lundi 2 mars 2020

Sainteté


1ère semaine de Carême  - Lundi
 
On a déjà eu l’occasion de parler du chapitre 19ème qui est central dans le livre du Lévitique. C’est sur lui que se fonde l’idée - dont nous héritons - que la morale est l’adoption par le croyant des mœurs divines.
“Soyez saints, car moi le Seigneur votre Dieu, je suis saint”.

La première signification du mot "saint", c’est "séparé". Dieu est "trois Saint", complètement Autre de tout ce qu’il a créé, "Séparé". "A qui pourriez-vous me comparer" (Is 40.25).
On ne le connaît qu’en maniant prudemment l’analogie à partir de sa création, en évitant non seulement l’idolâtrie mais l’anthropomorphisme.
On le connaît aussi par ses interventions dans l’histoire, par ses délivrances qui font chanter, comme Moïse après le passage de la Mer Rouge : "Qui est comme toi ?"  (Exode 15.11)
                                              
Ce Dieu saint, ce Dieu unique et séparé, s’est choisi un peuple qui en obéissant à ses lois reflète ses attributs.

Le premier de ses attributs, c’est la sainteté, la séparation. Ce sera aussi la caractéristique première d’un peuple qu’il a choisi, élu, avec qui il a contracté une alliance.
A l’époque du Lévitique, l’accent est mis sur la séparation. Les Cananéens qui peuplent la "Terre promise" où on vient d’entrer, ont des mœurs souvent abominables. On sacrifie des enfants ; les perversions sexuelles sont répandues ; le mensonge et la violence règnent. On peut facilement s’en faire une idée en regardant le monde actuel ; et Jésus dira explicitement qu’il ne faut pas aimer le monde où règnent toujours la convoitise, l’égoïsme et une idolâtrie qui, pour être moins grossière que dans l’antiquité, est tout aussi présente, plus dangereuse encore par son raffinement et son élégance.
La morale chrétienne comporte bien des ruptures et des séparations par rapport au monde.

Jn 15, 18-19 : "Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous.  Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait". 
                 
Pourtant l’idée de "séparation" qui était principale en "allant au départ", devient peu à peu secondaire.
Lors de la vocation de Matthieu, Jésus scandalise les gens de son entourage en se mêlant aux publicains et aux pécheurs  ; et comment répond-il aux reproches des pharisiens ? En leur rétorquant  :   "Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux !".   Le principe de base  "Soyez saints parce que je suis saint" , devient "soyez miséricordieux comme votre père céleste est miséricordieux".   
L’accent n’est plus mis sur la séparation mais sur l’accueil, la rencontre, un a-priori de bienveillance. Le Sauveur n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs. Ceux qui se croient justes et se considèrent comme une élite dans la pratique des observances – souvent alourdie par des casuistiques minutieuses, - se voient condamnés !

Quant à l’Evangile d'aujourd'hui, il laisse à penser qu’au jour du jugement dernier il n’y aura plus que deux catégories de gens. Et on magnifie ceux qui, au cours de leur vie, ont profité de toutes les occasions pour pratiquer la bienfaisance et la charité, pour sortir de leur égoïsme et de l’égocentrisme.

On dirait que la séparation n’existe plus qu’entre ces deux catégories de gens. Les portes du Royaume s’ouvrirent sur ceux qui, sans même s’en rendre compte, ont fait du bien à Dieu lui-même, en s’occupant des plus pauvres, des démunis. Le Roi dira :  "Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait". On a l’impression que tous les multiples et divers problèmes  de désunion, de séparation auront disparu.
Tous ceux qui ont pratiqué la miséricorde et la compassion entrent dans le Royaume, comme si tous les autres problèmes s’étaient évanouis.

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