dimanche 29 juillet 2018

Jésus, là et au-delà !


17e Dimanche du T.O. 18/B

Nourrir cinq mille personnes, sans compter les femmes et les enfants, avec cinq pains et deux poissons, et cela dans un désert, c'est véritablement un exploit ! De quoi faire chanceler les statistiques et renoncer à toute prospective économique !

Les quatre évangélistes ont été fascinés par ce miracle de la "multiplication des pains", le seul qu'ils ont tous raconté. Les commentaires et les diverses œuvres d'art de tous les siècles ont souvent braqué les projecteurs sur les corbeilles pleines, voire sur les restes ! Et c'est aussi, très souvent, notre réaction : regarder le merveilleux du geste très humain de Notre Seigneur, hier et aujourd'hui encore !
             
Pourtant, les évangélistes, et particulièrement Jean, dirigent l'attention sur Jésus. Ce Jésus, qui est-il ? Ne vient-il pas de renouveler le miracle de la manne pour un peuple affamé ? Alors comment ne serait-il pas pour ces foules d'admirateurs "le prophète qui doit venir dans le monde" ? Mais quel prophète ? Qu'attendent-elles de lui, ces foules enthousiastes ? Du pain ? Oui, sans doute, mais quoi encore ? Et nous-mêmes ?

A l'époque de Jésus, la Palestine était troublée - le monde n'a guère changé ! -. Les partis s'affrontaient âprement. Des opérations de résistance étaient menées contre l'occupant romain ; elles se terminaient assez souvent dans le sang de la répression. Si certains nourrissaient à l'égard de Jésus des intentions malveillantes, d'autres au contraire essayaient de l'attirer à eux, de l'accaparer, de le récupérer au profit de leurs idées, de leur cause et de leur parti !
Le peuple - le plus grand nombre -, lui, suivait, toujours attentif à l'immédiat - au pain partagé - plus qu'au sens profond de l'événement et du message.
             
Et nous-mêmes, ne cherchons-nous pas à "récupérer" Jésus pour qu'il soit caution de ce que nous pensons, de ce que nous faisons, de nos projets d'avenir ?

Pourtant, les deux phrases qui encadrent le récit - la première et la dernière - sont déconcertantes, mais fortement significatives.
- Jésus fait des miracles ; il guérit des malades..., surtout. C'est le succès. La foule le suit... , admirative. Et cependant voilà Jésus qui se met à l'écart.  "Il s'en alla de l'autre côté de la mer de Galilée".
- On le rejoint ; et là-bas, Jésus pose un autre signe encore : il multiplie les poissons et les pains. Et la foule veut le faire roi. Mais l'évangéliste note : "Il s'enfuit de nouveau dans la montagne, seul".

Jésus s'en va pour ne pas être rattrapé, saisi et "récupéré". Il veut être toujours devant. Il veut qu'on le cherche, qu'on le recherche sans cesse. Le verbe "chercher" est un mot clé de ce chapitre de Jean (ch. 6) et de toute la Bible d'ailleurs !
Jésus renoncerait à lui-même, à ce qu'il est - "l'Envoyé du Père" -, s'il ne provoquait pas à le chercher. Le fait de s'éloigner de la foule en dit sans doute plus sur lui que la multiplication des pains. Ou plutôt, les deux parlent en même temps : il dit "qui il est" à la fois
- homme lui-même et très proche des hommes, répondant à leurs besoins spirituels et corporels...
- et, en même temps, très éloigné d'eux, par la distance qu'il y a entre les hommes et lui-même, "Fils de Dieu, l'Envoyé du Père" !
             
La recherche de Jésus fait aller au-delà des désirs immédiats et faciles qu'on se donne. Cette "recherche" - la quête de Dieu", disaient les Anciens - engage largement vers un "au delà" de ce qui est perçu !

C'est à chacun de nous de réfléchir à sa "recherche du Seigneur" Sous des formes très variées, certains "Mouvements spirituels", certains chrétiens engagés politiquement, socialement ou que sais-je encore..., et d'autres... tentent de se saisir de Jésus. "Jésus est là dans mon groupe de prière, dans mon action politique..., sociale et dans ce que je pense, je vis". C'est vite dit !    Oui, c'est vrai : le Christ est là ! Toujours présent ! Mais chacun de nous ne court-il pas le risque de faire de Jésus "son Jésus à soi", de le ramener à sa petite mesure à soi ? Un risque que tout croyant ne peut pas ne pas courir !

Le pape François, dans sa belle lettre "Appel à la sainteté" nomme cette déviance facile et fréquente : "le gnosticisme" ! "Le gnosticisme, dit-il, est une foi renfermée dans le subjectivisme (en son "moi") où seule compte une expérience déterminée..". Comme je dis facilement : "Chacun se fait sa religion, à soi !". Et l'on oublie l'essentiel, précise le pape : l'Incarnation..., le mystère pascal... le Christ ressuscité dont le Corps plénier est l'Eglise. Or, c'est justement l'enseignement de l'Eglise qui est notre sauvegarde. Notre Seigneur n'a-t-il pas dit à Pierre : "J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas..." (Lc 22.32).
             
Comment reconnaître vraiment Jésus si, en même temps, on ne voit pas qu'il est "au-delà" des représentations, des prétentions et des attentes souvent trop sensibles, humaines et qui, de plus, sont souvent très différentes, ce qui engendre parfois des divisions plus ou moins profondes. En s'éloignant, Jésus invite à aller au-delà des signes qu'il a fait lui-même, à sortir de nous-mêmes. Le Christ est à la fois immédiat et lointain. Il est homme et Dieu ! Ne l'oublions pas !
             
Oui, il faut reconnaître le Christ présent, là, parmi nous, en nous, mais en sachant combien il faut sans cesse le rechercher là-bas "au-delà", toujours plus loin.

Oui, en s'écartant de la foule, Jésus nous propose un équilibre qui n'est pas toujours confortable. Je prendrais facilement une comparaison à l'actualité : l'image de l'équilibre du cycliste du tour de France : celui-ci n'est bien assuré sur son vélo que s'il avance en pédalant et en regardant "au-delà". Le chrétien n'est bien avec Jésus-homme que s'il avance vers un "au-delà", vers Jésus-Dieu !

Le chrétien, aujourd'hui particulièrement, ne tient en équilibre que s'il est toujours en recherche, car Jésus est toujours devant !


samedi 21 juillet 2018

Les vacances !


16. T.O. 18/B   -    

Pas de doute ! En ces semaines d’été, il nous faut parler “vacances”, puisque Jésus lui-même nous y invite : “Venez à l'écart, reposez-vous un peu” !  Après la mission, le repos ! Après le travail, la détente ! C’est normal ! Chacun y a droit, chacun devrait pouvoir le faire...

“Venez à l’écart…” - “Venez…!”.  Il s’agit donc de “partir en vacances…” ! On quitte ses lieux habituels même si, pour certains, ce départ ne se fait que dans la tête. Mais on change de rythme simplement.
Cependant l'Évangile semble décrire la situation de tant d'hommes et de femmes d'aujourd'hui qui mènent une vie telle qu'ils n'ont même "plus le temps de manger". L’expression est même dans l’évangile ! C'est le tourbillon ! Alors, avec les vacances, voici le temps d'un départ, en tous les cas, le temps d'un autre temps.

Jésus nous enseigne le but de ce départ : car le temps des vacances, ce  peut être un temps de silence, je dirais le temps d'une respiration profonde. Le temps d'un silence n'est du temps perdu. Paul Valéry disait : “Chaque atome de silence est l'espoir d'un fruit mûr”.
Même si nous sommes en des lieux fréquentés, sachons nous en extraire.
Même si on reste chez soi, cherchons à faire silence en nous.
Tant il est vrai que ce n’est pas en rompant à chaque instant la solitude que les hommes deviennent capables de mieux communiquer. Non, c'est souvent dans la profondeur d'un grand silence. Car dans le silence, on découvre plus facilement l’essentiel.

C’est en approfondissant le silence que le temps des vacances peut devenir le temps d’une vraie parole.
Quand on prend le temps d'un silence profond,
- on retrouve une intimité plus développée entre époux, entre parents et enfants, entre amis...,
- on prend le temps de s’écouter pour bien s’entendre,
- on risque une parole qui depuis longtemps n'avait pu s’énoncer,
- on risque à nouveau les simples gestes de la tendresse.
Heureux aussi ceux qui, à l'ombre d’une vraie parole, savent prendre le temps de se taire ensemble, de faire silence ensemble pour mieux communier à l’essentiel !

Le temps des vacances, ce peut être encore le temps d'un partage, le temps de partager ce qui nous fait vivre, avec les amis de longue date ou de rencontre...
L'Évangile dit : “ils rapportèrent ce qu'ils avaient fait, ce qu'ils avaient enseigné”. Un échange de paroles lourdes de vie et qui nous fait découvrir les profondeurs de l'autre, y compris du familier qu'on croyait connaître pourtant !

Le temps des vacances, c’est encore le temps où l'on prend de la distance, de la hauteur. Alors on voit le monde autrement, on vit autrement. Un auteur spirituel, en fin de vie, disait : “le temps n'est pas rempli de ce qu'on y met. Mon temps se remplit par l'attention que je lui porte, par le goût que j'en prends”. Au fond, de bonnes vacances seraient celles qui nous redonnent le goût de vivre.

Mais voilà ! La réalité n'est pas toujours conforme à nos souhaits. Même pour Jésus ! Il veut être à l’écart ; et les foules le suivent ! Mais cette circonstance peut nous enseigner une autre manière de voir les événements et surtout ceux qui viennent à nous !
Au lieu de voir d'abord des intrus pour lui et ses disciples, Jésus les regarde eux, pour eux-mêmes. Il voit une foule de gens, fatigués, en quête d'espérance, de repères, de repos. Ils sont comme des brebis sans berger et au temps de Jésus cela voulait dire “être voués à une mort rapide”.
“On ne voit bien qu'avec le cœur”, disait Antoine de Saint-Exupéry. Alors du cœur de Jésus, de son cœur humain habité par l'Esprit-Saint, jaillissent la pitié et la pratique de la pitié. Ce regard du cœur ne doit-il pas être aussi celui de tout disciple du Seigneur ?

Deux choses encore dans la pratique de Jésus :
C’est lui, Jésus, qui se dépense, si je puis dire. L'Évangile semble dire que Jésus a laissé ses apôtres se reposer.
Et c'est lui qui accueille et enseigne la foule.
Dans le monde, comme dans l'Église, comme en bien des familles, des responsables âgés, fatigués pourraient prendre un repos nécessaire si d'autres acceptaient de donner un peu de leur temps... ... Simple réflexion !
             
Il est dit aussi que “Jésus se mit à les instruire longuement”.
Ce jour-là, il ne guérit pas les malades. Peut-être que ceux-ci (n'avaient pas pu faire le déplacement...
il ne leur partage pas le pain. Jésus sait que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Alors Jésus leur donne sa parole.

Ces paroles par nous connues, à nous confiées... nous avons partout et en tout temps à les faire connaître aux hommes et aux femmes qui cherchent des repères ou un peu d'espérance. Il nous faudra donner notre attention et aussi du temps, beaucoup de temps peut-être. “Jésus les instruit longuement”, dit notre évangile.

Et je me dis encore : “Être patient” a deux sens : donner du temps, mais aussi souffrir, souffrir de la lenteur, de la non-compréhension, de l'exigence de l'autre. Être patient comme est patient le semeur - Jésus a pris cette comparaison - comme est patient notre Dieu lui-même à notre égard !

Voici donc le temps des vacances :
- Heureux celui qui prend de son temps pour rencontrer le Seigneur, pour l'écouter, le “goûter” - “Voyez comme est bon le Seigneur”... (Ps 33)
- Heureux celui qui s'expose à Dieu comme on s’expose au soleil et qui - sans même peut-être le savoir - en revient marqué. Ainsi Moïse, descendant du Sinaï, avait le visage lumineux ; lui ne le savait pas, mais les autres le voyaient... !

Voici donc le temps des vacances : un temps privilégié
- pour nous laisser aimer et pour aimer.
-  pour mieux comprendre et la détresse du monde et la tendresse de Dieu.

vendredi 20 juillet 2018

Le véritable Sabbat !


15e T.O. 18 Vendredi

Grande, précieuse institution que celle du sabbat. Les Juifs y tenaient comme à la prunelle de leurs yeux. À travers le sabbat s'exprimaient leur identité, leur foi, leur histoire...

Le jour du sabbat était jour de repos en l'honneur de Dieu qui avait libéré son peuple de l'Égypte, terre de "servitude", pour l'orienter vers une terre de liberté, une terre de "service" de Dieu, terre promise, quasi-divine ! C'était dire que l'homme, citoyen de la terre est déjà, dans la pensée de Dieu, citoyen des cieux. Fêter le sabbat, c'était déjà sanctifier le temps, le temps de la vie pour l'orienter vers Dieu.

Le jour du sabbat était encore un jour de célébration. Il fêtait les hauts faits de Dieu à l'égard des siens. Il était jour de reconnaissance pour la présence agissante de Dieu dans nos vies. C'était donc jour d'espérance, car le Dieu fidèle hier l'est aussi aujourd'hui, et le sera demain. Fêter le sabbat, c’est espérer !
             
Il y a bien d'autres caractéristiques merveilleuses du sabbat. Et on pourrait montrer que le dimanche chrétien recèle des valeurs semblables à celles du sabbat. Normal, les premiers chrétiens étaient des Juifs ! Avec évidemment, une différence capitale : Le Dimanche est centré sur le Christ, Fils de Dieu devenu homme, mort et ressuscité pour notre salut et qui nous appelle à partager sa gloire éternelle.
Et si le Christ, Fils de Dieu, est venu dans le temps, c'est qu'il en est aussi le "maître". Il est le commencement et la fin de toutes choses. Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin” (Apoc 22/12). S’il est venu dans le temps, il est avant et après le temps !

Aussi Jésus précise aujourd'hui que si le sabbat est bon, il doit orienter vers un au-delà de l'espace et du temps. 'Il y a ici plus grand que le temple", dit Jésus. Le temple n'est pas le but de la vie, comme le clamera St Etienne qui signera sa mort par cette proclamation. Le temple n'est que "le lieu que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom" (Cf. Dt 12.5). Le temple n'est pas le lieu de la présence de Dieu. Le vrai temple, c'est Dieu lui-même. Aussi Dieu s'est fait homme pour que l'homme fasse alliance avec Dieu, s'unisse déjà à Dieu ici-bas et totalement au jour éternel.

Le Christ, dit St Paul, "récapitule" tout en lui-même. Toute l'histoire - et l'histoire de notre vie - s'incère en ce moment unique en lequel Dieu s'est incarné, à "l'accomplissement du temps" (Gal 4.4), dit-il encore.

Le dimanche est donc l’occasion pour nous de remettre le déroulement de toute notre vie à partir de son origine et en vue de sa fin, son terme, Dieu lui-même. - Toute célébration eucharistique rappelle que notre destinée n'est pas sur terre, mais en Dieu qui nous a créé "à son image et à sa ressemblance". Dieu est à l’origine. Et c’est vers lui que nous allons. Il est aussi au terme.

Mais si le dimanche sanctifie le temps, comme le sabbat, il est aussi le jour qui donne sens au temps…, à notre temps. Reprenant le prophète Isaïe, Jésus dira : “L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé vers les captifs, les aveugles, les opprimés…” (Lc 4.18).
Notre Dieu est un Dieu au-delà de l'institution, de quelque sabbat que ce soit. Jésus, "Maître du sabbat", dépasse l'institution en pardonnant, en exerçant la miséricorde divine. C'est dire que Dieu vient toujours dans le temps de notre aujourd'hui et dans un espace donné, en pardonnant, en exerçant sa miséricorde. (Cf. Pape François)

Voilà ce qui n’est pas toujours  simple à admettre. Pour beaucoup, cela rend Dieu trop quotidien et contrarie une tendance générale qui consiste à renvoyer Dieu à un autre temps, passé ou futur, et en un autre lieu, tous deux lointains et inaccessibles.

Et puis - il est vrai -, un Dieu trop quotidien rappelle à l’homme sa responsabilité immédiate envers ses frères. Car Jésus écarte un culte des lèvres au profit d’un culte du cœur, plus profond, plus exigeant. Dieu est dans le temps, dans notre temps et il a besoin de nous pour transmettre son pardon, sa miséricorde. Dieu dans nos joies, Dieu dans nos pleurs, avec nous. Dieu ici et maintenant ! Le dimanche rappelle que Dieu remplit, veut remplir notre temps, comme il l’a signifié il y a deux mille ans ! Dieu avec nous !

Enfin, le dimanche est jour de célébration :
Et pour le chrétien, le vrai sabbat est l'Eucharistie.
Le Christ nous a laissé un signe merveilleux de sa présence en notre temps, parmi nous, avec nous, en nous. Il vient, veut venir dans le temps, en notre temps pour actualiser l'union possible de Dieu avec l'homme, union réalisée une fois pour toutes par le mystère pascal du Christ.
Le cardinal Journet avait cette belle réflexion : "Quand un prêtre consacre, le Christ, trouant ce moment du temps, envoie dans les ténèbres du monde un rayon de sa passion qui déséquilibre les puissances du mal, purifie les profondeurs de l'univers afin que s'affirme la toute-puissance salvatrice de la croix… en vue de la résurrection".

Aussi, St Ignace d'Antioche, dès la fin du 1er siècle, s'exclamait : "Que personne ne s'y trompe ! Ne pas venir à l'assemblée (à l'Eucharistie), c'est s'excommunier soi-même".

dimanche 15 juillet 2018

Le "plan" de Dieu, son desein


15e Dimanche du T.O. 18/B

S'il est difficile de se faire accepter comme prophète dans son propre pays - on l'a vu dimanche dernier à propos de Jésus à Nazareth -, la difficulté n'est pas moindre quand on vient d'ailleurs, surtout d'un pays "frère" avec lequel on se trouve en conflit. On le voit aujourd'hui en certains pays (Afrique, Brésil) où des chrétiens renouvellent l'expérience du prophète Amos (1ère lect.).
             
Le prophète Amos ! C'était à l'époque du "schisme" d'Israël. Originaire du Sud, du royaume d Juda, de Jérusalem Amos vint proférer des oracles d'une virulence très rare - il est vrai ! - contre le Royaume du Nord, ses dirigeants, et ses habitants.
Sa prédication et ses annonces de châtiments pour ce Royaume du Nord qui avait acquis une remarquable prospérité économique - mais au prix de bien des injustices et de compromissions ! - constituent, au regard des gens en place, une intolérable provocation.
             
Quand Amos s'en prend jusqu'au sanctuaire local, Amazias, chef des desservants, entre en lice. Il dénonce l'homme au roi Jéroboam : "C'est un conspirateur du Sud infiltré dans le pays. Il faut l'expulser immédiatement". Et sans attendre la réaction du roi, le prêtre Amazias cherche à intimider Amos pour qu'il repasse la frontière au plus vite. Il l'interpelle en termes méprisants : "Va-t'en d'ici, avec tes visions !" Ce qui veut dire : "Tu n'es qu'un exalté qui raconte n'importe quoi, qui appelle visions les élucubrations d'un esprit dérangé!". Et Amazias insiste : "Enfuis-toi au pays de Juda ; Là-bas tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète". L'ironie est cinglante : "On ne se laisse pas prendre à tes paroles, homme stipendié pour essayer de jeter le trouble parmi nous. Retourne d'où tu viens ! Les gens de là-bas vont peut-être te payer pour jouer ce jeu chez eux !"  Ce genre de réaction et de discours calomniateurs est de tous les temps.
             
Amos répond : "Je n'étais pas prophète ni fils de prophète; j'étais bouvier, et je soignais les figuiers. Mais le Seigneur m'a saisi quand j'étais derrière le troupeau, et c'est lui qui m'a envoyé : Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël".
La réponse d'Amos est humble, mais ferme. Non, il n'a rien à voir avec ces bandes d'extatiques qu'on peut rencontrer autour des sanctuaires. Il avait un métier dont il tirait sa subsistance : ce n'est ni le besoin, ni l'appât du gain qui lui a fait quitter son travail. Il a été "saisi"  par Dieu, en quelque sorte, arraché à son troupeau et à ses champs de figuiers sans avoir pu opposer la moindre résistance.
C'est cela un prophète : il parle de Dieu non par des preuves du dehors, mais par un sentiment intérieur et immédiat. Il ne peut pas lui-même s'en empêcher. Rien ni personne ne peut l'empêcher : une force d'en-haut l'habite !
             
Plus tard, les apôtres Pierre et Jean exprimeront ce même sentiment : "il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu" (Ac 4,I9-:2O).
             
Et c'est la même force intérieure qui fait parler St Paul dans sa lettre aux Ephésiens : il ne peut pas ne pas dire, ne pas transmettre, annoncer ! Je vous conseille de lire cette admirable lettre de l'apôtre.

Cette lettre aux Éphésiens est un magnifique exposé d'ensemble de l'Histoire du salut : Paul dit ce qu'il voit ! Le dessein de Dieu, arrêté de toute éternité, réalisé par le Christ et qui se déploie dans l'Église !

Précieux témoignage de la réflexion de l'Apôtre qui garde toute sa valeur ! De plus, cette Lettre n'a pas le caractère d'austérité qui marque souvent ce genre de développement. Par le lyrisme qui l'anime, l'exposé doctrinal captive d'emblée et son intérêt ne se relâche pas un instant.
             
Le ton est donné dès le début par une longue action de grâce, modèle de toutes les eucharisties chrétiennes.  "Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Dans les cieux, il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ".
             
Tout vient de la vie trinitaire manifestée en Jésus Christ !
Dieu, le Père, est à l'origine et au terme du vaste mouvement dans lequel nous nous trouvons pris : "Il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l'amour, saints et irréprochables sous son regard" ; "il nous a d'avance destinés à devenir pour lui des fils". Tel est son projet formé de toute éternité.       
             
Et le Christ est activement présent dans cette immense œuvre du salut qui part du Père !
C'est "en lui" que, "dans les cieux", il en a élaboré le plan et qu'il a tout prévu pour son déroulement.
"En lui", il "nous a choisis dès avant la création du monde", et "nous a destinés à devenir pour lui des fils".
"Par lui", il nous a rachetés et comblés de sa grâce.
"Par lui", il nous a dévoilé "le mystère de sa volonté".
"En lui", nous avons "écouté la parole de vérité, la Bonne Nouvelle de notre salut", nous sommes devenus des croyants, nous avons "reçu la marque de l'Esprit Saint".
"En lui", il a "saisi l'univers entier, ce qui est au ciel et sur la terre, il a tout "récapitulé sous un seul chef".
             
Par le Christ, en lui, Dieu le Père, qui nous a créés, nous manifeste son amour, nous donne la vie, nous sanctifie : dans le Fils, il fait de nous des fils, des cohéritiers du Royaume promis.

Et l'Esprit est "la première avance faite sur cet héritage dont nous prendrons possession au jour de la délivrance finale". Dans tout ce qui arrive, pour les personnes comme pour l'Église, l'Esprit Saint est présent comme celui qui est le "moteur" de l'œuvre de Dieu
             
Voilà pourquoi il est toujours invoqué dans les sacrements :
- Pour un baptême, nous prions : "Envoie, Seigneur, ton Esprit pour enfanter les peuples nouveaux qui vont naître pour toi de la fontaine baptismale" ;
- Pour la Confirmation : "Sois marqué de l'Esprit Saint, le don de Dieu' ';
- Pour l'ordination : "Envoie sur ton serviteur, Seigneur, l'Esprit Saint pour qu'il remplisse fidèlement son ministère'';
- Pour l'Eucharistie : "Sanctifie par ton Esprit les offrandes que nous apportons, pour qu'elles deviennent le Corps et le Sang de ton Fils".              
Et l'Esprit-Saint, quoique de manière moins explicite, est également présent, actif dans l'Eglise du Christ et dans le monde pour faire advenir le Règne de Dieu.
  
Ainsi, tout, par le Christ et dans l'Esprit, retourne au Père de qui viennent "les dons les meilleurs", "tout don parfait" (Jc I,I7).  Ce que Dieu a voulu, ce qu'il a fait, ce qu'il achèvera quand nous prendrons possession de l'héritage "au jour de la pleine délivrance", c'est "à la louange de sa gloire".

Il est très intéressant de remarquer que la merveilleuse Pière Eucharistique - la 4ème - reprend toute cette doctrine de St Paul :  "Père très saint, nous proclamons que tu es grand et que tu as créé toutes choses avec sagesse et par amour... Dans ta miséricorde, tu es venu en aide à tous les hommes pour qu'ils te cherchent et puissent te trouver... Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton propre Fils, lorsque les temps furent accomplis, pour qu'il soit notre Sauveur...
Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l'unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire".

Voilà ce que St Paul, comme tout prophète, ne pouvait ne pas dire. Et il nous le dit aujourd'hui, à chacun d'entre nous !

samedi 7 juillet 2018

Un Dieu si ordinaire ?!?


14 e Dimanche Ordinaire 18/B.

Bien souvent, St Marc nous présente, après le récit d'un événement, les différentes lectures possibles. Facilement il juxtapose
- la lecture de l'événement telle que la font les pharisiens,
- puis celle des disciples ou de la foule
- et enfin celle de Jésus.
             
C'est habituellement dans ce contexte-là que Marc nous parle de la foi. Pour lui, la foi
- c'est lire correctement les événements, à la manière de Jésus,
- c'est découvrir dans les événements la même signification que Jésus lui-même y découvre. Voilà l'exercice fondamental de la foi au quotidien de nos jours !

Dans l'évangile d'aujourd'hui, Marc nous rapporte les réflexions des gens de Nazareth sur Jésus. Ils me paraissent dire deux choses :
- d'une part, Jésus parle avec une sagesse étonnante et réalise de grands miracles,
- mais d'autre part, c'est quelqu'un d'ordinaire, qui est comme tout le monde, dont on connait les origines, toute la famille.
"Ils étaient profondément choqués", écrit Marc. Et le choc paraît bien venir de cet alliage insolite de sagesse, de puissance avec du quotidien ordinaire.

Et la réflexion de Jésus rapportée par Marc souligne cette double réflexion :
- les paroles, les gestes d'un prophète, semble dire Jésus,  sont bien accueillis partout où le prophète a l'air de venir d'ailleurs.
- Mais quand ce prophète est connu, fait partie de la vie courante, alors, on n'arrive plus à recevoir son message.

On veut toujours de l'extraordinaire. On n'accueille le message que s'il sort du quotidien. Or la foi s'exerce à lire la présence de Dieu en notre quotidien.
             
C'est là que se situe le paradoxe de notre foi ! Les gens de Nazareth ne sont sans doute pas plus durs que d'autres. Ils auraient sans doute accueilli la parole de Jésus s'ils ne l'avaient pas si bien connu. Ce n'est pas son message qui fait difficulté. Leur refus vient de ce qu'un tel message soit annoncé par quelqu'un d'ordinaire, de connu. Pour eux, Dieu est tellement AUTRE, différent, qu'il ne peut s'exprimer que d'une manière extraordinaire. Tout ce qui est quotidien, ordinaire, est indigne de Dieu, incapable d'exprimer Dieu.
Ils ne peuvent reconnaître Dieu dans ce Jésus qui est leur cousin, leur camarade d'enfance ou même à qui, récemment, ils ont fait exécuter les travaux de la charpente !

Nous jugeons peut-être durement ces gens de Nazareth !
- Mais sommes-nous, nous-mêmes, capables de reconnaître Dieu dans la façon de faire et dans les discours de notre voisin, de notre camarade de travail, de notre épouse, époux, de nos enfants ?
- Savons-nous contempler l'action de Dieu dans le quotidien exigeant des hommes de notre temps ?
- Reconnaissons-nous Jésus qui s'éveille en ce jeune qui est "en crise" ?
- Pensons-nous que dans la vie bien ordinaire de tous ceux qui nous entourent, Dieu nous dit quelque chose de lui-même ?

Bref, ne risquons-nous pas souvent d'adopter la position des gens de Nazareth ? Nous voulons bien reconnaitre Dieu dans la beauté d'un paysage de montagne, mais pas dans le quotidien de tel homme, de telle femme.

