vendredi 13 septembre 2013

Le Christ, notre Espérance !

T.O. 23  Vendredi                             (I Tim.  1. 1-1'4)

"...Paul Apôtre du Christ Jésus" !
St Paul commence toujours ses lettres en soulignant son autorité d'apôtre. Sa mission d'apostolat, il l'a reçu comme un ordre de Dieu, sur le chemin de Damas particulièrement ; C'est lui qui l'a, dit-il "rendu fort" (Le mode du verbe employé - l'aoriste - suggère cette référence, disent les exégètes.
(Et il vrai que l'apôtre du Christ y fait souvent allusion. N'avons-nous pas - chacun de nous" - notre "chemin de Damas" qui nous a fait véritablement rencontrer le Christ ?).

L'absence de cette mention d'"apôtre" dans quelques lettres s'explique aisément. A l'époque des lettres aux Thessaloniciens, l'autorité de Paul n'avait pas encore été contestée, loin de là. Et la lettre aux Philippiens est adressée à la Communauté la plus fidèle. Quant à la lettre à Philémon dont nous avons entendu un passage dimanche dernier, elle est plutôt un billet tout à fait personnel. Et ce titre d'"apôtre" que revendique légitimement Paul doit nous encourager à l'écouter, à le lire avec un cœur de disciple, doit nous conduire à une attention particulière et respectueuse envers les successeurs des apôtres, et principalement le premier d'entre eux, le successeur de Pierre.

"...par ordre de Dieu, notre Sauveur, et du Christ Jésus, notre Espérance"
"Notre espérance...!" : Paul pourrait évoquer cette espérance comme une attente de la venue du Christ ; Il le fera d'ailleurs dans cette même lettre :
"Garde le commandement sans tache, dira-t-il à Timothée ...jusqu'à l'Apparition de notre Seigneur Jésus Christ" (I Tim 6.14). Ou encore dans sa seconde lettre : "Voici qu'est préparée pour moi la couronne de justice, ... et non seulement à moi mais à tous ceux qui auront attendu avec amour son Apparition" (II Tim. 4.8). N'est-ce pas ainsi que nous manifestons nous-mêmes notre espérance ; et nous chantons : "Nous attendons, Seigneur, ta venue dans la Gloire !".

Mais ici, en notre pasage,  les quelques mots - "Jésus, notre Espérance" - indiquent que Paul veut affirmer avant tout que le Christ Jésus est lui-même l'appui, le fondement de notre espérance en la Vie éternelle. Sans le Christ, on est sans espérance. Les chrétiens doivent se définir comme "ceux qui ont mis leur espéance dans le Christ", comme l'apôtre le dira par ailleurs (Cf. I Cor. 15.19 - Col. 1.27).

Et le parallélisme entre les deux mots "Sauveur" et "Espérance", fréquent dans l'Ancien Testament, a, chez St Paul, une grande portée doctrinale. C'est ce qu'avait bien compris St Jean Chrysostome que nous fêtons aujourd'hui.
Il commentait : "Nous avons Dieu pour Sauveur ("Dieu, Notre Sauveur", écrivait Paul), non un homme. Ce Sauveur n'est pas un débile ; c'est Dieu lui-même... ! Et notre espérance ne saurait être confondue, puisque c'est le Christ lui-même ("Jésus notre espérance", écrivait Paul). Avec ce double appui - "Dieu-Sauveur" et "Jésus-Espérance" -, nous bravons les périls ou nous ne tardons pas à nous y soustraire ; nous sommes nourris d'espoirs bienfaisants". Avec le Christ !

Nous retrouvons là toute la Morale de Paul qu'il nous a déjà enseignée à la fin de sa lettre aux Colossiens, ces jours derniers. La seule Morale, c'est que le Christ soit notre vie, que la vie du Christ soit notre vie... ! "Pour moi, vivre, c'est le Christ" (Ph. 1.21) ! En mot-à-mot : "Pour moi, la vie, Christ !". Logiquement, après le mot "vie", nous attendrions, un verbe exprimant un état ou une action.. Au lieu d'un verbe, c'est un Nom : "Christ" ! Tant ce Nom est tout pour l'apôtre : "Christ" !  ; tant il est dominé et absorbé par l'objet de sa foi : le "Christ" !  ; tant il y a pour ainsi dire transfusion du Christ en Paul et de Paul en Christ ! Et alors, avec lui, en lui, par lui nous sommes pleins d'esparance !

C'est cet attachement au "Christ, notre espérance", qui nous fait éviter, dit ensuite l'apôtre - passage qui n'est pas retenu par notre lecture liturgique - qui nous fait éviter doctrines fausses, discussions inutiles et conduites pernicieuses... etc, tout ce que condamne la "morale" au sens commun du terme. Mais nous y parvenons qu'en union avec le Christ Jésus, notre Espérance" !

La suite de notre texte (avec d'autres citations) mérite à St Paul d'être appelé "l'Apôtre de la Providence", mettant en relief l'initiative gratuite de la décision de Dieu et de son choix à son égard. Et il affirmera que Dieu appelle chacun, chacun en particulier ; Dieu n'appelle pas "en masse", si je puis dire. Selon l'apôtre, l'appel est particulier pour chacun ; et du côté de Dieu, il est efficace et immuable. C'est du côté des hommes qu'il y a des invités qui négligent l'"appel", par refus d'entendre ou selon la mauvaise disposition de leur coeur. La réduction du nombre des élus ne provient pas d'une limitation des choix de Dieu, mais de l'incrédulité actuelle et concrète des invités convoqués.

Dieu appelle, Dieu nous appelle à vivre du Christ avec lui, en lui ! C'est lui notre espérance qui nous permet d'envisager sereinement la participation à la vie même de Dieu qu'annonce toute Eucharistie que nous célébrons.

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