Carême 1. Jeudi
L’histoire d’Esther est simple, même si la rédaction de ce livre est compliquée.
Le texte de notre lecture ne fait pas
partie de la Bible hébraïque (des cinq “Méguillot", c'est-à-dire
des Rouleaux des textes hébraïques). Il vient du texte grec de la Bible des
Septante composée au 3ème siècle, à Alexandrie, au temps des
Ptolémée, à l’usage des Juifs qui ne savaient plus très bien l’hébreu. Mais la
Septante n’est pas une simple traduction !
Il y a des modifications comme celle de
l'annonce de l'Emmanuel en Isaïe. Le texte hébreu dit : "Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils"
(Is.
7.14).
La Septante écrira : "Voici que la
vierge ("parthenos") est enceinte...", version que
reprendra St Matthieu (1.23) dans l'"annonce
à Joseph" à propos de Marie.
Il y a aussi des additions dont se méfiait St
Jérôme lui-même (soupçonneux
et pas toujours commode, mais saint tout de même ! - c'est consolant ! -), même s'il les a
conservées en grande partie dans sa "Vulgate", telle celle du livre
d'Esther!
Ces additions de l'"Esther grec"
tendent à rendre plus religieux le livre primitif en hébreu qui ne parle que
rarement de Dieu ! Tout semble s'arranger dans le drame qui est décrit par la
force et l'astuce humaines. La belle prière d'Esther veut corriger en rappelant
que le maître de l'histoire n'est pas tel ou tel pouvoir humain, mais bien
Dieu qui ne désire que la collaboration de son peuple à son œuvre divine !
Aussi, la tradition chrétienne a retenu la
belle prière que la liturgie nous propose aujourd'hui. Et nous ne pouvons que nous
en réjouir !
Retenons donc l'histoire : Les Juifs sont
en exil ! Mais Esther, belle jeune fille, a plu au roi… Elle devient sa
“préférée“. Elle devient reine ! Cependant, le premier ministre, en quelque
sorte, très puissant, cherche l’anéantissement du peuple juif, veut le détruire !
Esther est donc dans une situation difficile et douloureuse : comment,
sans déplaire au roi, lui révéler ce que trame son premier ministre qu’il
estime, afin de “sauver“ ses frères de race ?
Esther n’a qu’un recours : Dieu ! Elle prie Dieu avec
une magnifique confiance. Et cette prière d’Esther doit être la nôtre
lorsque nous traversons - et cela arrive - des moments très difficiles face à
des épreuves intérieures ou extérieures : tout semble s’écrouler en
nous-mêmes ou autour de nous ! Loin de se révolter ou simplement de
“demander des comptes à Dieu“, de le mettre en devoir de résoudre le problème,
Esther manifeste sa foi, son inaltérable confiance en Dieu : le Seigneur
ne peut rejeter son peuple !
Tous les saints ont témoigné de cette
confiance en Dieu au milieu des tempêtes de la vie. Le “Malin“ est assez rusé
et trompeur pour que nos diverses souffrances deviennent obligatoirement des
objections à la foi en Dieu. Thérèse de Lisieux, à la fin de sa vie ici-bas,
Mère Térésa furent ainsi tentées..., sans succomber bien sûr !
“Espérer
contre toute espérance“ (Rm
4.18), disait l’Apôtre Paul qui affirmait : "J'espère dans le Seigneur Jésus
!" (Ph.
2.19).
Telle fut l’attitude d’Esther en sa prière !
St Paul parle dans l’une de ses lettres
d’un problème très sérieux et très douloureux qu’il devait affronter en
permanence. “Trois fois (c’est-à-dire de
nombreuses fois),
dit-il, j’ai demandé au Seigneur de m’en
libérer“. Et le Seigneur lui répondit : “Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la
faiblesse (la
faiblesse de tout homme !)" - "Aussi
mettrai-je mon orgueil bien plutôt dans mes faiblesses afin que repose sur moi
la puissance du Christ !".
Voilà le message d’Esther, de Paul et de
tous les saints : la confiance en Dieu, malgré les apparences
humaines parfois contradictoires ! St Pierre exhortait les premiers
chrétiens à avoir confiance en Dieu dans les persécutions elles-mêmes : “Décharchez-vous sur lui de tous vos soucis,
puisqu’il s’occupe de voue“ (I Pier. 5.7).
Dieu prend soin de nous quoi qu’il
arrive ! La confiance ! “La
foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde…“, disait Jésus.
"Dieu
nous a donné la grâce, disait Thomas More, et de désespérer de nous-mêmes, et de nous remettre entièrement à sa
force, en toute dépendance et espérance !".
Ste Thérèse de Lisieux avait bien compris,
elle qui écrivait : "C'est la
confiance, et rien que la confiance, qui doit nous mener à Dieu !" -
Car "le Tout-Puissant nous a donné
un appui : lui-même, et lui seul !".
Et Charles de Foucault d'affirmer : "Jésus est le Maître de l'impossible
!".
Aussi, le Padre Pio avait raison d'affirmer
: "La pire insulte que l'on puisse
faire à Dieu, c'est de douter de Lui !".
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