T.O.
22 imp. Vendredi - (Col. 1. 21-23)
A l’époque biblique, Dieu proclamait par la
bouche de Moïse qu’il y avait sur terre deux catégories d’hommes. Ceux,
d’une part, qui appartenaient au peuple élu, et, d’autre part, les idolâtres,
quel que soit l’objet de leur adoration, fussent-elles les merveilles du
Créateur, comme celle du ciel étoilé.
"Quand tu lèveras les yeux vers le
ciel, quand tu verras le soleil, la lune, les étoiles et toute l'armée des
cieux, ne va pas te laisser entraîner à te prosterner devant eux et à les
servir. Le Seigneur ton Dieu les a donnés en partage à tous les peuples qui
sont sous le ciel ; mais vous, le Seigneur vous a pris et vous a fait sortir d'Égypte,
pour que vous deveniez le peuple de son héritage, comme vous l'êtes encore
aujourd'hui". (Dt 4, 19-20)
Cette élection d'Israël était marquée
dans le Temple de Jérusalem par une séparation : un mur encerclait
l’espace central, interdisant aux non-juifs de pénétrer plus avant en direction
du Saint des Saints. Et le fameux mur qui a été si impitoyablement construit de
nos jours en Israël, soi-disant pour une meilleure sécurité de Jérusalem, porte
aussi l'empreinte de cette antique élection-séparation !
Et, à cette occasion, on peut rappeler : Le
fanatisme de la foule s’était déchaîné lorsque Paul fut accusé d’avoir fait
pénétrer par delà ce mur de l'enceinte du temple de Jérusalem un certain Trophine qui était païen. Ce Trophine était originaire d’Ephèse. Ce n’est pas étonnant que
Paul, dans l’épître aux Ephésiens, parle de ce mur dans un langage tout proche de Celui qu’il emploie aujourd’hui
pour nous dire que le mur qui séparait
au temps du Deutéronome les juifs des non-juifs n’existe plus.
"Rappelez-vous donc qu'autrefois, vous les
païens - qui étiez tels dans la chair, vous qui étiez appelés "prépuce"
par ceux qui s'appellent "circoncision",... d'une opération pratiquée
dans la chair ! -, rappelez-vous qu'en ce temps-là vous étiez sans Christ,
exclus de la cité d'Israël, étrangers aux alliances de la Promesse, n'ayant ni
espérance ni Dieu en ce monde !
Or voici qu'à présent, dans le Christ
Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang
du Christ. Car c'est lui qui est
notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un, détruisant la
barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette Loi des
préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux (peuples)
en un seul Homme Nouveau, faire la paix et les réconcilier avec Dieu, tous deux,
en un seul Corps, par la Croix : en sa personne il a tué la Haine.
Alors il
est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour
ceux qui étaient proches : par lui nous avons en effet, tous deux, en un seul
Esprit, libre accès auprès du Père.
Ainsi donc, vous n'êtes plus des étrangers
ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de
Dieu... Dans le Christ, vous êtes intégrés à la construction pour devenir une
demeure de Dieu, dans l'Esprit". (Ep 2, 11-22).
Ce n’est pas que l’élection d'Israël ait été abolie - le Christ n'étant pas venu
abolir mais accomplir -. Mais, elle est ouverte aux dimensions universelles lorsqu'est venu, avec le Christ, à la
Plénitude du Temps, l’achèvement d’un unique
dessein de Dieu, dont la Loi mosaïque n’était qu’une étape.
Aussi, l’Evangile est désormais proclamé à
toute créature
sous le ciel, cet Evangile dont Paul est devenu le ministre. Il est devenu ce
serviteur prédit par les prophètes, par Isaïe en particulier. (Cf.Is 42,6 ;
49,6 ; 25,7 ; 46,13)
"Et maintenant Dieu a parlé, lui
qui m'a modelé dès le sein de ma mère pour être son serviteur, pour ramener
vers lui Jacob, et qu'Israël lui soit réuni. Et il a dit : "C'est trop peu
que tu sois pour moi un serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener
les survivants d'Israël. Je fais de toi la lumière des nations pour que mon
salut atteigne les extrémités de la terre". (Is
49, 5-6)
Et
je vous engage à relire également tout le chapitre 31ème du livre de
Jérémie qui prophétise une "Nouvelle Alliance" tout en marquant
l'amour indéfectible que Dieu porte à son peuple. Ces textes devraient nous
permettre d'exorciser définitivement cette idée qui traîne encore dans certaines
mentalités et pratiques chrétiennes, à savoir que la "Nouvelle
Alliance" est une "autre" Alliance qui se serait substituée à la
précédente et l'aurait abolie. "Je
ne suis pas venu abolir, mais accomplir", disait Notre Seigneur ! A la
suite de Vatican II, le pape Jean-Paul II, particulièrement, soulignait qu'il
n'y a pas deux Alliances, mais une seule Election divine qui s'est élargie
aux dimensions universelles !
C'est
peut-être encore une grande question pour nos mentalités : Même si des
chrétiens sont appelés parfois à vivre en "séparés" pour mieux
témoigner, par leur consécration, que Dieu seul suffit, que son Amour est Vie,
il n'y a plus, en vérité, ni mur, ni séparation, ni clôture. "Dieu nous a tous réconciliés dans le
Christ et nous appelle tous à être, en lui, saints, irréprochables,
inattaquables".
Du
peuple de l'Ancienne Alliance et de celui de la nouvelle Alliance, Dieu a créé,
en Jésus Christ, "un seul Homme
Nouveau". "Il a tué toute
haine", il est "notre Paix" pour que son "salut atteigne les extrémités de la
terre". Car Dieu, répétera St Jean, n'est qu'Amour. Que nos pratiques,
obligatoirement particulières, manifestent cependant l'universalité du salut
pour tout homme..., pour tous les hommes. Que les "quo" ne deviennent
pas des "quod", disait le P. de Lubac, qui alors sont,
immanquablement, sources de divisions : c'est-à-dire que nos façons d'agir ne deviennent
pas des buts en soi, mais témoignent inlassablement de l'Amour de Dieu pour
tout homme, Amour manifesté en Jésus Christ.
C'est
dans cette pensée qu'il nous faut, aujourd'hui tout particulièrement, prier pour la Paix ! Avec notre
pape François !
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