mercredi 18 septembre 2013

Le Christ et l'Eglise

24e T.O. Mercredi 13/C   -               (I Tm 3.14-16)

Toute la vie de St Paul fut une "consécration" à la foi en Dieu-Père, par son Fils, le Christ, grâce à l'Esprit qui nous est donné ! Et s'il ne peut le manifester à Timothée, son cher disciple, lors d'une visite prévisible mais toujours aléatoire, il lui transmet en quelque sorte son Testament !

Il désire lui rappeler comment se conduire "dans la maison de Dieu qui est l'Eglise du Dieu vivant !". Retenons bien qu'avec le Christ, la "maison de Dieu", sa demeure, sa famille, c'est l'Eglise. "C'est nous qui sommes le Temple du Dieu vivant", avait-il déjà dit aux Corinthiens (2 Co. 6.16), comme Dieu lui-même l'avait prédit : "J'habiterai au milieu d'eux et j'y marcherai ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple" (Cf. Ez. 52.11 ; Lv 26.12). La maison du Christ, dira encore la lettre aux Hébreux, "c'est nous, pourvu que nous gardions l'assurance et la joyeuse fierté de l'espérance" (Heb. 3.6). Le Christ en est "le prêtre à la tête de sa maison" (Id 10.21).
"M'est avis, disait Jeanne d'Arc, que le Christ et l'Eglise, c'est tout un". Et Péguy de commenter : "Il y a beaucoup d'églises dans l'Eglise. Mais il n'y en a qu'une. Il n'y a qu'une Eglise. Il y a plusieurs églises. Il y a la "militante" ou nous sommes. Il y a la "Souffrante" où nous évitons d'être. S'il plaît à Dieu.  Il y a la "Triomphante" où nous devons demander d'être. S'il plaît à Dieu. Mais il n'y a pas d'"Eglise infernale. Il n'y a pas d'Eglise d'enfer". (Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc). Oui, l'Eglise c'est "l'Incarnation prolongée", comme aimait à le répéter notre grand Bossuet : "L'Eglise c'est Jésus Christ, mais Jésus Christ répandu et communiqué".

Et c'est l'Eglise qui est "colonne et soutien de la Vérité", dit Paul. Car "le Verbe s'est fait chair", la "Parole de Dieu" s'est incarnée ; Parole-Vérité que le Verbe est de toute éternité habite l'Eglise. Il faut, là, se référer là au livre du Cnal Journet : "l'Eglise du Verbe incarné". C'est l'Eglise qui conserve solidement l'Evangile - Parole du Verbe incarné - cet Evangile qui sauve le monde.
Isaïe avait bien prophétisé : "Voici que mon Serviteur prospérera, il grandira, il s'élèvera très haut ! De même que des multitudes avaient été saisies d'épouvante à sa vue - car il n'avait plus figure humaine, son apparence n'était plus celle d'un homme -, de même des multitudes de nations seront dans la stupéfaction ; devant lui des rois resteront bouche close... pour avoir appris ce qu'ils n'avaient jamais entendu dire" (Is. 52.13sv).
Et si on lit les exégètes, tant juifs que chrétiens, nous trouvons deux interprétations à propos de ce "Serviteur" :
- la "personnelle" : Le "Serviteur" est un personnage qui a été persécuté et dont Dieu prend la cause en main, car c'est lui qui sauve le peuple... Comment ne pas reconnaître là le Christ lui-même Verbe de Dieu venu nous faire entrer dans la Vie même de Dieu. "Ecoutez-le", disait déjà le Baptiste à son sujet. Ecouter le Christ. Il nous a transmis son "Evangile", la "Bonne nouvelle" du salut. "Je suis la Vérité", dira-t-il !
- Et il y a l'interprétation "collective" : Le "Serviteur de Dieu" est un peuple, mystérieusement le peuple élu, Israël, dont l'élection", selon St Paul, sera tout aussi mystérieusement partagée par le "Peuple de Dieu", l'Eglise. Et c'est ce peuple recevant l'Evangile qui devient "colonne et soutien de la Vérité".

Et c'est ainsi que l'Eglise en qui habite le Christ - "Je suis la Vérité", disait-il - est "maîtresse de vérité" comme le rappelait le Concile Vatican II (principalement décret sur la liberté religieuse - et "Lumen Gentium"). Sa fonction est donc d'enseigner la Vérité qu'est le Christ lui-même. De transmettre le Christ, Dieu fait homme !

Aussi, St Paul de rappeler le fondement de cette Vérité, "le mystère de la piété", dit-il. Le mot "piété" est assez souvent employé dans le Nouveau Testament. Il exprime, surtout dans les lettres pastorales, l'équivalent de ce que l'apôtre appelle "la vie en Christ".

- "Il - il s'agit du Christ, bien sûr - il a été manifesté dans la chair...". Et le texte qui suit (la fin de notre lecture) est probablement un fragment d'hymne chrétienne ou de profession de foi liturgique à la gloire du Christ !
- "Il a été manifesté dans la chair" : il s'agit de l'Incarnation en laquelle "apparurent la bonté de Dieu notre Sauveur et son amour pour les hommes" (Tit 3.4). Le Christ est ainsi la manifestation "de la grâce divine, source de salut pour tous les hommes" (Tit 2.11), lui "qui a détruit la mort et fait resplendir la Vie" (2 Tm 1.10).
- Il a été "justifié par l'Esprit" : une allusion à la résurrection, car le Christ a été "établi Fils de Dieu, avec la puissance selon l'Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts" (Rom. 1.4). Et c'est par cette même puissance de l'Esprit que nous pouvons, nous aussi, être lavés, sanctifiés, justifiés (cf. I Co. 6.11).
- Il est "contemplé par les anges". Ces êtres célestes participaient au dessein de Dieu de sauver tous les hommes. Du haut du ciel, ils ont contemplé le Fils de Dieu né de Marie ; ils l'ont annoncé aux bergers : ils l'ont loué, chanté : "Gloire à Dieu... !" (Lc 2). Et maintenant, ils contemplent sa gloire, attendant notre propre participation à cette même gloire, et y œuvrant sans cesse...

Désormais, le Christ est "proclamé chez les païens, cru dans le monde, exalté dans la gloire". Et nous pouvons ajouter : Désormais, l'Eglise est proclamée chez les païens, crue dans le monde, exaltée dans la gloire. Telle est, avec Paul, notre foi que nous avons à approfondir en la "vie du Christ" et à proclamer !

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