7ème
Dimanche de Pâques 17 / A
“Moi,
je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais confiée”.
À quelques heures de sa passion,
dans une longue prière adressée à son Père, Jésus récapitule l'ensemble de sa
vie. Il exprime ce qui a été son désir, son souci profond, constant et
permanent : l'accomplis-sement de l'œuvre du Père.
Or l'œuvre du Père, c'est que les
hommes le connaissent, qu'ils entrent avec lui dans une relation
filiale réalisant ainsi leur vocation originelle - celle du matin
éternel de la Création - d’être “à
l’image et à la ressemblance de Dieu”.
Aussi, de toute éternité, le Fils
unique de Dieu, lui, “parfaite Image du
Père”, ne peut être que l'unique médiateur qui nous fait entrer dans cette
filiation pour que nous devenions “image et ressemblance de Dieu-Père”.
C’est en ce sens qu’on peut se
souvenir de la parole forte que Jésus a prononcé dans le dernier entretien avec
ses disciples : “Je suis le chemin, la
vérité et la vie. Nul ne va au Père si ce n'est par moi” (Jn 16.6). Toute
l'œuvre de Jésus, ses actes, ses paroles et jusqu'au silence du Vendredi Saint
n'avaient qu'un seul objectif :
- placer les hommes sur le chemin
de la vie
- en leur faisant connaître le
nom du Père
- pour que tout homme soit en relation
filiale avec le Père, comme lui-même, l’unique Fils de Dieu, l’est
par nature.
Voilà en quoi réside sa gloire et sa
joie : que tout homme entre en cette filiation.
Aussi, la prière de Jésus nous offre
un double enseignement.
En premier lieu, elle
nous invite à faire sans cesse retour au Christ comme à celui en dehors
duquel nous ne pourrons pas accomplir notre vocation d’être de plus en plus “à l’image et à la ressemblance de Dieu”..
"Il
n'y a pas sous le ciel, disait St Pierre aux chefs spirituels de
son temps, d'autre nom par lequel nous puissions être
sauvés que celui de Jésus, Fils de Dieu fait homme" (cf. Act. 4.12).
Aussi,
- Nous devons toujours fixer
notre regard sur le visage du Christ, notre guide et notre pasteur.
- Nous devons toujours scruter
ses paroles de vie rapportées par ceux qui ont vu de leurs yeux, entendu de
leurs oreilles, touché de leurs mains (cf. I Jn 1,1).
- Nous devons contempler en Jésus
le visage du Père. Lui seul, venant du Père, peut nous le dévoiler (cf. Jn 14,9). “Seigneur, c'est ta face que je cherche”,
dit un psaume. Aussi, pouvons-nous toujours prier : "Qu'en toi, Seigneur, et par ton Esprit, nous devenions les enfants
bien-aimés du Père".
C’est toute notre vocation de
baptisé. Y pensons-nous suffisamment ?
"Je
ne veux rien savoir d'autre, disait St Paul aux Corinthiens, que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié
!" (I
Co 2.2).
Tourner totalement notre vie vers le Christ !
En second lieu, nous
pouvons dire de la prière de Jésus qu'elle ouvre l'espace de notre mission,
l‘œuvre que nous-mêmes avons à faire afin que Dieu soit glorifié. “Désormais, je ne suis plus dans le monde,
disait Jésus ; eux sont dans le monde, et
moi, je viens vers toi”.
En quelque sorte, Jésus part et nous
laisse la place. Comme le Père l'a envoyé dans le monde, à son tour il nous envoie
poursuivre sa mission. Notre tâche ne diffère donc pas de la sienne. Il s'agit
d'ouvrir les hommes à la paternité de Dieu et, dans le même mouvement, à
la fraternité universelle. Comment pourrions-nous donner à Dieu le nom
de Père sans voir en tout homme un frère ?
Notre idéal de baptisé est toujours
le même aujourd'hui et demain comme hier :
- c'est entrer de plus en plus en
communion avec le Christ,
- cette communion dont l’Eucharistie
est le signe efficace,
- pour mieux annoncer sa Parole
de sorte qu’elle soit entendue.
Car cette communion dans le Christ
engendrera obligatoirement une qualité de vie fraternelle basée
- non pas seulement sur de bons
rapports humains qu’il faut certes rechercher,
- mais sur la Vérité, la Vérité
de la Vie avec Dieu.
“Je
suis venu pour rendre témoignage à la Vérité”, disait Jésus à Pilate qui
répondit, désabusé : “Qu’est-ce que
la Vérité ?”, préférant l’ordre romain, la fausse sécurité des lois
humaines, l’équilibre toujours fragile des rapports humains à cette recherche
de la Vérité divine qui, seule, assure la paix, celle qui vient de Dieu.
C’est dans cette perspective qu’il
nous faut toujours entrer en contact avec toute personne, notamment avec celle
qui peut être fortement blessée dans son humanité mais qui ardemment recherche
cette Vérité de Vie, nous souvenant de cette parole étonnante de Jésus : “les publicains et les prostituées vous
précèdent dans le Royaume de Dieu”. Et pourquoi donc ? "Parce
qu’ils ont cru !". (Mth 21.31-32).
Jésus part et nous laisse donc la
place. Mais il ne nous abandonne pas. Sa prière est toute imprégnée de
sa préoccupation pour ses disciples : “Je prie pour eux... pour ceux
que tu m'as donnés”. Il sait qu'ils seront en butte aux contradictions du
monde comme lui-même l'a été.
Il prie aussi pour ceux qui, sur
leur témoignage, croiront en lui.
Aussi, cette prière, le Christ la
continue dans l'éternité de sa résurrection.
- Aujourd'hui encore, il prie pour
nous, il prie pour chacun de vous.
- Il prie pour ceux qui grâce a nous
s'éveilleront à la Vérité de la Vie de Dieu.
- Et surtout, il nous fait le don de
l'Esprit Saint, premier acteur de la mission, l’Esprit de Vérité, l’Esprit qui
dispose les cœurs à s'ouvrir à la Parole de vie et de vérité.
Aussi, sachons toujours invoquer
l’Esprit que nous célébrerons dans huit jours, en la fête de la
Pentecôte : Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs, viens nous inspirer,
nous fortifier de sorte que, nous aussi, nous puissions dire au soir de notre
vie ici-bas : “Dieu,
Père des miséricordes, par ton Esprit, je me suis efforcé de te glorifier sur
la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais confiée”.