Carême
2 - Mardi -
Pour
Isaïe le contraire du blanc, ce n’est pas le noir mais le rouge, l'écarlate
! ... Tant peut-être que le rouge évoque le sang que l'on répand par
l'injustice, ce sang répandu par le Fils de Dieu fait homme à cause de nos
péchés !
Avec
Isaïe, nous sommes dans le thème de la repentance, thème qui convient en
ce temps de Carême ! - La repentance, si elle est loyale, peut nous faire
naître à une vie complètement nouvelle, à une nouvelle blancheur. Le pardon de
Dieu équivaut à une nouvelle création - ce qu'affirmait David après sa faute : "Crée en moi un cœur pur, nouveau
!" ; le pardon de Dieu inaugure une alliance nouvelle…
C’est
le prophète Osée qui a bien souligné cet aspect : “Elle (l’épouse de Dieu : le peuple d’Israël) m'oubliait ! C'est
pourquoi je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son
cœur. Là,…, elle répondra comme aux jours de sa jeunesse… “. (Os 2, 15b-25). Cette Alliance
renouvelée culmine dans l'A.T. avec le Cantique des cantiques si commenté par
les Pères de l'Eglise : “Mon bien aimé est à moi ; et moi je suis à lui“. N'est-ce pas ce que nous cherchons ? Cette
Union avec Dieu !
La
seule condition qui est mise à ce renouvellement radical est la loyauté et la
sincérité. Jésus, dans l’Evangile, dénonce tous les pièges qui peuvent nous
empêcher de profiter des “re-créations“ que Dieu peut faire à tout moment.
Il
s’agit toujours d’échapper à la comédie humaine. Il s’agit de se situer sous
le regard de Dieu qui voit dans le secret… :
*
ne pas agir pour être remarqué des hommes,
*
ne pas exagérer l’importance des signes extérieurs,
*
ne pas briguer les premières places … etc.
Mais,
nous le savons, l’orgueil, l’amour propre se fourrent partout. Or,
écrivait Montaigne (qui
n’était pas spécialement un spirituel, mais qui s’y entendait en “caractères“) : “On ne parle jamais de soi sans
perte !“. Pascal avait déjà signalé : “Le moi est haïssable… Il a deux caractéristiques : il est injuste
en soi en ce qu’il se fait le centre de tout ; et il est incommode aux
autres en ce qu’il veut les asservir“. D’ailleurs, comme on l’a dit, la
vanité et la sottise sont souvent des compagnes inséparables !
Une
remarque : “Ne donnez à personne le
nom de Père“ ! Pourtant, beaucoup me saluent en disant “mon Père !“.
... Et, passant les intermédiaires, on parle du “Très Saint Père“, le
pape !
S’il
y a une personne qui a refusé de centrer les regards sur lui, c’est bien
l’apôtre Paul. Cependant il se présente aux chrétiens de Corinthe comme un “père“
qui les a engendrés dans la foi (cf. I Co. 4.15). Métaphores ? Sans doute ! Mais c’était
toujours pour lui une occasion de renvoyer à un autre, le Christ. Lui, Paul,
n’est que serviteur : “Moi, j’ai
planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui fait croître“. Et le
Christ seul nous a révélé le nom de Dieu : “Père“, de sorte que nous
pouvons dire ensemble “notre Père … !“.
Nous
ne pouvons dire “Notre Père“, que dans le Fils et dans l’Esprit Saint... ; Nous ne pouvons
dire "Père", "Mère" à une personne que dans la foi à Dieu
Père, révélé par son Fils, et que dans leur Esprit commun qui nous façonne à
être "enfants de Dieu", "fils de Dieu". Sinon, nous sommes
tous frères !
“Vous
êtes tous frères !“, nous dit Notre Seigneur. Ainsi, quand vous vous adressez à un prêtre
en l’appelant “Père“,
[ce
qui est contestable, soit, mais pas plus contestable que d’avoir un
comportement très familier avec lui sous prétexte de fraternité]
…,
ce n’est certes pas à l’homme que vous vous adressez, à ce frère qui est
exactement comme vous…
[et
qui a certainement tel et tel défaut que vous n’avez pas (évidemment) et que
vous savez faire remarquer tout aussi évidemment],
…
mais vous devez, là, plutôt manifester votre foi dans le Christ dont il porte
le caractère sacerdotal, lui qui peut dire en la place du Christ : “Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang“.
Vous devez seulement manifester votre foi dans le Christ qui, dans son
apparence d’homme, disait : “Qui me
voit, voit le Père !“.
Le
grand St Augustin disait un jour à ses chrétiens : “Avec vous et comme vous, je suis chrétien. Et pour vous, je suis
évêque !“. Il se considérait d’abord comme chrétien, au même niveau
que les autres : nous sommes tous frères ! Et ensuite, étant donné la
vocation particulière à laquelle il avait répondu, il se considérait comme
“serviteur“ des autres, comme “lieutenant de Dieu-Père“.
Et
quelle responsabilité ! Alors si vous dites “mon Père“ à un prêtre, que ce
soit avant tout une prière à son intention, lui qui devra rendre compte de la
charge qui lui a été confiée !
Aussi,
personnellement, je compte sur vos prières à mon intention. Comme disait,
m'a-t-on dit, un de vos anciens aumôniers : "J'y ai droit !"
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