19 Mars - St Joseph
2 Sam 7, 4... 16 - Rm 4, 13... 22 - Mt
1, 16... 24 a
La première idée
qui me vient toujours à la pensée à propos de St Joseph, c'est un principe
apparemment abstrait et cependant bien réel : cette proportion inverse qui existe
bien souvent entre l’"être" et l’"avoir", entre
l'"être" et le "paraître" ! Ceux qui ont de la consistance
dans l’être n’ont pas besoin, en général, de faire du tapage ; et ceux
dont la personnalité est fragile et qui ont besoin de se rassurer sur leur
importance, attachent beaucoup d’importance au paraître, au "look"
comme on dit maintenant.
Et je vois
aujourd'hui, en cette fête de St Joseph, une grande application de ce
principe : Le Verbe Incarné - deuxième Personne de la Sainte Trinité - a
voulu avoir près de lui, en Joseph, l'époux de Marie, une image, une évocation
de son Père - cette Première Personne de la Sainte Trinité - qui a tellement de
consistance dans l’Être - "Je suis Celui qui Suis !" -
qu’il n’a pas besoin de paraître, qu’il n'a nul besoin de dire son Nom, qu'il
est le Dieu caché, mais toujours présent.
Oui, St
Joseph, ce grand silencieux, était bien "père", à l'image de notre
Père des cieux qui agit sans cesse sans voir besoin de
"paraître", de ce Père des cieux dont Jésus dira : "Mon Père travaille toujours ; et moi
aussi, je travaille" (Jn 5.17). Et il précisera l'œuvre qu'il désire toujours
accomplir avec son Père : "Celui qui
m'aime, mon Père l'aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui
notre demeure !" (Jn 14.23). Et ils viennent toujours avec
leur Esprit commun, l'Esprit-Saint qui atteste en nous "que nous sommes enfants de Dieu !" (Rm.8.16). Voilà l'œuvre éternelle de Dieu-Trinité
!
Voilà
l'œuvre de St Joseph qui, tenant la place du Père des cieux, a su, par son
silencieux témoignage de vie, apporter à Jésus, Fils de Dieu toutes les richesses
de la nature humaine, de cette nature qu'il avait assumée. Que Joseph nous aide
désormais à vivre humainement cette richesse divine d'être "enfants de
Dieu", "frères" du Christ qu'il a, avec Marie son épouse, élevé,
éduqué... !
St Joseph,
image de notre Père des cieux, apparaît encore comme le prototype, le modèle
du "père de famille" dont Dieu avait déjà dessiné les traits tout
au long des siècles.
St Matthieu
- qui nous dit dans l'évangile : "Jacob engendra Joseph, l'époux de
Marie, de laquelle naquit Jésus, que l'on appelle Christ !" (Mt 1,16) - avait
commencé son évangile en écrivant : "Généalogie
de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham !".
Et la
liturgie d'aujourd'hui a le souci de nous montrer, que par Joseph, Jésus est
bien fils de David, fils d'Abraham. La première lecture, tirée du second
livre de Samuel, illustre la filiation de David, tandis que la seconde lecture,
tirée de la lettre de St Paul aux Romains, relie le peuple de la Nouvelle
Alliance, par-delà David, à Abraham, comme le soulignera également la vierge
Marie en son "Magnificat" !
Et Matthieu précise : "Le nombre total des générations est donc : quatorze d'Abraham à
David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la
déportation de Babylone au Christ !" (Mth 1.17). Le chiffre 14 structure ce prologue du Nouveau Testament comme
le chiffre 7 structurait le 1er chapitre de la Genèse. La Nouvelle
création qui commence avec Joseph montre un chiffre qui est le double de
l’Ancienne.
Autrement
dit, Joseph est bien ce "bon père de famille" qui récapitule en
lui toutes les figures paternelles de l'Ancien Testament, toutes les puissances
paternelles qui se sont manifestées dans l'histoire en vue de l'apparition
du Fils, le Christ, Fils de Dieu et Fils d'homme dont Joseph a pris soin !
Si Joseph
est bien l'image du Père des cieux, il est aussi le prototype, le modèle de
ce "Père de famille" dont Dieu avait déjà dessiné les traits tout
au long des siècles.
Joseph,
comme dit St Jérôme, est bien ce père de famille, qui, à l'exemple du "bon
scribe" dont parle St Mathieu, n'a cessé de tirer "de son trésor
du neuf et du vieux !". Il
est comme l'épouse du Cantique des cantiques qui chante : "Les
mandragores exhalent leur parfum ; à nos portes sont tous les meilleurs
fruits. Les nouveaux comme les anciens, je
les ai réservés pour toi, mon bien-aimé !" (Ct 7,14) . Tel
apparaît Joseph avec les fruits de l'Ancien Testament et, déjà, avec les fruits
de la Nouvelle Alliance !
Ainsi, St
Joseph est bien l'exemple humain pour tous les pères de la terre qui
doivent former, élever, éduquer les enfants des hommes, appelés, eux aussi,
à être "enfants de Dieu" ! Présenter tout à la fois les fruits
anciens et les fruits nouveaux !
Et pour
terminer ces évocations sur la paternité à la fois divine et humaine de St
Joseph à l'égard du Christ, et, par conséquence, à notre égard, je
reprendrai quelques réflexions du pape François lors de la messe d'inauguration
à son pontificat, le 19 Mars de l'an dernier (une occasion de prier pour lui
qui, lui aussi, est figure de paternité !).
"Nous
avons entendu dans l’Évangile, disait le pape, que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur
lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse ». Dans ces paroles est déjà
contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être "custos",
"gardien". Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est
une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux
Jean-Paul II : « Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est
consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ ; de même il est le gardien et
le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la
figure et le modèle »". (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1).
Et "comment Joseph
vit-il sa vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’Église ? Dans la
constante attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet, et non
pas tant au sien propre ; et c’est cela que Dieu demande à David, comme nous
l’avons entendu dans la première Lecture : Dieu ne désire pas une maison
construite par l’homme, mais il désire la fidélité à sa Parole, à son dessein ;
c’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais de pierres vivantes marquées
de son Esprit".
Oui, avec Joseph, nous comprenons quel est le centre de la vocation
chrétienne : Dieu ! Le Christ ! Voir toujours le Christ, "le
Christ seul", selon l'expression de l'évangile de dimanche dernier. Nous
"gardons" le Christ dans notre vie pour mieux "garder" nos
frères ! Voir le Christ en nous-mêmes pour mieux voir le Christ en nos frères !
C'est alors que nous pourrons véritablement répondre à l'incessante question de
l'homme : "Suis-je le gardien de mon
frère ?" (Gen 4.9).
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