14 Septembre - Fête de "La Croix glorieuse"
Le Curé d'Ars disait : "La croix est le plus
savant des livres qu'on peut lire. Ceux qui ne connaissent pas ce livre sont des ignorants, quand bien
même ils connaîtraient tous les autres livres. Il n'y a de véritables savants
que ceux qui l'aiment, la consultent et l'approfondissent... Plus on est à son
école, plus on veut y demeurer".
Le saint curé parlait d'expérience. A travers la
croix de Jésus, il devinait les plus étonnants secrets :
- la splendeur du ciel,
- l'esclavage affreux du péché,
- l'insondable amour du Christ,
- la force de libération liée à l'amour du Christ
- la valeur sans prix de la patience dans les
épreuves,
- les sources inconnues de la vraie joie.
Il s'agit là
d'une science très difficile, incompréhensible pour les pauvres hommes
malades que nous sommes, une science que seul Dieu peut nous donner. Si
nous ne savons pas la recevoir, nous manquons tout !
Seule cette science permet d'éviter les deux
grands dangers qui guettent les hommes en face de la souffrance accablante
et souvent injuste.
- Ou bien ils se révoltent aggravant encore le
poids de leurs souffrances en ajoutant de nouvelles violences qui se retournent
contre eux ;
- ou ils se résignent trop vite, se laissent
injustement anéantir.
Alors, bien souvent, rien ne se résout et le mal
progresse.
C'est pour nous arracher à cet engrenage que Jésus
a voulu vivre la croix. Le Christ n'est pas venu supprimer la souffrance, ni
même expliquer le mal. Il est venu nous aider à l'assumer.
Et comment l'a-t-il fait ? En illuminant la croix de son amour. La souffrance humaine détruit
quelque chose de la beauté de la création. L'amour vient lui restituer sa
beauté intérieure. A l'encontre de tant de promesses illusoires, nos ancêtres,
en érigeant solennellement des croix, rappelaient que si l'on ne peut esquiver
la mort et sa souffrance, le Christ, lui, a réussi à les transformer. De sa
mort qu'on lui imposait, il en a fait un acte de confiance envers son
Père et en même temps un acte d'amour envers ses frères, les hommes !
Aussi,
- il s'y soumet en toute liberté, condition
de l'amour.
- Il se livre lui-même, avec une douceur et une
force incroyables, à ce que des hommes lâches, tyranniques, cruels peuvent
inventer.
- Il ne cède pas à la lâcheté, au dolorisme, à
cette sorte de complaisance douteuse de la victime par rapport à son bourreau.
- Il ne donne pas raison à la foule qui hurle ni à
ces autorités égarées par de sordides calculs qu'il pourrait anéantir à
l'instant, s'il le voulait.
Ainsi, Jésus veut faire descendre
- dans les abîmes de l'angoisse humaine creusés par
le péché, sa paix divine,
- dans l'accablement intolérable de la douleur, sa
joie,
- dans les impasses du désespoir, sa lumière
pleine d'espérance.
Il n'y a pas
- de gouffre où Jésus ne soit descendu,
- pas d'humiliation qu'il n'ait connue,
- pas d'horreur qu'il n'ait visitée,
pour que tout homme, quelle que soit son
épreuve, puisse toujours trouver des sentiers inconnus pour sortir vers la
vie.
C'est ainsi que les plus effrayants tourments, les
terreurs infligées aux martyrs, tout ce que la jalousie du démon a suggéré aux
hommes, loin de les abattre, leur a conféré, au contraire, une grandeur, une
pureté, un rayonnement indicibles.
La petite Bernadette, pendant ses nuits sans
sommeil à l'infirmerie de Nevers, cramponnée à son crucifix, savait qu'elle
remplissait pleinement sa mission de prière pour les pécheurs.
Le climat si particulier de conversion,
d'espérance, de découvertes spirituelles qui se développent à Lourdes,
plus de cent-cinquante ans après sa mort, atteste de la profondeur de ce
mystère de la croix.
Comme Jésus lui-même l'explique si mystérieusement
aux pèlerins d'Emmaüs, en s'appuyant sur toute l'Ecriture : "Il fallait que le Christ souffrit cela
pour entrer dans sa gloire".
St Paul médite dans l'épître aux Philippiens cet
abaissement au plus bas, cette condition d'esclave misérable condamné au plus
infamant supplice qui permettra à Dieu d'exalter son Fils au plus haut et de
lui donner un Nom qui est au-dessus de tout nom.
Tel est en effet ce mystère incompréhensible
que St Jean, le premier et, après lui, tous les fidèles, vont contempler :
- c'est dans son abaissement même que Jésus est
grand,
- c'est au cœur de cette horreur du plus affreux
supplice que brille mystérieusement la splendeur de l'espérance ;
- c'est quand la haine pense avoir gagné que la
miséricorde paraît, au pied de la croix, en la personne de la Mère de Dieu !
La résurrection ne vient pas après comme une
récompense, elle fait éclater la réalité qui est cachée au cœur de la croix
et que seule la foi peut voir.
Oui, le curé d'Ars a raison : le "livre" de la croix
est le plus important des livres. Seule la croix peut transformer ce qui
empoisonne la vie des hommes en une source de joie, de purification, de
dynamisme incompréhensibles.
Que le
Seigneur nous accorde de plus en plus cette science du "livre de la croix" !
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