Vendredi
après les Cendres 2014 - Pénitence et justice.
Dans
le très bref Evangile d'aujourd'hui, Jésus remet en place ceux qui se scandalisent
de voir que certains ne pratiquent pas les observances que l’on faisait
de son temps. Finalement, il leur reproche de se mêler de ce qui ne les regarde
pas ! Et puis, il semble leur rappeler ce que disait si bien Qohélet : il y a
un temps pour tout, "un temps pour
chaque chose sous le ciel". (cf. Qo 3).
"Un temps pour
planter, un temps pour arracher,
un temps pour pleurer
et un temps pour rire,
un temps pour
embrasser et un temps pour ne pas embrasser", etc.
Un
temps pour jeûner et un temps pour manger... !
Et
sur ces "temps" divers, qui peut juger son frère ? Dieu seul peut
regarder le cœur de chacun !
Aussi
est-il bon de rapprocher ce texte de Matthieu très court d'un passage de
l'évangile selon St Luc (18.19-24) :
"Deux
hommes montèrent au Temple pour prier ; l'un était Pharisien et l'autre
publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : "Mon Dieu, je
te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes... ; je
jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers".
Le publicain n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la
poitrine, en disant : "Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !".
Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié, l'autre non. Car
tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé."
Avec une lucidité que pourraient envier Karl Marx et certains spécialistes modernes en psychologie, Jésus montre que, de fait, la pratique religieuse peut devenir l’"opium du peuple" ou, quand elle n’est que pur formalisme, un moyen de rassurer sa conscience en évitant de la promener dans des fautes beaucoup plus graves qu’on commet envers Dieu ou dans ses relations avec ses frères. Tout l'évangile, à la suite de l'Ancien Testament, le dit avec force ! "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela“. (Mt 23.23). N'est-il pas bon de rappeler ces textes en ce temps de Carême pour que nos pratiques diverses soient agréés par Dieu qui, seul, "voit dans le secret", disait l'Evangile de Dimanche ? Et il me semble que le pape François ne fait que reprendre assez souvent cet enseignement fondamental !
Avec une lucidité que pourraient envier Karl Marx et certains spécialistes modernes en psychologie, Jésus montre que, de fait, la pratique religieuse peut devenir l’"opium du peuple" ou, quand elle n’est que pur formalisme, un moyen de rassurer sa conscience en évitant de la promener dans des fautes beaucoup plus graves qu’on commet envers Dieu ou dans ses relations avec ses frères. Tout l'évangile, à la suite de l'Ancien Testament, le dit avec force ! "Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela“. (Mt 23.23). N'est-il pas bon de rappeler ces textes en ce temps de Carême pour que nos pratiques diverses soient agréés par Dieu qui, seul, "voit dans le secret", disait l'Evangile de Dimanche ? Et il me semble que le pape François ne fait que reprendre assez souvent cet enseignement fondamental !
Ce
n’est sans doute pas par pur hasard que l’Evangile d’aujourd’hui a été choisi
en ce début de Carême pour nous mettre en garde contre le formalisme que
peuvent receler certaines observances religieuses.
Il
est bon de remarquer, d'ailleurs, qu'à certaines époques dites
"chrétiennes", on a tellement mis l’accent sur ces observances
extérieures que cela a provoqué chez les chrétiens un besoin de défoulement
; on n’a pas trouvé de meilleur moyen de réagir contre l’exagération qu’en
faisant précéder le carême par le carnaval ou encore en inventant la
"mi-carême" ! Et la conséquence, c'est qu'aujourd’hui, dans le monde,
on parle davantage de carnaval que de Carême ! Et se déchaînent, ici ou là, ripaille,
lubricité, bouffonnerie... ; et les agences de tourisme font fortune en
organisant, à prix acceptables, des voyages de distractions en bien des
endroits du monde !
Quelques siècles avant Jésus, le
prophète Isaïe avait fortement réagi contre le formalisme religieux d’une
manière qui pourrait être très percutante pour notre aujourd'hui ! Il est bon
de jeûner, d’en faire une pratique collective, disait-il, mais que cela ne
serve pas de paravent derrière lequel on continue à pratiquer l’injustice et la
violence.
"Quel
est le jeûne qui plaît à Dieu ?", demandait-il. Certainement pas
celui qui nous éviterait de faire les vraies réformes, celles qui rétablissent
l’harmonie et la paix, là où nous sommes.
Nous le savons :
la
mondialisation dont on parle tant entraîne souvent, même dans la conscience de
chrétiens, de terribles injustices. Le pape François, si attentif aux pauvres,
ne fait que le redire. On ferme des usines pour de simples motifs d’intérêts
économiques, on prive les gens de leur salaire ; et les délocalisations permettent
de trouver de la main d’œuvre moins chère en des pays où on accélère la
production et en surmenant des travailleurs réduits en esclavage - et cela même
pour des enfants -, ce que vient de souligner fortement le Vatican. Tout cela,
on ne veut pas trop y penser.
Tout, même autour de nous, est si
facilement subordonné à des intérêts égoïstes. On ne pense qu'à soi !
"Quel
est donc le jeûne qui plaît à Dieu ?", demandait Isaïe. - "N'est-ce pas plutôt ceci, le jeûne
que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens du joug ;
renvoyer libres les opprimés, et briser tous les jougs ? N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé,
héberger chez toi les pauvres sans abri ; si tu vois un homme nu, le vêtir ; ne
pas te dérober devant celui qui est ta propre chair ?" (Is
58.6-7).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire