2ème semaine de Carême -
Vendredi
On dit que le
pape Jean XXIII, recevant au Vatican une délégation de juifs, est allé à leur
rencontre et les a accueillis chaleureusement en leur disant : "Je suis
Joseph, votre frère".
La lecture
d’aujourd’hui nous plonge dans l’histoire de Joseph en choisissant
quelques versets du chapitre 37ème de la Genèse qui inaugure une
histoire passionnante qui occupe les 13 derniers chapitres de ce premier livre
de la Bible.
Les nécessités
de la pastorale forcent la liturgie à des raccourcis ; mais – et c'est
important -, il faut considérer ces raccourcis comme des invitations à une
entière lecture du texte.
Bien des
catéchistes ont fait cette expérience : raconter toute l’histoire de Joseph
dans son ensemble, passionnait les enfants et gravait cette histoire dans leur
mémoire pour toute leur existence ; …et ces enfants devenus adultes
découvriront plus tard, à partir du texte, bien des leçons qui
s'appliqueront à leur vie, à la vie des hommes… et surtout au mystère même du
Christ… !
Des quelques
versets qui nous sont offerts aujourd’hui, on peut déjà tirer une conclusion en
remarquant qu’il est impossible dès le début du récit de discerner qui porte
la responsabilité de la "vente" de Joseph et de son exil en
Egypte.
Est-ce l’ensemble
des frères et leur jalousie ?
Quel est le rôle
de Ruben, l’aîné qui a essayé de sauver son frère ?
Est-ce Juda qui
essaye de le vendre à une caravane d’Ismaélites ?
Lors d'un
pèlerinage en Israël, on m'a lu un passage d'un Midrash (commentaire de la Torah) : deux Rabbins se promenaient à proximité
d’un pigeonnier. Ils parlaient de Joseph et vous savez que l’odeur des
pigeonniers n’est pas agréable.
L’un des Rabbins
disait : "Quand même, est-ce possible que Dieu ait abandonné le petit
Joseph, tout seul au fond d'un puits ? Ses frères pique-niquent assis sur la
margelle du puits alors qu’il pleure au fond de ce puits ! Et puis, ces
caravanes de bédouins avec leurs chameaux, ça sent encore plus mauvais que les
crottes de pigeon !".
Et l’autre
Rabbin de rétorquer : "Tu n’as pas bien lu le texte. Qu’est-ce que
transportaient les chameaux ? De la gomme adragante, du baume et du
ladanum, des denrées précieuses et parfumées que l’Egypte importait du pays de
Galaad".
Sans faire des applications trop faciles, on peut dire qu'avec le
Christ ressuscité et toujours vivant, il
y a, en toute épreuve, il y a toujours un parfum d'espérance… , un
parfum d'éternité !
Simple réflexion pour affirmer : Dieu n’abandonne jamais le Juste. C’est au milieu des parfums (prémices d'un futur
glorieux) que Joseph a été
transporté en Egypte !
Bref, qui a
vendu Joseph ? Ruben lui-même, constatant que Joseph n’était plus dans la
citerne, ne s’y reconnaît plus. Et puis, qu’est-ce qui s’est passé pendant le
voyage puisqu’à l’arrivée en Egypte ; ce ne sont pas les Ismaélites qui vendent
Joseph mais des Madianites !
On pourrait déjà
tirer de ce chapitre 37ème, lu en détail, une mise en garde sur la
responsabilité des auteurs du crime et admirer, quand on fait une lecture chrétienne
de la Bible, la sobriété de notre Credo, qui, parlant des responsables de la
crucifixion, se contente de dire : "sub
Pontio Pilato"., "Sous Ponce Pilate" Sans autre
allusion !
Soyons toujours
très prudents quand il s'agit d'accusations !
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