mardi 11 mars 2014

Fécondité de la Parole de Dieu !


1er Semaine de Carême - Mardi 14/A - Is 55,10-11.

On a entendu en première lecture un des plus beaux textes du prophète Isaïe où il nous parle de la fécondité de la Parole de Dieu. Il faudrait lire tout le chapitre 55ème dont la liturgie ne nous offre que quelques versets.

Je me permets seulement de transcrire les deux lignes qui précèdent notre lecture : "Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle du Seigneur. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées !".

Hier, la lecture du Lévitique nous rappelait que nous sommes héritiers du peuple élu, intégrés dans ce que St Paul appelle l’"Israël de Dieu" ! Il faut toujours se souvenir que nous avons été greffés sur "l'olivier franc" qu'est le peuple hébreu (Cf Rm 11). C'est important de réaliser cette Unité de l'"Israël permanent" voulu par Dieu : Ancien et Nouveau Testament, tout à la fois !

Aujourd’hui, nous sommes donc invités à méditer sur ce qui a justement créé le peuple élu - cet "Israël permanent" - et qui le maintient dans l’existence : la Parole de Dieu qu’il faut écouter chaque jour et dont il faut se laisser féconder pour vivre selon les voies et les pensées divines qui ne sont pas celles du monde.

Tous les jours le psaume invitatoire qui commence notre liturgie nous fait réciter le Ps 95ème où retentit cette invitation : "Aujourd’hui, si vous écoutez ma voix...!". Quand, en Israël et aujourd'hui encore, on écoute les premières informations de la journée, on entend la célèbre prière que Jésus connaissait certainement par cœur :
"Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Que ces paroles que je te dicte aujourd'hui restent dans ton cœur ! Tu les répéteras à tes fils, tu les leur diras aussi bien assis dans ta maison que marchant sur la route, couché aussi bien que debout ; tu les attacheras à ta main comme un signe, sur ton front comme un bandeau ; tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes". (Dt 6,4-9)

Beaucoup, aujourd'hui encore, se rappellent la célébrité du P. Carré, dominicain, académicien, grand prédicateur à Notre-Dame de Paris durant les périodes de Carême, auteur d’une quarantaine de livres de spiritualités. Il y en a un qui a pour titre : "Tout commence aujourd’hui !".

C'est lui qui faisait cette grande distinction qu'il jugeait capitale et que je me permets de rappeler assez souvent : la distinction entre deux choses qui se ressemblent en surface mais qui sont radicalement différentes : la production et la fécondité.

Quand on vit dans le monde, on est pris dans l’engrenage de la production, de la superproduction. C’est un esclavage, pire que celui des Hébreux à qui on faisait faire des briques en Egypte, avant l’exode. On fait des briques, on ne sait pas pourquoi on les fait, mais il faut faire des briques sous peine de se singulariser et de paraître anormal. (Cf. Ex 5,3-19) (Etre chrétien aujourd'hui, c'est de plus en plus anormal !).

Or, disait-il, tout le problème de notre cheminement spirituel, à la suite des Hébreux durant l'exode, c'est de passer de la "servitude" de ce monde au "service de Dieu" (Il y a un jeu de mots en hébreu comme en français : de la "servitude" au "service" !).

Dieu nous a créés non pour l’esclavage de la production et ses abrutissements, mais pour la fécondité qui commence par l’écoute de sa Parole et s’épanouit sans un bruit, qui s’épanouit dans le rythme calme et lent de toute fécondité.

Il est à remarquer d'ailleurs que Jésus, pourtant charpentier comme son père Joseph, n'a que rarement repris dans ses paraboles le langage de son métier (à part les paraboles de "la paille et de la poutre", et celle de la "construction sur le roc" !) Mais il aimait parler de la semence et de la "bonne terre" qu’il faut préparer pour qu’elle donne cent pour un.

Et la meilleure préparation, c'est l'écoute de la Parole de Dieu !

Et c'est dans cet esprit que Jésus nous transmet la prière par excellence : le "Notre Père !". La prière n'est pas une "superproduction", une multiplication de paroles : rabâcher comme les païens ! C'est magnifier Dieu qui fait tout par amour pour nous ; et transmettre cet amour autour de nous, comme le prédicateur d'hier nous l'a rappelé !

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