dimanche 8 janvier 2012

... Et notre baptême !

Baptême de Notre Seigneur

Tous les parents donnent un prénom à leur enfant, prénom proclamé solennellement au jour de leur baptême. Et au fils des mois, des années, l’enfant prend conscience de ce prénom : il répond quand on l’appelle ; il réalise peu à peu que ce prénom le distingue des autres personnes de son entourage. – Et s’il perçoit cela assez rapidement, il constatera ensuite que le nom de sa famille le distingue des autres familles, que ce nom particulier porte avec lui un certain nombre de caractéristiques, de richesses propres. – Oui, il appartient bien à telle famille qu’il pourra prolonger lui-même, agrandir, rendre célèbre…, peut-être !

Et bien, quand saint Marc se met à raconter le baptême du Christ, il a en tête ces mêmes idées qu'il veut préciser et transmettre à ses lecteurs.

Il entend d'abord mettre en relief que Jésus de Nazareth se distingue de ses concitoyens. Cet homme entretient en effet avec Dieu des relations tout à fait particulières. Plus encore : il est le “Fils bien-aimé du Père” ! Il est le Fils de Dieu ! Le baptême dans le Jourdain est donc ce lieu et ce moment où la véritable identité de Jésus se trouve révélée. Fils de Dieu ! Emmanuel : Dieu avec nous !

Comme Matthieu et Luc, Marc veut aussi signaler que ce baptême marque l'entrée de Jésus dans la vie publique. Jusqu'à ce jour, le fils de Joseph et de Marie avait vécu dans l'ombre, ne se distinguant en rien de ceux qui l'entouraient. Au sortir du Jourdain, commence pour lui une vie nouvelle. Dorénavant, il parcourra le pays pour prêcher au nom de Dieu son Père, révéler à tous les hommes de bonne volonté qu’ils sont appelés à entrer en sa famille, en la famille de Dieu Père, Fils, Saint-Esprit : “Celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé a la Vie éternelle !“ (Jn 5.24)

Il faut enfin remarquer qu'au moment de son baptême, Jésus est envahi par l'Esprit Saint, Esprit d’amour, lien entre le Père et le Fils, l’Esprit de famille divine. Certes, il possédait déjà l'Esprit, mais il lui est ici redonné en vue de la nouvelle étape de sa vie qu'il entreprend. C'est dans la force de l'Esprit qu'il proclamera l'Évangile et accomplira les signes annonciateurs de l'implantation du Royaume de Dieu qui sera l’appel à entrer en la famille de Dieu Père, Fils, Saint-Esprit : “Jésus, précise St Luc, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée… Il enseignait…“ (Lc 4.14). Et Notre Seigneur reprenant les paroles d’Isaïe proclamera : “L’Esprit du Seigneur est sur moi… pour annoncer la Bonne Nouvelle !“ (Lc 4.18).

Voilà pourquoi, ce que l’on peut affirmer du baptême de Jésus doit l'être également du nôtre.

1. Le jour où un ministre de l'Église a versé sur nous l'eau baptismale au nom du Père, du Fils et de l'Esprit, nous avons été officiellement reconnus, individuellement, avec tel prénom non seulement comme enfant d’homme, mais comme enfant de Dieu. Vérité connue depuis lors..., devenue presque banale. Vérité qui mérite pourtant une attention. Comme le Christ, nous pouvons en effet nous nommer fils et filles de Dieu. Et ce n'est pas un titre d'honneur, un artifice, un jeu de mots ; c'est une réalité. “Voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés, écrit saint Jean : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu - et nous le sommes.” (1 Jn 3, 1)

C'est l'occasion, aujourd'hui, de nous demander si nous sommes toujours suffisamment conscients de cette richesse que représente le fait d'être membres de la famille de Dieu, d'être les bien-aimés du Père et de pouvoir appeler Dieu “notre Père”, comme le Christ lui-même l'a fait. Notre prénom est à la fois humain et divin !

2. Le jour de son baptême, le Christ a inauguré sa mission de faire entrer en la Famille divine les enfants des hommes. Ce ne fut évidemment pas le cas pour (la plupart de) nous qui avons été baptisés à quelques jours de notre naissance. Il reste cependant que la condition de baptisé implique une mission : celle de témoigner du Christ et de son message. Cette mission ne saurait être le lot de quelques-uns seulement. Personne n'est gratifié du baptême pour uniquement en profiter personnellement. Tout baptisé est appelé à refléter autour de lui et à sa façon, ce qu'il est, ce qu'il a reçu, et manifester les caractéristiques de sa famille, celle de Dieu.

Il convient donc de nous demander aujourd'hui dans quelle mesure, tout au long de notre vie, nous aurons manifesté autour de nous la foi, l'amour et l'espérance qui nous habitent, ces caractéristiques de notre famille. C’est vrai de tout chrétien et - a fortiori - du prêtre, de tout religieux ! Question qui est souvent posée : comment concilier vie contemplative et vie apostolique.

3. Un mot enfin de l'Esprit Saint. Il est communiqué à tous les baptisés pour être l'instigateur de leur croissance dans la foi et leur soutien dans l'exercice de leur mission. Tout le dynamisme qu'il a autrefois manifesté en Jésus, il le déploie maintenant dans les croyants que nous sommes. Ce dynamisme nous permet, - Jésus nous l’a dit - d'accomplir des œuvres plus grandes que celles qu'il a lui-même réalisées (Jn 14/12). Plus grandes, en ce sens qu'elles donnent suite à des actions qu'il a lui-même inaugurées. La Famille de Dieu est en croissance, toujours. En sommes-nous bien convaincus ? “Seuls sont enfant de Dieu ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu !“ (Rm 8.14).

Qu'en est-il de l'action de l’Esprit en nous depuis le jour de notre baptême ? Avons-nous suffisamment laissé l'Esprit travailler en nous ? Avons-nous collaboré à son action de manière à devenir des chrétiens, véritablement fils de Dieu ? Comment se présente la courbe de notre développement de fils de Dieu ? De telles questions ne sont pas hors de propos en ce jour où nous célébrons le baptême du Christ et notre propre baptême.

Il y a quelques années, lors d'un voyage en France, le pape Jean-Paul II interrogeait les chrétiens de ce pays en ces termes : “France, qu'as-tu fait de ton baptême ?” Question aussi dérangeante que percutante. Ayons aujourd'hui le courage de la reprendre à notre compte : “Qu'avons-nous fait... que sommes-nous en train de faire de notre baptême ?” Avons-nous conscience de notre identité personnelle au sein de la Famille de Dieu en laquelle le Christ nous a insérés par son mystère pascal ?

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