24e
T.O. Mercredi 13/C - (I Tm 3.14-16)
Toute la vie de St Paul fut une "consécration"
à la foi en Dieu-Père, par son Fils, le Christ, grâce à l'Esprit qui nous est
donné ! Et s'il ne peut le manifester à Timothée, son cher disciple, lors
d'une visite prévisible mais toujours aléatoire, il lui transmet en quelque
sorte son Testament !
Il désire lui rappeler comment se conduire "dans la maison de Dieu qui est l'Eglise du Dieu vivant !".
Retenons bien qu'avec le Christ, la "maison
de Dieu", sa demeure, sa famille, c'est l'Eglise. "C'est nous qui sommes le Temple du
Dieu vivant", avait-il déjà dit aux Corinthiens (2 Co. 6.16), comme Dieu
lui-même l'avait prédit : "J'habiterai
au milieu d'eux et j'y marcherai ; je serai leur Dieu et ils seront mon
peuple" (Cf.
Ez. 52.11 ; Lv 26.12).
La maison du Christ, dira encore la lettre aux Hébreux, "c'est nous, pourvu que nous gardions l'assurance et la joyeuse
fierté de l'espérance" (Heb. 3.6). Le Christ en est "le prêtre à la tête de sa maison" (Id 10.21).
"M'est
avis, disait Jeanne d'Arc, que le Christ et l'Eglise, c'est tout un". Et Péguy de
commenter : "Il y a beaucoup
d'églises dans l'Eglise. Mais il n'y en a qu'une. Il n'y a qu'une Eglise. Il y
a plusieurs églises. Il y a la "militante" ou nous sommes. Il y a la
"Souffrante" où nous évitons d'être. S'il plaît à Dieu. Il y a la "Triomphante" où nous
devons demander d'être. S'il plaît à Dieu. Mais il n'y a pas d'"Eglise
infernale. Il n'y a pas d'Eglise d'enfer". (Le mystère de la
charité de Jeanne d'Arc).
Oui, l'Eglise c'est "l'Incarnation prolongée", comme aimait à le
répéter notre grand Bossuet : "L'Eglise
c'est Jésus Christ, mais Jésus Christ répandu et communiqué".
Et
c'est l'Eglise qui est "colonne et
soutien de la Vérité", dit Paul. Car "le Verbe s'est fait chair", la "Parole de
Dieu" s'est incarnée ; Parole-Vérité que le Verbe est de toute éternité habite
l'Eglise. Il faut, là, se référer là au livre du Cnal Journet :
"l'Eglise du Verbe incarné". C'est l'Eglise qui conserve
solidement l'Evangile - Parole du Verbe incarné - cet Evangile qui sauve
le monde.
Isaïe avait bien prophétisé : "Voici que mon Serviteur
prospérera, il grandira, il s'élèvera très haut ! De même que des multitudes
avaient été saisies d'épouvante à sa vue - car il n'avait plus figure humaine,
son apparence n'était plus celle d'un homme -, de même des multitudes de
nations seront dans la stupéfaction ; devant lui des rois resteront bouche
close... pour avoir appris ce qu'ils n'avaient jamais entendu dire"
(Is.
52.13sv).
Et si on lit les exégètes, tant juifs que
chrétiens, nous trouvons deux interprétations à propos de ce "Serviteur"
:
- la "personnelle" : Le
"Serviteur" est un personnage qui a été persécuté et dont Dieu
prend la cause en main, car c'est lui qui sauve le peuple... Comment ne pas
reconnaître là le Christ lui-même Verbe de Dieu venu nous faire entrer dans
la Vie même de Dieu. "Ecoutez-le",
disait déjà le Baptiste à son sujet. Ecouter le Christ. Il nous a transmis son
"Evangile", la "Bonne nouvelle" du salut. "Je suis
la Vérité", dira-t-il !
- Et il y a l'interprétation
"collective" : Le "Serviteur de Dieu" est un peuple,
mystérieusement le peuple élu, Israël, dont l'élection", selon St Paul, sera
tout aussi mystérieusement partagée par le "Peuple de Dieu",
l'Eglise. Et c'est ce peuple recevant l'Evangile qui devient "colonne et soutien de la Vérité".
Et c'est ainsi que l'Eglise en qui habite
le Christ - "Je suis la Vérité", disait-il - est "maîtresse de vérité"
comme le rappelait le Concile Vatican II (principalement décret sur la liberté
religieuse - et "Lumen Gentium"). Sa fonction est donc d'enseigner la
Vérité qu'est le Christ lui-même. De transmettre le Christ, Dieu fait homme
!
Aussi, St Paul de rappeler le fondement de cette
Vérité, "le mystère de la
piété", dit-il. Le mot "piété" est assez souvent employé
dans le Nouveau Testament. Il exprime, surtout dans les lettres pastorales,
l'équivalent de ce que l'apôtre appelle "la vie en Christ".
- "Il
- il s'agit du Christ, bien sûr - il a
été manifesté dans la chair...". Et le texte qui suit (la fin de notre
lecture)
est probablement un fragment d'hymne chrétienne ou de profession de foi
liturgique à la gloire du Christ !
- "Il
a été manifesté dans la chair" : il s'agit de l'Incarnation
en laquelle "apparurent la bonté de
Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes" (Tit 3.4). Le Christ est
ainsi la manifestation "de la grâce
divine, source de salut pour tous les hommes" (Tit 2.11), lui "qui a détruit la mort et fait
resplendir la Vie" (2 Tm 1.10).
- Il a été "justifié par l'Esprit" : une allusion à la
résurrection, car le Christ a été "établi
Fils de Dieu, avec la puissance selon l'Esprit de sainteté, par sa
résurrection des morts" (Rom. 1.4). Et c'est par cette même puissance
de l'Esprit que nous pouvons, nous aussi, être lavés, sanctifiés, justifiés (cf. I Co. 6.11).
- Il est "contemplé par les anges". Ces êtres célestes
participaient au dessein de Dieu de sauver tous les hommes. Du haut du ciel,
ils ont contemplé le Fils de Dieu né de Marie ; ils l'ont annoncé aux bergers :
ils l'ont loué, chanté : "Gloire à
Dieu... !" (Lc
2). Et
maintenant, ils contemplent sa gloire, attendant notre propre participation à
cette même gloire, et y œuvrant sans cesse...
Désormais, le Christ est "proclamé chez les païens, cru dans le
monde, exalté dans la gloire". Et nous pouvons ajouter : Désormais,
l'Eglise est proclamée chez les païens, crue dans le monde, exaltée dans
la gloire. Telle est, avec Paul, notre
foi que nous avons à approfondir en la "vie du Christ" et à proclamer
!
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