférer sur le plan individuel. On le trouve dans la bouche de David, après son adultère avec Bethsabée. Dans sa repentance, il reprend ce langage de recréation. (Ps 50,12)
"Crée en moi un cœur pur".
(Lev tahor bera li Elohim)
"Renouvelle en ma poitrine un esprit de générosité"
(Va rouah nahon rodesh beqirbi)
Ce mot de "bara" exprime l’expérience que fait le peuple élu
d’un Dieu créateur,
d'un Dieu re-créateur collectivement,
et, bien plus, d'un Dieu sans cesse créateur de chaque individu, en fusse-t-il indigne.
"Notre Dieu est un Dieu de délivrance, à Lui sont les issues de la mor".

Les professeurs nous disent que le 1er chapitre de la Genèse est tardif. Dans sa perfection stylistique et sa parfaite construction mathématique, il doit être de l’époque Perse.
Les juifs, pendant l’exil à Babylone, ont vécu sous la domination de l’Empire des Perses. Ceux-ci avaient une religion dualiste. Pour rendre compte du mal, ils posaient que deux principes étaient en lutte dans l’histoire du monde, un principe bon et un principe mauvais. Les écoles juives de scribes, à cette époque, ont jugé bon de rompre avec ce dualisme. La phrase "Dieu vit que cela était bon" revient comme un refrain, dans les jours de la création.

La Bible - Parole de Dieu - veut accompagner la condition humaine jusqu’au fond des problèmes que pose le mystère du mal - pensons à Job, Qohélet, à certains psaumes -  , pensons surtout aux anéantissements du Verbe Incarné qui meurt sur la croix, de la mort des esclaves.

Ainsi, le Carême qui nous invite à la repentance, nous invite à le vivre dans la joie de l’Espérance en le Dieu des délivrances, qui "a les issues de la mort", qui peut récréer comme il nous a créés, à qui nous remettrons un jour notre dernier souffle, dans la certitude qu’il nous le rendra.
Ps 104, 29-30 :  "Tu caches ta face, ils s'épouvantent,
 tu retires leur souffle, ils expirent ; 
          à leur poussière ils retournent.
Tu envoies ton souffle, ils sont créés ;
         tu renouvelles la face de la terre".

Vivons  notre Carême
dans cet esprit de création depuis le début de notre  existence,
dans cet esprit de re-création  tout au long de notre vie au milieu des diverses difficultés, de signes de destruction,
dans cet esprit de résurrection qui se manifestera au seuil de notre éternité !

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