samedi 14 septembre 2013

Le "livre" de la Croix !

14 Septembre - Fête de "La Croix glorieuse"

Le Curé d'Ars disait : "La croix est le plus savant des livres qu'on peut lire. Ceux qui ne connaissent pas ce livre sont des ignorants, quand bien même ils connaîtraient tous les autres livres. Il n'y a de véritables savants que ceux qui l'aiment, la consultent et l'approfondissent... Plus on est à son école, plus on veut y demeurer".

Le saint curé parlait d'expérience. A travers la croix de Jésus, il devinait les plus étonnants secrets :
- la splendeur du ciel,
- l'esclavage affreux du péché,
- l'insondable amour du Christ,
- la force de libération liée à l'amour du Christ
- la valeur sans prix de la patience dans les épreuves,
- les sources inconnues de la vraie joie.

Il s'agit là d'une science très difficile, incompréhensible pour les pauvres hommes malades que nous sommes, une science que seul Dieu peut nous donner. Si nous ne savons pas la recevoir, nous manquons tout !

Seule cette science permet d'éviter les deux grands dangers qui guettent les hommes en face de la souffrance accablante et souvent injuste.
- Ou bien ils se révoltent aggravant encore le poids de leurs souffrances en ajoutant de nouvelles violences qui se retournent contre eux ;
- ou ils se résignent trop vite, se laissent injustement anéantir.

Alors, bien souvent, rien ne se résout et le mal progresse.

C'est pour nous arracher à cet engrenage que Jésus a voulu vivre la croix. Le Christ n'est pas venu supprimer la souffrance, ni même expliquer le mal. Il est venu nous aider à l'assumer.
Et comment l'a-t-il fait ? En illuminant la croix de son amour. La souffrance humaine détruit quelque chose de la beauté de la création. L'amour vient lui restituer sa beauté intérieure. A l'encontre de tant de promesses illusoires, nos ancêtres, en érigeant solennellement des croix, rappelaient que si l'on ne peut esquiver la mort et sa souffrance, le Christ, lui, a réussi à les transformer. De sa mort qu'on lui imposait, il en a fait un acte de confiance envers son Père et en même temps un acte d'amour envers ses frères, les hommes !

Aussi, 
- il s'y soumet en toute liberté, condition de l'amour.
- Il se livre lui-même, avec une douceur et une force incroyables, à ce que des hommes lâches, tyranniques, cruels peuvent inventer.
- Il ne cède pas à la lâcheté, au dolorisme, à cette sorte de complaisance douteuse de la victime par rapport à son bourreau.
- Il ne donne pas raison à la foule qui hurle ni à ces autorités égarées par de sordides calculs qu'il pourrait anéantir à l'instant, s'il le voulait.
 Simplement mais avec un lucide courage, il veut, face à la souffrance injuste, montrer la force de l'amour et de la vraie liberté.

Ainsi, Jésus veut faire descendre
- dans les abîmes de l'angoisse humaine creusés par le péché, sa paix divine,
- dans l'accablement intolérable de la douleur, sa joie,
- dans les impasses du désespoir, sa lumière pleine d'espérance.
Il n'y a pas
- de gouffre où Jésus ne soit descendu,
- pas d'humiliation qu'il n'ait connue,
- pas d'horreur qu'il n'ait visitée,
pour que tout homme, quelle que soit son épreuve, puisse toujours trouver des sentiers inconnus pour sortir vers la vie.

C'est ainsi que les plus effrayants tourments, les terreurs infligées aux martyrs, tout ce que la jalousie du démon a suggéré aux hommes, loin de les abattre, leur a conféré, au contraire, une grandeur, une pureté, un rayonnement indicibles.

La petite Bernadette, pendant ses nuits sans sommeil à l'infirmerie de Nevers, cramponnée à son crucifix, savait qu'elle remplissait pleinement sa mission de prière pour les pécheurs.
Le climat si particulier de conversion, d'espérance, de découvertes spirituelles qui se développent à Lourdes, plus de cent-cinquante ans après sa mort, atteste de la profondeur de ce mystère de la croix.

Comme Jésus lui-même l'explique si mystérieusement aux pèlerins d'Emmaüs, en s'appuyant sur toute l'Ecriture : "Il fallait que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire".     
St Paul médite dans l'épître aux Philippiens cet abaissement au plus bas, cette condition d'esclave misérable condamné au plus infamant supplice qui permettra à Dieu d'exalter son Fils au plus haut et de lui donner un Nom qui est au-dessus de tout nom.

Tel est en effet ce mystère incompréhensible que St Jean, le premier et, après lui, tous les fidèles, vont contempler :
- c'est dans son abaissement même que Jésus est grand,
- c'est au cœur de cette horreur du plus affreux supplice que brille mystérieusement la splendeur de l'espérance ;
- c'est quand la haine pense avoir gagné que la miséricorde paraît, au pied de la croix, en la personne de la Mère de Dieu !

La résurrection ne vient pas après comme une récompense, elle fait éclater la réalité qui est cachée au cœur de la croix et que seule la foi peut voir.

Oui, le curé d'Ars a raison : le "livre" de la croix est le plus important des livres. Seule la croix peut transformer ce qui empoisonne la vie des hommes en une source de joie, de purification, de dynamisme incompréhensibles.

Que le Seigneur nous accorde de plus en plus cette science du "livre de la croix" !

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