2ème semaine de Carême -
Mardi
Le contraire du blanc pour Isaïe, ce n’est pas le noir mais le rouge. "Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront comme la neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront blancs comme la laine".
Sous des
images très différentes de celles qu’employait Ezéchiel, Isaïe nous montre la
puissance de la conversion.
La repentance, si elle est loyale, peut nous
faire naître à une vie complètement nouvelle. Le pardon que Dieu donne est si
total et si gratuit
qu’il
équivaut à une nouvelle création,
qu’il
inaugure une alliance nouvelle,
qu’il
peut être le point de départ d’une histoire d’amour plus belle encore
que celle des fiançailles originelles.
Le Carême
est "ce désert", dont parle le prophète Osée ; il donne l'occasion,
plus spécialement que dans tout le reste de l’année, de profiter de la
possibilité de transformation que le pardon de Dieu peut produire en nous.
La fidélité de
Dieu en l'Alliance qu'il a établie avec son peuple, avec chacun d'entre
nous, est, comme dans un vrai
mariage, sublime :
Os
2, 15b-25 :
"Et elle (
la nation d'Israël)
, elle m'oubliait ! Oracle du Seigneur.
C'est pourquoi je vais la séduire, je la conduirai au désert et je
parlerai à son cœur.
Là, je
lui rendrai ses vignobles, et je ferai du val d'Akor une porte
d'espérance.
Là,
elle répondra comme aux jours de sa jeunesse, comme au jour où elle montait du
pays d'Égypte.
Il
adviendra, en ce jour-là - oracle du Seigneur - que tu m'appelleras " Mon mari ",
et tu ne m'appelleras plus "Mon Baal". J'écarterai de sa bouche les
noms des Baals, et ils ne seront plus mentionnés par leur nom. Je conclurai
pour eux une alliance, en ce jour-là, avec les bêtes des champs, avec les
oiseaux du ciel et les reptiles du sol ; l'arc, l'épée, la guerre, je les
briserai et les bannirai du pays, et eux, je les ferai reposer en sécurité.
Je te
fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et dans le
droit, dans la tendresse et la miséricorde;
je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur.
Il
adviendra, en ce jour-là, que je répondrai - oracle du Seigneur - je répondrai
aux cieux et eux répondront à la terre ;
la terre répondra au froment, au vin nouveau et à l'huile fraîche, et
eux répondront à Yizrée (1)l. Je
la sèmerai dans le pays, j'aurai pitié de Lo-Ruhamah, je dirai à Lo-Ammi :
" Tu es mon peuple " et lui dira : " Mon Dieu ! "
(1) (n/b/ : Yizréel veut dire étymologiquement : "Dieu sème").
L’Alliance
renouvelée, qui s’exprime à la fin de ce passage d’Osée, devient dans le
Cantique des cantiques : "Mon bien aimé est à moi et je suis à
lui".
La seule
condition qui est mise à ce renouvellement radical est la loyauté et la
sincérité. Jésus, dans l’Evangile dénonce tous les pièges qui peuvent nous
empêcher de profiter des re-créations que Dieu propose à ceux qui trouvent les
chemins de la repentance.
Il s’agit
d’échapper à la comédie humaine.
Se situer
sous le regard de Dieu qui voit dans le secret et sonde les reins et les cœurs.
Ne pas
agir pour être remarqués des hommes.
Ne pas
exagérer l’importance des signes extérieurs, ne pas briguer les premières
places dans les synagogues, les repas, les réunions en général.
Recevoir
avec une certaine répugnance les titres que la coutume décerne à ceux qui ont
des responsabilités importantes dans la vie communautaire. Ne vous faites pas
appeler Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître et que vous êtes tous frères.
Le
catéchisme du Concile fait une mise au point importante à ce que dit
Jésus : "Ne donnez à personne le nom de père car vous n’avez qu’un
seul Père, Celui qui est aux cieux".
§
2779-2780 : développement de certaines mises au point quand nous disons "Notre
Père."
§ 2779 : "Avant
de faire nôtre ce premier élan de la Prière du Seigneur, il n’est pas inutile
de purifier humblement notre cœur de certaines fausses images, de
« ce monde-ci ». L’humilité nous fait reconnaître que « nul ne
connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut bien le
révéler », c’est-à-dire « aux tout-petits » (Mt 11,25-27).
La
purification du cœur
concerne les images paternelles ou maternelles, issues de notre histoire
personnelle et culturelle, et qui influencent notre relation à Dieu. Or, Dieu
"Notre Père" transcende les catégories du monde créé. Transposer sur Lui,
ou contre Lui, nos idées en ce domaine serait fabriquer des idoles, à adorer ou
à abattre.
Prier
le Père c’est entrer dans son mystère, tel qu’Il est, et tel que le Fils nous
L’a révélé : « L’expression Dieu le Père "n’avait jamais été
révélée à personne. Lorsque Moïse lui-même demanda à Dieu qui Il était, il
entendit un autre nom. A nous, ce nom a été révélé dans le Fils, car ce
nom implique le nom nouveau de "Père "» (Tertullien, or.3.)
§ 2780 : "Nous pouvons invoquer Dieu comme
"Père" parce qu’Il nous est révélé par son Fils devenu homme,
et que son Esprit nous Le fait connaître. Ce que l’homme ne peut
concevoir ni les puissances angéliques entrevoir, la relation personnelle du
Fils vers le Père (cf. Jn 1,1), voici que l’Esprit du Fils nous y fait
participer, nous qui croyons que Jésus est le Christ et que nous sommes nés de
Dieu (cf. 1 Jn 5,1).
Nous ne
pouvons dire "Notre Père" au début de l’oraison dominicale, que dans
le Fils et dans l’Esprit Saint, traversant toutes les images paternelles et
maternelles, issues de notre histoire personnelle et culturelle.
Lisons ce
texte capital. Il nous offre une bonne occasion de revaloriser cette
appellation de "Père" qui est un peu trop banalisé dans le langage
ecclésiastique.
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