vendredi 20 janvier 2012

Disciples du Seigneur !

2 T.O. Vendredi imp. (Mc 3.1- 12)

Avec l’évangile d’hier et celui d’aujourd’hui, c’est la seconde fois que Marc fait allusion à la relation de Jésus avec ses disciples.

La première fois, c’était au début de son Evangile, au seuil de la vie publique de Jésus : il appelle ses premiers disciples à le suivre. Et il les entraîne immédiatement en la mission qu’il inaugure avec fermeté et détermination. Nulle précision alors de temps ou de lieu. Tout est centré sur le contenu du message qu’il délivre : “Il proclamait l’Evangile - c’est-à-dire la Bonne Nouvelle - de Dieu“ (1.14). Pour Marc, cette “Bonne Nouvelle de Dieu“, c’est Jésus lui-même. Voilà pourquoi le récit ne s’encombre ni du lieu, ni du temps. Il ne s’agit que de Jésus, de sa venue comme Fils de Dieu venu vaincre les puissances du mal. Ainsi, c’était hier ; c’est aujourd’hui et ce sera demain ! La “Bonne Nouvelle“, c’est Jésus toujours présent ! St Paul l’avait bien compris. Lui aussi veut annoncer l’Evangile de Dieu. Et “cet Evangile, dit-il aux Romains, que Dieu avait promis… concerne son Fils issu selon la chair de la lignée de David, établi, selon l’Esprit-Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection d’entre les morts… Et cet Evangile est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit !“ (Rm 1.2…-17).

C’est ainsi que Marc avait défini, toujours avec concision, le but de son écrit : la proclamation de la Bonne Nouvelle qu’est Jésus. Il l’avait fait de façon solennelle : “Jésus proclamait la Bonne Nouvelle de Dieu. Il disait : Le temps est accompli ; le Règne de Dieu s’est approché. Convertissez-vous. Croyez à cette Bonne Nouvelle“ (1.14-15). Et les premiers disciples avaient accueilli cette "Bonne Nouvelle", avaient accueilli Jésus de façon radicale, puisque Marc note à propos de Jacques et Jean : “laissant dans la barque leur père Zébédée avec les ouvriers, ils partirent à sa suite !“ (1.20).

Le deuxième dytique (évangile d’hier et d’aujourd’hui) à propos de Jésus et de ses disciples se détache encore du contexte par une généralité et indétermination de temps et de lieu : le moment n’est pas précisé et les lieux sont abstraits : la mer, la montagne (v/ 7 & 13). Hier, Marc nous offrait comme une vue panoramique qui embrassait la province de la Syrie occidentale (v/7 & 8). Le parcours était circulaire du nord au sud (Idumée), puis de l’ouest à l’est (Transjordanie) et enfin retour au nord et à l’ouest (Tyr et Sidon). Cet ensemble géographique est comme un petit monde du temps du Christ qui annonce l’étendue de la mission du Christ : le monde entier !
Les disciples mentionnés à deux reprises (v/7 & 9) font désormais partie de la mission ; ils y collaborent à leur façon. Deux d’entre eux ayant laissé “dans la barque leur père avec les ouvriers“, ils ont retrouvé une (autre) petite barque qu’ils mettent à la disposition de Jésus ! Ils deviennent, de fait, “pêcheurs d’hommes“ (1.17). Et l’appel, l’institution des Douze (v/13-19) confirment leur incorporation à l’activité de Jésus.

Le programme, selon le style et la caractéristique de Marc, est simple et fort : …pour être avec lui et pour les envoyer prêcher, en leur donnant le pouvoir de chasser les démons (v/15). Notons enfin le trait final sur Judas - "celui qui le livra" - (v/19) qui est du même ton que la finale de la section précédente (où il était question des pharisiens qui tiennent conseil pour faire périr Jésus 3.6). Le drame entre Jésus et le démon, entre Dieu et les forces du mal se précise.

Mais retenons pour notre réflexion les trois caractéristiques de la mission de tout apôtre : il est appelé “pour être avec Jésus“…, “pour prêcher“…et chasser les démons“ !

­- Etre avec Jésus ! Depuis qu’au jardin de la Genèse, pour la première fois, il appela l’homme en lui disant : “Où es-tu ?, Dieu n’a pas cessé de le chercher de tout son amour prévenant, patient, inlassable, jusqu’à se faire homme afin de lui dire en un langage d’homme comme Jésus le fit à l’égard de Zachée : “Il faut que j’aille demeurer chez lui…“. Mais pour cela, il attend de nous ce même désir comme l’exprimaient les deux disciples de l’évangile de dimanche dernier : “Seigneur, où demeures-tu” ? Alors, à chacun il dira : “Venez et vous verrez”. Et St jean précise la suite : “Ils y allèrent… ils demeurèrent avec lui… et ils le suivirent”. Etre avec Jésus, en intimité avec lui ! N’est-ce pas là le secret de toute vie chrétienne, de toute vie religieuse. “Dominus vobiscum“ ! le Seigneur avec vous, avec nous, chacun étant dans la vie même du Christ ressuscité !

Notre union à Dieu, au Christ ne sera jamais le résultat d’une pensée théologique, d’un raisonnement, si utile soit-il par ailleurs (“Fides quaerens intellectum“ : la foi qui cherche à comprendre !). Très souvent, en ce domaine, les preuves (de la raison raisonnante) fatiguent la vérité (si transcendante !). Notre union à Dieu, au Christ ne sera jamais, non plus, d’ordre moral, alors même que Jésus nous dit : “Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait“ (Mth 5.48). En ce domaine, le risque est si grand d’être, à l’exemple des Religieuses de Port-Royal, “pures comme des anges, mais orgueilleuses comme des démons“ !

On ne le dira jamais assez : notre foi est, doit être le témoignage d’une expérience, l’expérience d’une rencontre avec le Ressuscité qui nous donne sa vie, sa vie divine, dès ici-bas, de sorte que Dieu peut nous dire à nous aussi : “Tu es mon fils ; moi-même, aujourd’hui, je t’ai engendré !“ (Ps 2). C’est comme une transfusion de la vie du Ressuscité en notre vie : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi !“ (Gal 2.20).

- Prêcher ! C’est à cette indispensable condition - être avec le Seigneur - qu’il y aura annonce, prédication de la présence de Dieu dans le monde, pour tout homme qui le cherche ! La prédication sera toujours une résultante de notre union à Dieu, alors même que la parole pourrait nous faire défaut !
Il ne s’agit pas avant tout de parler, mais d’être, - être témoin de la vie du Christ en nous - ! Certes St Paul précise : “Quiconque invoquera le Nom du Seigneur sera sauvé ! Or comment l’invoqueraient-ils sans avoir cru en lui ? Et comment croiraient-ils en lui, sans l’avoir entendu ?“ (Rm 10.13-14)… “Sans l’avoir entendu“ ! Pour Paul, dans la prédication apostolique, c’est le Christ lui-même qui parle ! Laisser parler le Christ en ceux à qui on s’adresse ! St Augustin avait bien compris cela : “Je ne suis que le répétiteur extérieur du Maître intérieur qui seul instruit les cœurs“, disait-il. Puissions-nous être de bons répétiteurs - et d’abord par notre imitation du Christ - pour que le Maître intérieur instruise tous les cœurs ! Prions à cette intention !

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