Cendres
Jeudi 2014 - Dieu nous "séduit" !
“Si
tu écoutes les commandements de ton Dieu… Si tu marches dans ses voies… !“ C’est ainsi que
Dieu s’adressait à son peuple avant de lui transmettre ses “dix
commandements“. Je te propose… A toi de
choisir… !
On n’aime pas beaucoup ce langage
aujourd’hui ! Des commandements et encore des commandements… Et notre
liberté ? qu’en fait-on ?
En ce début de Carême, on peut remarquer
qu'il est vrai que ce n'est pas nous qui allons spontanément "au
désert", mais que c’est Dieu qui nous y conduit ; comme Jésus y
fut "conduit", y fut "poussé" par l’Esprit
pour la retraite de quarante jours qu’il fit après son baptême dans le
Jourdain, au début de sa vie publique.
Oui, nous-mêmes, nous sommes "conduits"
et "poussés" au désert pour nous retrouver "sous le regard de
Dieu" uniquement, comme je le soulignais hier.
"Au désert" ! Pour nous éloigner
le plus possible des distractions que nous nous fabriquons nous-mêmes - même
dans un cloître - et qui nous éloignent du regard de Dieu !
"Au désert" ! Pour nous
retrouver nous-mêmes en toute vérité et loyauté devant Dieu !
"Au désert" ! Dieu ne nous
pousse pas "au désert" en violant en nous une liberté qu’il a
lui-même créée et dont il est plus jaloux que nous. Il nous invite "au désert"
pour que nous puissions nous-mêmes retrouver une liberté bien souvent entravée
par nos convoitises, pour que nous puissions retrouver cette limpidité du
regard qui vient de la pureté du cœur, un cœur qui n’est plus partagé mais
unifié par le but principal de notre vie : "A
quoi bon gagner le monde entier, nous demande Notre Seigneur dans l'évangile
d'aujourd'hui, si l'on se perd ou se
ruine soi-même ?".
C'est surtout le prophète Osée qui souligne
cet aspect de notre vie "au désert". Dieu se présente comme un
époux jaloux, éperdument amoureux ; et il ne se résigne pas à ce que nous
perdions le bonheur que Lui seul peut nous donner et qu'il est Lui-même !
"C'est
pourquoi, dit Dieu en parlant de son peuple comme d'une
épouse, je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à
son cœur".
(Os
2.16).
Il y a un jeu de mots intraduisibles : "midbar
- dibarti" : "au désert - je parlerai".
Ce
jeu de mots souligne que c’est dans le désert qu’on est le mieux pour écouter
la voix de Dieu.
La
voix de Dieu ne résonne pas toujours dans les éclairs et le tonnerre comme au
temps de Moïse, au Sinaï, pour la promulgation de la "Loi" du
Seigneur. Le plus souvent, elle résonne, comme au temps d’Elie, dans un souffle
doux et léger. Réjouissons-nous donc d'aller au désert, "poussés par
l'Esprit de Dieu" comme le fut Jésus lui-même !
"Je vais la
séduire !"
- Le mot "séduire", en hébreu, a une violence impressionnante.
C’est le verbe qui est employé quand on parle d’une jeune fille qui a été
entraînée à l’écart pour être abusée.
C’est
le verbe qui est employé aussi dans l’histoire de Dalila que les Philistins
chargent de "séduire" Samson pour le dépouiller de sa force.
Dans
le même sens, il faut lire Jérémie, Jérémie l'intrépide face aux corruptions de
son temps (20.7-9) :
"Tu
m'as "séduit", Seigneur, et je me suis laissé "séduire" ;
tu m'as maîtrisé, tu as été le plus fort.
Je
suis prétexte continuel à la moquerie, la fable de tout le monde. Chaque fois
que j'ai à parler, je dois crier et proclamer : "Violence et dévastation !".
La
parole de Dieu a été pour moi source d'opprobre et de moquerie tout le jour.
Je
me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom ; mais
c'était en mon cœur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os. Je m'épuisais à
le contenir, mais je ne le pouvais pas !".
L’amour
que Dieu a pour nous sait parfois employer la manière forte. Ce verbe "séduire"
est employé aussi quand il s’en prend à un prophète qui renâcle devant la
mission dont il a été chargé.
Aujourd’hui,
laissons-nous conduire "au désert" pour mieux entendre cette
interrogation : "Aujourd'hui,
allez-vous écouter ma voix ?" (Ps. 94.7).
Qu’elle
que soit la méthode employée par Dieu, c’est celle qui nous convient le mieux,
car c’est lui qui nous connaît et nous aime le plus. Il sait comment s’y
prendre envers chacun de nous, sans nous tenter au-dessus de nos forces, dira
St Paul !
Il
est bien vrai que, la plupart du temps, nous ignorons les chemins par lesquels
Dieu nous "conduit" ! Chemins souvent difficiles : "Celui qui veut marcher à ma suite,
qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix...", nous dit Jésus
aujourd'hui ! Oui, nous ne savons pas toujours ses chemins ! Mais nous savons
le "terminal" de tous ses chemins ! Tous, ils nous conduisent à le
voir "face-à-face" !
Et
lorsque nous le verrons, nous lui serons semblables, nous dit St Jean :
"autô esometha" (nous
lui serons semblables)
"oti opsometha auton" (parce que nous le verrons !). Marchons à la
lumière de ce magnifique jeu de mots de St Jean : "esometha" -
"opsometha" ! Voir Dieu, c'est lui être semblable ! C'est le but de
notre voyage terrestre... à travers tout désert !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire