samedi 7 septembre 2013

La Paix !

T.O. 22 imp. Vendredi    -                           (Col. 1. 21-23)

A l’époque biblique, Dieu proclamait par la bouche de Moïse qu’il y avait sur terre deux catégories d’hommes. Ceux, d’une part, qui appartenaient au peuple élu, et, d’autre part, les idolâtres, quel que soit l’objet de leur adoration, fussent-elles les merveilles du Créateur, comme celle du ciel étoilé.
"Quand tu lèveras les yeux vers le ciel, quand tu verras le soleil, la lune, les étoiles et toute l'armée des cieux, ne va pas te laisser entraîner à te prosterner devant eux et à les servir. Le Seigneur ton Dieu les a donnés en partage à tous les peuples qui sont sous le ciel ; mais vous, le Seigneur vous a pris et vous a fait sortir d'Égypte, pour que vous deveniez le peuple de son héritage, comme vous l'êtes encore aujourd'hui". (Dt 4, 19-20)

Cette élection d'Israël était marquée dans le Temple de Jérusalem par une séparation : un mur encerclait l’espace central, interdisant aux non-juifs de pénétrer plus avant en direction du Saint des Saints. Et le fameux mur qui a été si impitoyablement construit de nos jours en Israël, soi-disant pour une meilleure sécurité de Jérusalem, porte aussi l'empreinte de cette antique élection-séparation !

Et, à cette occasion, on peut rappeler : Le fanatisme de la foule s’était déchaîné lorsque Paul fut accusé d’avoir fait pénétrer par delà ce mur de l'enceinte du temple de Jérusalem un certain Trophine qui était païen. Ce Trophine était originaire d’Ephèse. Ce n’est pas étonnant que Paul, dans l’épître aux Ephésiens, parle de ce mur dans un langage tout proche de Celui qu’il emploie aujourd’hui pour nous dire que le mur qui séparait au temps du Deutéronome les juifs des non-juifs n’existe plus.
"Rappelez-vous donc qu'autrefois, vous les païens - qui étiez tels dans la chair, vous qui étiez appelés "prépuce" par ceux qui s'appellent "circoncision",... d'une opération pratiquée dans la chair ! -, rappelez-vous qu'en ce temps-là vous étiez sans Christ, exclus de la cité d'Israël, étrangers aux alliances de la Promesse, n'ayant ni espérance ni Dieu en ce monde ! 
Or voici qu'à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. Car c'est lui qui est notre paix, lui qui des deux peuples n'en a fait qu'un, détruisant la barrière qui les séparait, supprimant en sa chair la haine, cette Loi des préceptes avec ses ordonnances, pour créer en sa personne les deux (peuples) en un seul Homme Nouveau, faire la paix et les réconcilier avec Dieu, tous deux, en un seul Corps, par la Croix : en sa personne il a tué la Haine.
Alors il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui étiez loin et paix pour ceux qui étaient proches : par lui nous avons en effet, tous deux, en un seul Esprit, libre accès auprès du Père.
Ainsi donc, vous n'êtes plus des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu... Dans le Christ, vous êtes intégrés à la construction pour devenir une demeure de Dieu, dans l'Esprit". (Ep 2, 11-22)

Ce n’est pas que l’élection d'Israël ait été abolie - le Christ n'étant pas venu abolir mais accomplir -. Mais, elle est ouverte aux dimensions universelles lorsqu'est venu, avec le Christ, à la Plénitude du Temps, l’achèvement d’un unique dessein de Dieu, dont la Loi mosaïque n’était qu’une étape.

Aussi, l’Evangile est désormais proclamé à toute créature sous le ciel, cet Evangile dont Paul est devenu le ministre. Il est devenu ce serviteur prédit par les prophètes, par Isaïe en particulier. (Cf.Is 42,6 ; 49,6 ; 25,7 ; 46,13)
"Et maintenant Dieu a parlé, lui qui m'a modelé dès le sein de ma mère pour être son serviteur, pour ramener vers lui Jacob, et qu'Israël lui soit réuni. Et il a dit : "C'est trop peu que tu sois pour moi un serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël. Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne les extrémités de la terre"(Is 49, 5-6)

Et je vous engage à relire également tout le chapitre 31ème du livre de Jérémie qui prophétise une "Nouvelle Alliance" tout en marquant l'amour indéfectible que Dieu porte à son peuple. Ces textes devraient nous permettre d'exorciser définitivement cette idée qui traîne encore dans certaines mentalités et pratiques chrétiennes, à savoir que la "Nouvelle Alliance" est une "autre" Alliance qui se serait substituée à la précédente et l'aurait abolie. "Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir", disait Notre Seigneur ! A la suite de Vatican II, le pape Jean-Paul II, particulièrement, soulignait qu'il n'y a pas deux Alliances, mais une seule Election divine qui s'est élargie aux dimensions universelles !

C'est peut-être encore une grande question pour nos mentalités : Même si des chrétiens sont appelés parfois à vivre en "séparés" pour mieux témoigner, par leur consécration, que Dieu seul suffit, que son Amour est Vie, il n'y a plus, en vérité, ni mur, ni séparation, ni clôture. "Dieu nous a tous réconciliés dans le Christ et nous appelle tous à être, en lui, saints, irréprochables, inattaquables".

Du peuple de l'Ancienne Alliance et de celui de la nouvelle Alliance, Dieu a créé, en Jésus Christ, "un seul Homme Nouveau". "Il a tué toute haine", il est "notre Paix" pour que son "salut atteigne les extrémités de la terre". Car Dieu, répétera St Jean, n'est qu'Amour. Que nos pratiques, obligatoirement particulières, manifestent cependant l'universalité du salut pour tout homme..., pour tous les hommes. Que les "quo" ne deviennent pas des "quod", disait le P. de Lubac, qui alors sont, immanquablement, sources de divisions : c'est-à-dire que nos façons d'agir ne deviennent pas des buts en soi, mais témoignent inlassablement de l'Amour de Dieu pour tout homme, Amour manifesté en Jésus Christ.


C'est dans cette pensée qu'il nous faut, aujourd'hui tout particulièrement, prier pour la Paix ! Avec notre pape François !

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