Carême
1 Vendredi – L'"Alliance" avec Dieu ! (Dt 26, 16-19 - Mt 5, 43-48)
La première lecture, tirée de la fin du
Deutéronome, souligne que l’élection du peuple élu n’est pas d’abord un
privilège national ; elle est avant tout un appel à l’obéissance à une loi, une
fidélité à un contrat, une alliance.
Il y a lieu de remarquer le ton du Deutéronome.
Chaque membre du peuple est interpellé
personnellement à la deuxième personne du singulier. "Le
Seigneur ton Dieu te commande de mettre en pratique
ces commandements".
"Le
Seigneur ton Dieu te commande, te demande...
! Savons-nous suffisamment que le Seigneur ne cesse nous appeler - chacun
d'entre nous personnellement et à tout moment - ; le Seigneur ton Dieu te
demande, t'appelle pour faire alliance avec lui... Dieu n'aime pas "en
masse" indistinctement ; il aime en particulier, chacun d'entre nous et
totalement, qui que nous soyons ! Le Seigneur ton Dieu te demande !
Et cette interpellation au singulier se
fait dans une urgence que
souligne la répétition du mot "aujourd’hui".
"Aujourd’hui, le Seigneur, ton Dieu, te commande… ; Aujourd’hui, tu as choisi le
Seigneur pour qu'il soit ton Dieu…. ;
Aujourd’hui, le
Seigneur t'a choisi... !" etc. Il ne s'agit pas d'hier qui n'existe
plus ; il ne s'agit pas de demain qui n'est pas encore. Il s'agit de maintenant
! Le moment présent est comme le sacrement de la présence divine. Aujourd'hui
écouterez-vous sa voix ? (Cf
Ps 95).
A chacun, Dieu dit : "Il me faut, aujourd'hui,
demeurer dans ta maison !" (Lc 19.5). Ou bien encore : "Mon enfant, va donc aujourd'hui
travailler à ma vigne !" (Mth 21.28). Vivre le moment présent avec le
Seigneur, c'est déjà un début d'éternité... !
Et pour le peuple, ce qui est premier dans
cette élection, dans cette Alliance, c’est l’obéissance à la loi divine !
Ceci dit, on constate que cette obéissance
ne conditionne pas cette élection, cette Alliance. Le peuple pourra multiplier
ses infidélités, Dieu n’en restera pas moins fidèle à l’Alliance.
L’Alliance se présente tout d’abord comme
une sorte de contrat synallagmatique, bilatéral - "si tu
observes ma loi, je ferai de toi un peuple privilégié" -. Mais cette alliance, peu à peu, prend
l’allure d’une totale fidélité de Dieu, imprescriptible, à notre égard. Et,
par la suite, avec les prophètes, cette "Alliance nouvelle"
caractérisée par la fidélité absolue de Dieu, n'est pas une autre alliance !
C'est la même Alliance !
Aussi cette Alliance renouvelée dans le
Christ fera dire à St Paul que les dons de Dieu sont sans repentance (Cf Rm 11.29).
Et remarquons que le peuple juif gardera toujours
la marque de cette élection ; et sa persistance dans la durée - en dehors de
toutes questions politiques actuelles - pose un grand point d’interrogation à
tous les historiens qui ne sont pas victimes de préjugés.
Dieu est Dieu de fidèlité ! Aussi, ayons
fermement cette foi en l'amour indéfectible de Dieu à notre égard !
L’Evangile nous montre que le peuple de la
"Nouvelle Alliance" est, lui aussi, consacré à Dieu. Mais sa
consécration ne s’exprime plus par l’observance minutieuse de prescriptions
multiples ; elle s’épanouit dans la perfection de l’amour, d’un
amour qui doit aller jusqu’à culminer dans l’amour des ennemis.
Cependant, cette "Nouvelle Alliance"
ne se substitue pas à l’ancienne en la supprimant, en la remplaçant. Le
Concile Vatican II a fortement souligné cet aspect. La "Nouvelle Alliance"
est un épanouissement en termes de progrès. Le Seigneur lui-même a dit qu’il
n’était pas venu abolir mais accomplir.
L’Eglise, dès le début de son histoire, a
du lutter contre des hérésiarques, des gens comme Marcion au 2ème
siècle, qui prétendaient séparer le Nouveau Testament de l’Ancien, en opposant
l’un à l’autre, alors qu’ils sont les étapes d’une même pédagogie divine, d'une
même "économie" divine, disent les Orientaux. A travers les temps
changeants et mouvementés, Dieu ne cesse d'exprimer son immuable fidélité !
Aussi, faut-il se le répéter : si nous
sommes chrétiens, il nous reste toujours à le devenir, à devenir ce que
nous sommes ! Aussi, la "Loi Ancienne" garde une valeur de pédagogie
; et n'avons-nous pas tous besoin de règlements et d’observances pour
entretenir l’élan de la charité quand il se ralentit ?
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