Pourtant l'extraordinaire de la Révélation apportée par Jésus réside bien là, dans l'ordinaire de note vie.
- Pour dire Dieu en mots humains, Jésus a choisi "ce qui n'est pas", "ce qui est fou aux yeux du monde" (I Co 1/17-31).
- Pour révéler son Père, il a accepté de se faire homme, homme comme tous les autres, charpentier de son village, membre d'une famille que rien ne distinguait.
- Bien plus, il a accepté de se mettre au rang des plus méprisés de son temps : les esclaves. Il a pris le parti de l'esclave, lavant lui-même les pieds de ses apôtres. Il a été livré aux Romains qui l'ont fait mourir de la mort infamante réservée aux esclaves :  la croix.
             
Si nous reconnaissons, dans la vie pauvre et humble du charpentier de Nazareth, une image de notre Dieu, ne devons-nous pas encore aujourd'hui chercher dans toutes les vies ordinaires, celles de nos frères et la nôtre, les mêmes signes de la présence de Dieu?
Si Dieu peut se montrer à nous dans la mort de Jésus en croix, ne devons-nous pas encore reconnaitre Dieu qui se fait voir dans tous ceux qui souffrent ?

L'Apôtre Paul a écrit justement : "Il s'est vidé lui-même, prenant la forme d'esclave… Reconnu comme un homme, il s'est (de plus) abaissé en se faisant soumis jusqu'à la mort, la mort de la croix. Aussi Dieu l'a surélevé…". (Phil 2/5-11).

Aussi, en sachant que le disciple n'est pas au-dessus du maître, Paul, dans la 2ème lecture, met son orgueil dans ses faiblesses. Il ose écrire que les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions, les situations d'angoisse sont manifestations de Dieu, manifestations pour la puissance de Dieu.

Tout cela l'Eglise, souvent bafouée, le vit encore aujourd'hui.
- Elle le vit dans tous les pays où les hommes sont persécutés.
-  Elle le vit en nous tous qui ne manquons ni de faiblesse ni de situation d'angoisse.
- Et c'est en tout cela que se manifeste la puissance de Dieu - si du moins nous savons lire - car la puissance de Dieu n'est autre que le langage de la croix (1 Cor 1/17) et "ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes".
- Notre Dieu se révèle non dans l'éclat de la victoire, mais dans l'humilité du Crucifié. Maintenant encore, nous révélons Dieu dans la misère de notre vie quotidienne avec ses limites. Car "ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi" (1 Cor 1/28).

Oui, notre Dieu est un Dieu déroutant mais c'est aussi un Dieu proche. La parole juste sur Dieu, la lecture correcte de ce qui arrive, sont à notre portée puisque c'est notre misère qui révèle Dieu. Il suffit que nous apprenions de Jésus lui-même la manière de lire nos misères et nos faiblesses pour voir apparaître en filigrane le visage même du Crucifié que Dieu veut toujours glorifier en nous-mêmes.
             
C'est d'ailleurs cela que nous proclamons dans l'Eucharistie. Nous célébrons Jésus réduit à l'esclavage de la croix et surélevé par Dieu dans ce mystère même de son anéantissement
             
Puissions-nous trouver dans cette Eucharistie le courage pour chercher le visage de Dieu dans tous nos gestes quotidiens malgré leur faiblesse et leur pauvreté.
Puissions-nous découvrir l'image de Dieu dans tous ceux qui nous entourent.
Puissions-nous apprendre à lire dans la vie quotidienne les signes de Dieu, puisque la foi c'est d'abord cela.

En reconnaissant Jésus manifesté en cette Eucharistie par les pauvres signes du pain et du vin, demandons-lui de nous apprendre lui-même à lire dans nos vies les humbles signes de sa présence et de son action.


dimanche 1 juillet 2018

Le Prêtre !


13e Dimanche Ord 2018

Vous me permettrez, je l'espère, de ne pas faire d'homélie aujourd'hui, mais de vous inviter simplement à considérer l'évènement qui aura lieu cet après-midi en la cathédrale du Mans : l'ordination sacerdotale d'un jeune homme, Amaury de la Motte Rouge, de vous inviter à réfléchir..., et à prier pour ce futur prêtre.
             
 "Venez à ma suite, je vous ferai pécheurs d'hommes !". Cette phrase de Notre Seigneur n'est pas dans les textes liturgiques d'aujourd'hui. Mais elle ne cesse de me revenir à ma pensée, à l'approche d'une ordination sacerdotale !
Car cette phrase de Notre Seigneur appelant ses premiers disciples, émeut toujours le cœur d'un prêtre - car lui-même a entendu, d'une manière ou d'une autre, cet appel : "Suis-moi !". Et c'est avec une émotion joyeuse qu'il constate l'effet de cette même parole chez un autre qui, lui aussi, a répondu généreusement, à sa manière, qui, lui aussi, va devenir prêtre pour toujours.

Bien sûr, il n'y a qu'un seul Prêtre, le Christ. Seul, il a la plénitude du sacerdoce. Ce mot "sacerdoce" signifie "sacré" et "donner" - "donner du sacré". Or, seul, le Christ peut "donner du sacré".  Etant Dieu il peut nous donner Dieu, se communiquer. Etant homme, il donne Dieu aux hommes. - Par lui, la sainteté du Créateur peut être transmise à sa créature, de sorte que le péché radical de l'homme sera toujours de refuser cette sanctification, cette sacralisation.

Mais pour que ce commerce, cet échange admirable entre Dieu et l'homme se poursuive dans le temps, le Christ a voulu que de simples hommes puissent être configurés à lui-même, "rendus conformes" à lui, souverain et unique Prêtre, pour qu'ils soient, eux aussi, des dispensateurs du sacré, des transmetteurs de la sanctification divine, des "donneurs" de Dieu lui-même… …  De sorte que, dans l'exercice de leur ministère, la phrase de St Paul puisse leur être littéralement appliquée : "Ce n'est plus moi qui vis, mais c'est le Christ qui vit en moi" (Gal 2.15-20).

Mais comment le prêtre accomplira-t-il cette mission sacerdotale ? Le Concile Vatican II a répondu très clairement : Comme le Christ, le prêtre annonce la Parole de Dieu, il sanctifie, il unit.

A -         Le prêtre annonce la Parole de Dieu, à l'exemple du Christ qui a dit : "Ce que je dis, je le dis comme le Père me l'a dit" (Jn 12/5O). Car "Personne n'a jamais vu Dieu, commente St Jean, mais le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui nous l'a dévoilé" (Jn 1.18), afin que nous puissions entrer en relation avec Lui.
Or, "comment les hommes invoqueraient-ils Dieu, demandait St Paul, sans avoir cru en Lui ? Et comment croiraient-ils en Lui, sans l'avoir entendu ? Et comment l'entendraient-ils, si personne ne le proclame ? Et comment le proclamer, sans être envoyé ?" (Rm 10.14)- Le prêtre est cet envoyé qui proclame la Parole du Christ qui, si elle est accueillie "avec un cœur noble et généreux" (Lc 8.15), selon l'expression de St Luc, transformera les fils de la terre en fils du ciel, en fils de Dieu.

B -         Le prêtre annonce. Il sanctifie aussi; il donne la vie même du Christ qui est vie divine, du Christ qui a prié ainsi : "Père, sanctifie-les par ta vérité… Pour eux, je me sanctifie moi-même, afin qu'ils soient eux aussi sanctifiés" (Jn 17.17-26). Aussi, St Paul nommera-t-il les chrétiens : les "Saints", "ceux qui sont appelés à être saints".

Au nom du Christ, le prêtre transmet cette sanctification, principalement par les Sacrements:
+ Il sanctifie l'enfant qui vient de naître par le baptême.
+ Il sanctifie le pécheur par le sacrement de Réconciliation.
+ Il sanctifie les malades en les configurant au Christ- Rédempteur.
+ Il sanctifie l'union des époux.
+ Surtout, il sanctifie par l'Eucharistie qui ré-actualise le mystère pascal du Christ, source de toute sanctification, qui unit à Dieu, par Jésus-Christ, en Lui, avec Lui, tous ceux qui y participent : "Quand nous serons nourris de son Corps et de son Sang", disons-nous dans la Prière Eucharistique (n°3), accorde-nous d'être un seul corps et un seul esprit dans le Christ".

C -         Aussi, la troisième fonction du prêtre est de réunir, de rassembler, d'unir tous les chrétiens en une seule communauté, en une vraie famille que l'on appelle Eglise. - "Que tous soient un, priait Jésus, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi" (Jn 17/21).… "pour qu'ils parviennent à l'unité parfaite" (Jn 17/23). - Aussi St Paul - et le prêtre à sa suite - affirme : "Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave, ni homme libre; il n'y a plus l'homme et la femme; car tous vous n'êtes plus qu'un en Jésus-Christ" (Gal 3/28).  -  Et comme l'Apôtre, le prêtre ira répétant : "Je vous exhorte au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, à être parfaitement unis" (I Cor 1/1O).

Bref, par les diverses fonctions de son ministère, le prêtre ne fait que répéter au nom du Christ, en sa place : "Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés". Aussi, "aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés".

Que Notre Dame que Jésus nous a donnée comme mère au pied de la croix - et une mère aime tous ses enfants - aide le nouveau prêtre de cet après-midi à transmettre la parole de sanctification de son Fils, à unir en une seule famille tous les frères de son Fils.

Ne cessons pas de prier à cette intention pour tous les prêtres, pour celui de cet après-midi, et, principalement également, pour votre curé.