2ème semaine de Carême -
Mercredi
Le but principal
du Carême est de nous faire rejoindre Jésus dans sa montée à Jérusalem.
Ses options
messianiques, nous les
connaissons depuis le récit de la triple tentation au désert, depuis sa
rencontre avec Satan au début de sa vie publique, après son baptême dans le
Jourdain.
Ces options qui se sont certainement formées durant
ses trente ans de sa vie cachée dans les horizons de Nazareth, dans la
méditation de la vie des prophètes …, ces options sont très éloignées de la
mentalité de son peuple à l’époque.
Pour faire
part de ses options messianiques,
il choisit quelques apôtres qu’il éduque et qu’il initie lentement en
parcourant le pays. C’est seulement au bout de quelques mois que dans la région
de Césarée de Philippe, au Nord du pays – lieu pourtant très païens ! -, il les
révèle explicitement à ses apôtres après la confession de Pierre et la
fondation de l’Eglise.
Pierre est le
premier "scandalisé". "A
Dieu ne plaise, Seigneur, tout cela ne t’arrivera pas !". Il se fait
rabrouer et même traiter de Satan qui le premier avait tenté de détourner Jésus
de ces options.
Moïse et Elie
sur la montagne de la Transfiguration apparaissent alors pour confirmer que
les options messianiques de Jésus sont celles qui correspondent au dessein
de Dieu pour le salut du monde. Et s’intensifie alors la montée à Jérusalem, en
même temps que s’accroît l’incompréhension de ses apôtres les plus intimes.
L’Evangile
d’aujourd’hui est particulièrement révélateur de ce décalage, de cette incompréhension, en rappelant les
prédictions des prophètes, et surtout en évoquant la figure du "Serviteur
souffrant" dont parle Isaïe en particulier.
Les apôtres qui
suivent Jésus, n'y prêtent aucune attention. Bien plus, ils discutent de la façon la plus mesquine sur
lequel d'entre eux qui occupera la première place dans le royaume à venir qu’ils imaginent
selon la mentalité courante de l’époque : on rêvait alors du triomphe sur
l’occupant romain, de la restauration de la gloire salomonienne, et d’une
suprématie mondiale d’Israël sur le monde… Et que sais-je encore.
C’est la mère de
Jacques et Jean qui se fait naïvement l’interprète des ambitions qu’elle a pour
la carrière de ses deux garçons. Et cette demande se place juste immédiatement
après que Jésus, pour la deuxième fois, ait formulé le tragique de sa destinée
et parlé de la "coupe amère" qu’il demandera à son Père de ne pas
boire lors de son agonie à Gethsémani : "Pouvez-vous boire à la coupe
que je dois boire ?"
Pour nous aider
à rejoindre Jésus dans sa solitude
incomprise, la liturgie du Carême fait souvent appel à Jérémie qui a eu
lui aussi son "Gethsémani," et qui nous fait part des souffrances qui
ont jalonné toute sa vie et qui sont toutes liées à son ministère.
Il nous les a
confiées avec une sincérité qui nous aide à rejoindre Jésus dont il est une
impressionnante préfiguration.
L’incompréhension
de ses compatriotes à Anatot, sa ville natale, ses échecs, la persécution
officielle ou sournoise qu’il subit
quand il met en
question les fausses sécurités que l’on cultive à l’époque,
quand il
critique le culte somptueux et formaliste du temple qu’on considérait comme une
sorte d’"assurance tout-risques" et une garantie d’échapper à toutes
les menaces de catastrophes qui s’accumulent comme des nuages à l’horizon...
Aucun personnage
de l’Ancien Testament ne peut mieux nous aider dans cet effort que nous sommes
invités à faire durant le Carême pour rejoindre Jésus
dans la solitude incomprise de sa montée à
Jérusalem,
dans ce dialogue
où il n’a plus pour interlocuteur que
Dieu seul, dont il est venu réaliser le dessein de salut pour le monde
entier.
Relisons Jérémie
et en particulier les passages qu’on a appelés les "confessions de
Jérémie" et que les notes de nos Bibles et les introductions de nos
éditions nous font facilement retrouver.
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