mardi 31 janvier 2012

La Foi !

4 T.O. Mardi (Mc 5. 21-43)

St Marc manie plus facilement que les autres évangélistes le paradoxe, paradoxe qui apparaît jusque dans la construction de ses récits !

Hier, la guérison du démoniaque gérasénien avec le troupeau d’environ 2.000 porcs (rien que cela !) qui, sous l’emprise des esprits impurs, dévale l’escarpement pour se précipiter dans la mer et s’y noyer, constitue le miracle le plus spectaculaire de tout l’évangile de Marc. Le narrateur semble n’épargner aucun détail pour rendre ce miracle aussi sensationnel que possible.

En fort contraste avec ce récit, nous avons aujourd’hui la résurrection de la fille de Jaïre qui a lieu pratiquement, lui, dans le plus grand secret : la foule est abandonnée ; seuls trois disciples accompagnent Jésus ; les gens venus pleurer la défunte sont mis dehors… Il n’y a que les parents de la jeune fille et les trois disciples qui pénètrent avec Jésus dans la chambre mortuaire. Et la description du miracle - le plus grand de tous les miracles rapporté par St Marc - est d’une extrême sobriété. Jésus dit simplement : “Je te l’ordonne, lève-toi !“. “Aussitôt, la fillette se leva et se mit à marcher, car elle avait douze ans !“. L’histoire se présente comme s’il n’y avait qu’une petite fille à réveiller de son sommeil. Et même, Jésus, en finale, recommande que personne ne le sache !

Entre ces deux relations d’attitudes, de narration, il y a la guérison de l’hémorroïsse qui reçoit une place éminemment signifiante : on y retrouve le contraste de tout le chapitre avec un éclairage supplémentaire :
- D’une part, il y a la foule qui presse Jésus de tous côtés et qui n’arrive pas à entrer en contact avec lui : on est dans le sensationnel comme pour la guérison de Gérasénien…
- Et d’autre part, il y a, au milieu de cette foule, comme tout à fait secrètement, l’attitude de la femme qui ne fait que toucher l’extrémité du manteau de Jésus. Elle seule est atteinte par Jésus ; elle est guérie par une force mystérieuse et invisible de Jésus au plus profond et au plus intime de sa personne. Secrètement !

Autrement dit, l’action de Dieu en Jésus est toujours paradoxale. Elle est capable de choses toujours extraordinaires, et parfois surprenantes, sensationnelles (histoire du gérasénien), et parfois comme très secrètes (résurrection de la fille de Jaïre). Mais pour les deux cas - pour tous les cas sensationnels ou secrets -, la guérison de l’hémorroïsse, placée là paradoxalement au milieu de ces récits, révèle ce qui donne accès à la puissance divine : LA FOI ! - “Ta foi t’a sauvée !“ -. La foi que se permettra de solliciter Jésus, après l’épisode de la femme guérie, au père de la jeune fille : “Crois seulement !“. Et St Marc de sous-entendre : Crois comme cette femme soudainement guérie.

Le fait d’avoir inséré cette guérison de la femme entre l’histoire du possédé et celle de la résurrection de l’enfant nous donne la signification de l’ensemble : LA FOI ! C’est ce que ne cessera alors d’affirmer Jésus : “Ayez foi en Dieu !“ (Mc 11.22). Même pour des choses qui peuvent paraître invraisemblables, sensationnelles : “Si quelqu’un dit à cette montagne : « Ote-toi de là ! »…et s’il ne doute pas en son cœur…, cela arrivera !“ (Mc 11.23).

C’est ce que répètera à l’envie l’auteur de la lettre aux Hébreux :
“La foi est une manière de posséder déjà ce qu’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas…
Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn…
Par la foi, Noé, divinement averti de ce qu’on ne voyait pas encore…
Par la foi, Abraham partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage… Il attendait la ville dont Dieu est l’architecte et le fondateur… Par la foi, il a offert Isaac…. Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter…
Par la foi, Sara, malgré son âge, dut rendue capable d’avoir une postérité...
Par la foi, Isaac… ; Par la foi, Moïse… ; Par la foi, Rahab, la prostituée…“
...
Etc (ch. 11)

“Qui est vainqueur du monde, demande St Jean, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? La victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi !“ (I Jn 5.4,5). Et alors, le jour où la foi prendra fin, “nous serons semblables à Dieu, parce que nous le verrons tel qu’il est !“ (id 3.2).

“Je sais en qui j’ai mis ma foi !“, disait St Paul (2 Tm 1.12). Aussi, il demandait de mener “le beau combat de la foi“ (1 Tm 6.12). “Il faut, disait-il, que, par la foi, vous teniez solides et fermes !“ (Col 1.23). Car il est un fait, affirmait naguère Mgr Rodhain, apôtre de la charité, que “dans l’histoire de l’Eglise, la charité a diminué chaque fois que la foi a faibli !“ (1). Ce que Ste Catherine de Sienne exprimait à sa façon : “Notre amour est la mesure de notre foi ; et notre foi est la mesure de notre amour !“.

(1) Congrès eucharistique de Munich

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