mercredi 18 janvier 2012

... "Et Bon Dimanche !"

2 T.O. Mercredi – Sabbat-Dimanche ! (Mc 2.1- 3.1-6)

Notre évangile d’aujourd’hui fait partie d’une section (2.1-3.6) composée de cinq controverses avec les pharisiens sans lien chronologique précis !
Mais ces controverses marquent déjà une progression si dramatique dans l’opposition à Jésus qu’elle est exprimée très clairement dans sa conclusion : “Les Pharisiens tinrent conseil avec les Hérodiens contre Jésus sur les moyens de le faire périr !“. A ce sujet in est intéressant de souligner l’art littéraire de St Marc pour bien marquer cette opposition :
- Au début, les Pharisiens ne font que murmurer dans leur cœur : à propos du paralytique guéri (2.6) !
- Puis ils interrogent les apôtres : à propos du repas avec les pécheurs (2.16).
- Enfin, ils osent s’adresser à Jésus lui-même : à propos du jeûne et des épis froissés (2.18,24).
- En finale (notre évangile), c’est Jésus qui “attaque“ si je puis dire : il interroge les Pharisiens et les met dans l’embarras, si bien que ceux-ci décident sa mort !

Ainsi toute cette section constitue un “petit évangile“ dans le grand :
1. On y trouve l’aspect victorieux de la nouveauté éclatante qu’apporte Jésus
- en guérissant : le paralytique, l’homme à la main desséchée,
- en pardonnant : le paralytique, les pécheurs chez Lévi,
- en libérant : question du jeûne et du sabbat.
2. Mais il y aussi la perspective d’une fin tragique vers laquelle Jésus s’oriente immanquablement. Le mystère pascal se dessine fortement !

Aujourd’hui la liturgie nous offre cette dernière partie de l’opposition à Jésus, si forte que sa mort est décidée ! L’objet de l’opposition est la pratique du sabbat que les Pharisiens avaient vidé de son sens très élevé.
Grande et précieuse était, en effet, l’institution du sabbat. Les Juifs y tenaient comme à la prunelle de leurs yeux. À travers le sabbat s'exprimaient leur identité, leur foi, leur histoire ! Et il nous est sans doute profitable de le souligner !

Le jour du sabbat était et est toujours en sa compréhension profonde un jour de repos en l'honneur de Dieu. Il place, dans la vie de l'homme, un espace qui rappelle que l'être humain n'est pas que terrestre : il vient de Dieu et est destiné à retourner vers lui. Citoyen de la terre, il est aussi citoyen des cieux. Il ne trouve ni son origine, ni son centre, ni son point d'arrivée en lui-même, mais en Dieu. Fêter le sabbat, c’est sanctifier le temps, le temps de notre vie, l’orienter ! Puisse notre Dimanche (“Jour du Seigneur“) avoir ce sens profond !

Jour de repos pour sanctifier le temps, le sabbat est aussi jour de repos en l'honneur de l'homme et de la femme. Le repos sabbatique permet de souffler, de s’arrêter pour mieux affirmer, de semaine en semaine, que nous ne sommes pas des esclaves, des bêtes de somme, de simples instruments de production, mais des êtres libres capables de donner au temps un sens de fécondité. Fêter le sabbat, c’est affirmer que nous ne sommes pas rivés à une production ; nous sommes destinés à une fécondité déjà ici-bas et pleinement au jour éternel. Fêter le sabbat, c’est nous orienter et vers Dieu et vers nos frères !
.
Enfin, le sabbat est jour de célébration.
- Il fête les “hauts faits“, les merveilles de Dieu à notre égard. Il manifeste notre reconnaissance d’amour.
- Il est aussi jour de foi qui chante la certitude de la présence agissante de Dieu en nos vies.
- Il est jour d'espérance également, car le Dieu fidèle hier est aussi le Dieu fidèle aujourd'hui ; et il le sera demain. Le sabbat devient alors jour d'imploration auprès de Dieu pour que l'avenir de l'humanité ne soit pas un jour de ténèbres, mais de lumière. Fêter le sabbat, c’est espérer, ou reprendre espérance, malgré les difficultés du temps présent !

On pourrait montrer que le dimanche qui a remplacé pour les chrétiens le sabbat, recèle des valeurs semblables à celles de l’institution juive, avec évidemment, une différence capitale : notre “sabbat“, notre Dimanche est centré sur le Christ venu parmi nous il y a deux mille ans, mort et ressuscité pour notre salut et qui nous prépare aujourd’hui à sa gloire éternelle.

C’est à chacun de donner, de redonner un sens profond au Dimanche, de sorte qu’en ce jour béni, nous puissions nous adresser les uns aux autres cette exclamation de St Paul : “Nous rendons grâces à Dieu à tout moment pour vous tous, faisant mention de vous sans cesse dans nos prières, nous rappelant votre foi active, votre charité qui se met toujours en peine, votre persévérante espérance en notre Seigneur Jésus Christ…“ (I Thess. 1.2)

Aussi, avec simplicité, je me permets ce souhait : à tous et à chacun, de semaine en semaine, saint et joyeux Dimanche !

Aucun commentaire: