mardi 24 mars 2020

l'eau vive !


4ème semaine de Carême - Mardi

Pour nous parler dans les Ecritures, Dieu se sert abondamment de symboles, de figures, d’images. La cause en est que le langage symbolique est plus apte que les formulations rationnelles à véhiculer les richesses de sa révélation.

Les symboles stimulent l’intelligence à marcher aussi loin que possible, à pas de raison, dans la compréhension des mystères ; et les formulations théologiques s’élaborent ainsi dans le temps, dans la Tradition vivante de l’Eglise, et de cette infaillibilité que lui donne cet Esprit Saint qui mène vers la Vérité toute entière au fur et à mesure que nous sommes capables de la porter.
Cela fait partie de la "pédagogie de Dieu" à notre égard, de "l'économie divine", disaient les Anciens, d'Orient surtout.

Parmi les symboles de la Bible, un des plus riches, avec la manne dans le désert,, il y a l’eau vive. Cette eau vive
qui sort du rocher dans le désert,
qui sort du rocher sur lequel est construit le "Saint de Saints" du Temple de Jérusalem.

Notre lecture nous a donné l’occasion de relire la vision d’Ezéchiel. Cette source sort du Temple, fait pousser des arbres dans le désert et ressuscite la Mer Morte.
Cette source qui sort de la cuvette de Jérusalem, entre le Mont des Oliviers et la "Maison d’Abraham", on la retrouve à la fin du prophète Joël.
Jl 4,18 : "Ce jour-là…., une source jaillira de la maison du Seigneur et arrosera le ravin des Acacias". 

On la trouve encore dans le dernier chapitre de Zacharie.
Za 14,8 : "Il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem ; il y en aura été comme hiver". 

Cette source, dans la Bible, est liée à l’avènement du Royaume de Dieu ; elle est permanente et elle coule non seulement vers le désert et la Mer Morte, mais aussi vers la Méditerranée.

On peut dire que tout le mystère de Jérusalem, qui n’a pas encore fini de se révéler, s’inscrit entre cette petite source -, "les eaux de Siloé qui coulent doucement -  et le grand fleuve apocalyptique qu’annoncent les prophètes pour la fin des temps.

De plus, remarquons également : le Temple, qui est au centre de Jérusalem, est encadré par deux sources :
celle de Siloé - au sud - où Jésus guérit l’aveugle-né - cette source dont je viens de parler -  
et celle de Bethesda - au nord - où Jésus  - c’est l’Evangile d’aujourd’hui – guérit le paralytique.

La Loi ancienne interdisait aux aveugles et aux boiteux d’entrer dans le Temple. Pourquoi ?
Les Cananéens se moquaient de David, avant la prise de Jérusalem.
2 Sm 5,6-8 :  David avec ses gens marcha sur Jérusalem contre les Jébuséens qui habitaient le pays, et ceux-ci dirent à David : "Tu n'entreras pas ici ! Les aveugles et les boiteux t'en écarteront" c'est-à-dire : David n'entrera pas ici.
Mais David s'empara de la forteresse de Sion ; c'est la Cité de David.  Ce jour-là, David dit :  … "Quant aux boiteux et aux aveugles, David les hait en son âme.  C'est pourquoi on dit : Aveugle et boiteux n'entreront pas au Temple". 

Et de même le Lévitique enseigne :
Lv 21,16-18 : "…Aucun homme ne doit s'approcher (pour une offrande à Dieu) s'il a une infirmité, que ce soit un aveugle ou un boiteux, un homme défiguré ou déformé",

Mais Jésus, lui, pensera et agira différemment.
Mt 21,12-14 : "Puis Jésus entra dans le Temple et chassa tous les vendeurs et acheteurs qui s'y trouvaient : il culbuta les tables des changeurs, ainsi que les sièges des marchands de colombes. Et il leur dit : " Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière.  Mais vous, vous en faites un repaire de brigands !".  Il y eut aussi des aveugles et des boiteux qui s'approchèrent de lui dans le Temple, et il les guérit."

Et, pour faire court malheureusement, St Jean le théologien dira :.
Jn 19,31-37 : "Comme c'était la Préparation (dusabbat), les Juifs, pour éviter que les corps restent sur la croix durant le sabbat demandèrent à Pilate qu'on leur brisât les jambes et qu'on les enlevât. Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui.
Venus à Jésus, quand ils virent qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau. Celui qui a vu rend témoignage pour que vous aussi vous croyiez.  Car cela est arrivé afin que l'Écriture fût accomplie : Pas un os ne lui sera brisé. Et une autre Écriture dit encore :  Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé". 

L’Eglise voit dans cette source qui jaillit du Christ en Croix, qui est le Temple au plein sens du mot , ces sacrements qui véhiculent jusqu’à nous, dès maintenant, la réalité ultime de la Rédemption, qui, à tout moment, nous permettent de reprendre l’élan d’une Vie nouvelle.

Aucun commentaire: