T.O. 23
Vendredi (I Tim. 1. 1-1'4)
"...Paul
Apôtre du Christ Jésus" !
St Paul commence toujours ses lettres en
soulignant son autorité d'apôtre. Sa mission d'apostolat, il l'a reçu comme un
ordre de Dieu, sur le chemin de Damas particulièrement ; C'est lui qui l'a,
dit-il "rendu fort" (Le mode du verbe
employé - l'aoriste - suggère cette référence, disent les exégètes.
(Et il vrai que l'apôtre du Christ y fait
souvent allusion. N'avons-nous pas - chacun de nous" - notre "chemin
de Damas" qui nous a fait véritablement rencontrer le Christ ?).
L'absence de cette mention
d'"apôtre" dans quelques lettres s'explique aisément. A l'époque des
lettres aux Thessaloniciens, l'autorité de Paul n'avait pas encore été
contestée, loin de là. Et la lettre aux Philippiens est adressée à la Communauté
la plus fidèle. Quant à la lettre à Philémon dont nous avons entendu un passage
dimanche dernier, elle est plutôt un billet tout à fait personnel. Et ce titre
d'"apôtre" que revendique légitimement Paul doit nous encourager à
l'écouter, à le lire avec un cœur de disciple, doit nous conduire à une
attention particulière et respectueuse envers les successeurs des apôtres, et
principalement le premier d'entre eux, le successeur de Pierre.
"...par
ordre de Dieu, notre Sauveur, et du
Christ Jésus, notre Espérance"
"Notre
espérance...!"
: Paul pourrait évoquer cette espérance comme une attente de la venue du Christ
; Il le fera d'ailleurs dans cette même lettre :
"Garde le commandement sans tache, dira-t-il à Timothée ...jusqu'à l'Apparition de notre Seigneur
Jésus Christ" (I Tim 6.14). Ou encore dans sa seconde lettre : "Voici
qu'est préparée pour moi la couronne de justice, ... et non seulement à moi
mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition" (II Tim. 4.8). N'est-ce pas
ainsi que nous manifestons nous-mêmes notre espérance ; et nous chantons : "Nous attendons, Seigneur, ta venue
dans la Gloire !".
Mais ici, en notre pasage, les quelques mots - "Jésus, notre Espérance" - indiquent que
Paul veut affirmer avant tout que le Christ Jésus est lui-même l'appui, le
fondement de notre espérance en la Vie éternelle. Sans le Christ, on est
sans espérance. Les chrétiens doivent se définir comme "ceux qui ont mis leur espéance dans le Christ",
comme l'apôtre le dira par ailleurs (Cf. I Cor. 15.19 - Col. 1.27).
Et le parallélisme entre les deux mots "Sauveur" et "Espérance", fréquent dans
l'Ancien Testament, a, chez St Paul, une grande portée doctrinale. C'est ce
qu'avait bien compris St Jean Chrysostome que nous fêtons aujourd'hui.
Il commentait : "Nous avons Dieu pour Sauveur ("Dieu, Notre Sauveur",
écrivait Paul), non un homme. Ce Sauveur n'est pas un débile ; c'est Dieu lui-même... ! Et notre
espérance ne saurait être confondue, puisque c'est le Christ lui-même
("Jésus notre espérance",
écrivait Paul). Avec ce double appui -
"Dieu-Sauveur" et "Jésus-Espérance" -, nous bravons les périls ou nous ne tardons
pas à nous y soustraire ; nous sommes nourris d'espoirs bienfaisants". Avec
le Christ !
Nous retrouvons là toute la Morale de Paul qu'il
nous a déjà enseignée à la fin de sa lettre aux Colossiens, ces jours derniers.
La seule Morale, c'est que le Christ soit notre vie, que la vie du Christ
soit notre vie... ! "Pour moi, vivre, c'est le Christ"
(Ph. 1.21) ! En mot-à-mot : "Pour moi, la
vie, Christ !". Logiquement, après le mot "vie", nous
attendrions, un verbe exprimant un état ou une action.. Au lieu d'un verbe,
c'est un Nom : "Christ" !
Tant ce Nom est tout pour l'apôtre : "Christ"
! ; tant il est dominé et absorbé par
l'objet de sa foi : le "Christ"
! ; tant il y a pour ainsi dire
transfusion du Christ en Paul et de Paul en Christ ! Et alors, avec
lui, en lui, par lui nous sommes pleins d'esparance !
C'est cet attachement au "Christ, notre espérance", qui nous fait éviter, dit
ensuite l'apôtre - passage qui n'est pas retenu par notre lecture liturgique -
qui nous fait éviter doctrines fausses, discussions inutiles et conduites
pernicieuses... etc, tout ce que condamne la "morale" au sens commun
du terme. Mais nous y parvenons qu'en union avec le Christ
Jésus, notre Espérance" !
La suite de notre texte (avec d'autres
citations) mérite à St Paul d'être appelé "l'Apôtre
de la Providence", mettant en relief l'initiative gratuite de la
décision de Dieu et de son choix à son égard. Et il affirmera que Dieu appelle
chacun, chacun en particulier ; Dieu n'appelle pas "en masse", si je
puis dire. Selon l'apôtre, l'appel est particulier pour chacun ; et du côté de
Dieu, il est efficace et immuable. C'est du côté des hommes qu'il y a des
invités qui négligent l'"appel", par refus d'entendre ou selon la
mauvaise disposition de leur coeur. La réduction du nombre des élus ne provient
pas d'une limitation des choix de Dieu, mais de l'incrédulité actuelle et
concrète des invités convoqués.
Dieu appelle, Dieu nous appelle à vivre du
Christ avec lui, en lui ! C'est lui notre espérance qui nous permet d'envisager
sereinement la participation à la vie même de Dieu qu'annonce toute
Eucharistie que nous célébrons.
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