jeudi 6 mars 2014

La "séduction" de Dieu au désert !

Cendres Jeudi 2014 - Dieu nous "séduit" !

“Si tu écoutes les commandements de ton Dieu… Si tu marches dans ses voies… !“ C’est ainsi que Dieu s’adressait à son peuple avant de lui transmettre ses “dix commandements“.  Je te propose… A toi de choisir… !

On n’aime pas beaucoup ce langage aujourd’hui ! Des commandements et encore des commandements… Et notre liberté ? qu’en fait-on ?

En ce début de Carême, on peut remarquer qu'il est vrai que ce n'est pas nous qui allons spontanément "au désert", mais que c’est Dieu qui nous y conduit ; comme Jésus y fut "conduit", y fut "poussé" par l’Esprit pour la retraite de quarante jours qu’il fit après son baptême dans le Jourdain, au début de sa vie publique.

Oui, nous-mêmes, nous sommes "conduits" et "poussés" au désert pour nous retrouver "sous le regard de Dieu" uniquement, comme je le soulignais hier.
"Au désert" ! Pour nous éloigner le plus possible des distractions que nous nous fabriquons nous-mêmes - même dans un cloître - et qui nous éloignent du regard de Dieu !
"Au désert" ! Pour nous retrouver nous-mêmes en toute vérité et loyauté devant Dieu !
"Au désert" ! Dieu ne nous pousse pas "au désert" en violant en nous une liberté qu’il a lui-même créée et dont il est plus jaloux que nous. Il nous invite "au désert" pour que nous puissions nous-mêmes retrouver une liberté bien souvent entravée par nos convoitises, pour que nous puissions retrouver cette limpidité du regard qui vient de la pureté du cœur, un cœur qui n’est plus partagé mais unifié par le but principal de notre vie : "A quoi bon gagner le monde entier,  nous demande Notre Seigneur dans l'évangile d'aujourd'hui, si l'on se perd ou se ruine soi-même  ?".

C'est surtout le prophète Osée qui souligne cet aspect de notre vie "au désert". Dieu se présente comme un époux jaloux, éperdument amoureux ; et il ne se résigne pas à ce que nous perdions le bonheur que Lui seul peut nous donner et qu'il est Lui-même !
"C'est pourquoi, dit Dieu en parlant de son peuple comme d'une épouse, je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur". (Os 2.16). Il y a un jeu de mots intraduisibles : "midbar - dibarti" : "au désert - je parlerai".

Ce jeu de mots souligne que c’est dans le désert qu’on est le mieux pour écouter la voix de Dieu.
La voix de Dieu ne résonne pas toujours dans les éclairs et le tonnerre comme au temps de Moïse, au Sinaï, pour la promulgation de la "Loi" du Seigneur. Le plus souvent, elle résonne, comme au temps d’Elie, dans un souffle doux et léger. Réjouissons-nous donc d'aller au désert, "poussés par l'Esprit de Dieu" comme le fut Jésus lui-même !

"Je vais la séduire !" - Le mot "séduire", en hébreu, a une violence impressionnante. C’est le verbe qui est employé quand on parle d’une jeune fille qui a été entraînée à l’écart pour être abusée.
C’est le verbe qui est employé aussi dans l’histoire de Dalila que les Philistins chargent de "séduire" Samson pour le dépouiller de sa force.
Dans le même sens, il faut lire Jérémie, Jérémie l'intrépide face aux corruptions de son temps (20.7-9) :
"Tu m'as "séduit", Seigneur, et je me suis laissé "séduire" ; tu m'as maîtrisé, tu as été le plus fort.
Je suis prétexte continuel à la moquerie, la fable de tout le monde. Chaque fois que j'ai à parler, je dois crier et proclamer : "Violence et dévastation !".
La parole de Dieu a été pour moi source d'opprobre et de moquerie tout le jour.
Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom ; mais c'était en mon cœur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à le contenir, mais je ne le pouvais pas !".

L’amour que Dieu a pour nous sait parfois employer la manière forte. Ce verbe "séduire" est employé aussi quand il s’en prend à un prophète qui renâcle devant la mission dont il a été chargé.

Aujourd’hui, laissons-nous conduire "au désert" pour mieux entendre cette interrogation : "Aujourd'hui, allez-vous écouter ma voix ?" (Ps. 94.7).

Qu’elle que soit la méthode employée par Dieu, c’est celle qui nous convient le mieux, car c’est lui qui nous connaît et nous aime le plus. Il sait comment s’y prendre envers chacun de nous, sans nous tenter au-dessus de nos forces, dira St Paul !
Il est bien vrai que, la plupart du temps, nous ignorons les chemins par lesquels Dieu nous "conduit" ! Chemins souvent difficiles : "Celui qui veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix...", nous dit Jésus aujourd'hui ! Oui, nous ne savons pas toujours ses chemins ! Mais nous savons le "terminal" de tous ses chemins ! Tous, ils nous conduisent à le voir "face-à-face" !

Et lorsque nous le verrons, nous lui serons semblables, nous dit St Jean : "autô esometha" (nous lui serons semblables) "oti opsometha auton" (parce que nous le verrons !). Marchons à la lumière de ce magnifique jeu de mots de St Jean : "esometha" - "opsometha" ! Voir Dieu, c'est lui être semblable ! C'est le but de notre voyage terrestre... à travers tout désert ! 

Aucun commentaire: