Annonciation
"L'Esprit-Saint viendra sur toi et te
couvrira de son ombre"...
On peut dire que le Christianisme est
une alliance, une alliance de deux Amours en Jésus-Christ :
- l'Amour de Dieu qui s'abaisse
vers nous par l'Esprit-Saint.
-
l'Amour de l'homme qui monte vers Dieu par Marie.
- Et Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est le nœud de cette Alliance, la rencontre de cette double tendresse.
- Et Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est le nœud de cette Alliance, la rencontre de cette double tendresse.
Voilà pourquoi nous répétons chaque
dimanche : "Par l'Esprit-Saint, Jésus-Christ a pris chair de la Vierge
Marie". Enoncé apparemment fort simple mais lourd de conséquences
incalculables dont nous n'achèverons pas de comprendre ni d'épuiser la
fécondité.
Certes, l’évangéliste relate bien un
événement du passé, si incroyable fût-il : "L'Esprit-Saint viendra sur toi et te couvrira de son
ombre !"
Cependant, sa formule n’est pas
anodine ! Elle évoque la présence divine dans l'arche Sainte, couverte
de l'"Ombre du Très-Haut", durant les quarante années du
peuple hébreu dans le désert !
Marie sera donc, par l'action de
l'Esprit-Saint, une nouvelle "arche"
où Dieu reposera. Luc veut éveiller chez son lecteur le souvenir de la
"shékinah", cette présence divine et libératrice qui descend sur
Marie comme la gloire du Seigneur était autrefois descendue sur la tente du
Témoignage et l'avait remplie d'une divine présence.
Mais est-ce là, de la part de St Luc,
pure relation d'un fait historique, lointain, révolu ? Ou veut-il nous laisser
entrevoir une loi immuable de l'action de Dieu dans le monde, en chacune de nos
âmes ? Restreindre l'Alliance de
l'Esprit-Saint et de Marie à la seule naissance de Jésus, c'est la réduire au
niveau d'un épisode historique qui, si grand soit-il, n'a duré qu'un rapide
moment, puis est entré dans le passé ; c'est situer Marie dans l'histoire, mais
non dans le présent, dans notre présent, ni dans l'avenir. L'Esprit-Saint ne vient-il pas à tout jamais
"couvrir Marie de son ombre" fécondante ?
Avec toute l'Eglise, nous croyons que
l'union du Saint-Esprit et de Marie est conclue pour tous les siècles, que
l'Alliance reste désormais indissoluble, et qu'aujourd'hui encore Jésus
continue de naître invisiblement dans les âmes "de Spiritu Sancto ex Maria Virgine", "par
l'Esprit-Saint, de la Vierge Marie". Voilà pourquoi Notre Dame
elle-même s'écrira : "Toutes les
générations m'appelleront "Bienheureuse" ».
Dès que l'on a compris le sens de
cette Alliance, nous comprenons du même coup que nous-mêmes, nous ne pouvons
être unis au Christ sans l'Esprit-Saint et, à son rang, sans Marie.
L'Esprit-Saint ne cesse de venir en
nous comme l'Envoyé du Fils, comme Celui qui prolonge et achève sa tâche en
chacun d'entre nous : "J'ai encore
beaucoup de choses à vous dire, avait dit Notre Seigneur, Mais vous ne pouvez les porter à présent.
Quand l'Esprit de vérité viendra, il vous guidera vers la vérité tout
entière.... Il recevra ce qui est à moi et il vous l'annoncera" (Jean 16/12sv).
Certes, le Christ nous a tout mérité
par sa Passion et sa Résurrection, par son sang "versé pour la multitude", selon la formule de la
consécration eucharistique. Mais ce sang doit être répandu "goutte à
goutte", si je puis dire, sur tous les hommes de tous les temps afin
d’opérer ce que l’on pourrait appeler la Rédemption consentie. Et c’est le
rôle de l'Esprit-Saint que d’irriguer nos âmes de la vie divine communiquée par
le Christ en son mystère pascal.
Oui, le Christ continue de se
communiquer à nous "par l'opération
du Saint-Esprit". Après avoir produit le "chef œuvre", si je
puis dire, il en suscite les imitations. Il fait que le Christ est en nous et
que nous sommes dans le Christ. Aussi St Paul s'écrira : "Seuls sont enfants de Dieu ceux qui se laissent mouvoir par
l'Esprit-Saint»" Qui veut vivre du Christ doit s'ouvrir à
l'Esprit-Saint. Qui reçoit l'Esprit s'unit au Christ. - Puissions-nous sans
cesse mieux le recevoir pour devenir de plus en plus "vrais fils de
Dieu".
Mais on ne peut l'être également sans
Marie : "Par l'Esprit-Saint, il
a pris chair de la Vierge Marie". On ne peut séparer Marie de son Fils. On ne
peut devenir d'autres "christs" sans Marie.
Mieux que St Paul, Marie peut
témoigner : "Ce n'est pas moi qui
vis, c'est le Christ qui vit en moi !". Entre Elle et Lui s'est
établi un échange admirable : Marie donnait à Jésus son humanité ; Jésus
donnait à Marie une participation toujours croissante à sa divinité. La
Mère faisait vivre le Fils de sa vie à Elle ; le Fils faisait vivre la Mère de
sa vie à Lui.
Or, ni l'Esprit-Saint, ni Marie
n'arrêtent leur action à eux-mêmes.
- L'Esprit est "don de soi" par
le fond même de son être divin. Il est par tout lui-même tendu "vers le
Père et le Fils", comme le Père et le Fils sont orientés vers Lui. Il ne
peut s'enfermer dans sa perfection propre, fruit de leur amour mutuel, mais Il
se porte sans cesse vers eux.
- Et Marie, la créature la plus proche
de Dieu, participe à cette ouverture divine, à ce "don" incessant de
soi-même.
Plus une âme est unie à Dieu, plus
elle unit à Dieu.
Plus une âme vit en Dieu, plus elle
fait vivre de Lui.
Marie ne peut donc que nous unir à
Dieu, que nous "engendrer" en son Fils. Donner Jésus à chaque âme et
au monde entier reste l'unique ambition de cette Mère. Bien plus que St Paul,
elle ne cesse de nous dire : « Petits
enfants que j'enfante de nouveau jusqu'à ce que le Christ soit formé en
vous !» (Gal
4/19).
En ce temps qui nous achemine vers la
fête de Pâques, unissons-nous à l'Esprit-Saint et à Notre-Dame, de sorte
que, par leur union en chacune de nos âmes, il puisse nous être annoncé à
chacun d'entre nous également : Celui qui vient en toi est Saint ; il est
le Fils du Dieu Très-Haut… … car "rien
n'est impossible à Dieu".
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