lundi 2 janvier 2012

St Grégoire de Nazianze

2 Janvier 2012 -

Je me permets aujourd’hui de m’attarder sur Grégoire de Nazianze, un ami si je puis dire depuis…, depuis le noviciat ! Passionné quelque peu par ses écrits et son style, je le lisais, disons, à des moments inopportuns. Ce qui me valut légitimement les reproches du P. Maître des novices ! Cependant mon amitié spirituelle pour lui n’en fut pas pour autant amoindri !

Il était dénommé de son temps “Grégoire le Jeune“, par comparaison avec son père, “Grégoire l’Ancien“. Celui-ci, d’abord païen, fut converti par son épouse, Nonne. Peu après son baptême en 321 (année du Concile de Nicée qui condamne l’arianisme), il fut fait évêque de sa ville, Nazianze.
Ce couple remarquablement chrétien avait alors trois enfants dont Grégoire qui écrira plus tard : “Mon père et ma mère travaillaient à me donner des impressions excellentes et dignes de leur éminente piété que mon âme recevait sans peine !“

Ainsi, issu d’une famille très chrétienne, Grégoire, après un songe prémonitoire de sa consécration à Dieu, prit la résolution de renoncer au mariage et à tous les divertissements de la jeunesse. Il part faire ses études en Palestine, puis à Alexandrie (ou il dut rencontrer l’évêque Athanase, le pourfendeur de l’arianisme) et enfin à Athènes !

C’est en cette ville qu’il se noua d’une forte amitié avec St Basile au point qu’il écrira : “Si quelqu’un devait me demander quelle est la meilleure chose en cette vie, je répondrais : des amis !“ Cette amitié commençante ne fut pas sans forts remous qui permirent très vite à St Grégoire de méditer sur la distinction entre charité et amitié.
Dans l’exercice de la charité, conclura-t-il avec St Basile, il n’y a ni préférence ni réciprocité obligatoire, la bonté, la miséricorde s’appliquant à tous ! L’amitié, elle, repose sur l’élection, vit de partage, de présence et exalte la personne unique ! Dans les débuts de leur amitié, Basile semble davantage chrétien et Grégoire davantage héritier de la philosophie grecque. Le premier suivait d’abord et avant tout le commandement de l’amour du prochain tandis que le second suivait la voix d'un cœur très sensible qui n’obéit souvent qu’à des affinités. Mais Grégoire se mettra très vite au diapason de Basile ! Et tous les deux nous montrent que le chemin qui commence par des sentiments humains - toujours ambivalents par trop de sensiblerie égoïste qu’ils peuvent recéler - peut aller jusqu’à l’amour même de Dieu rayonnant alors sur toute relation. C’est un grand sujet de méditation, me semble-t-il, et toujours actuel tant pour la vie familiale que la vie religieuse !

Obligé de se séparer de Basile, Grégoire rentre à Nazianze où il est ordonné prêtre par son père. Ordonné ensuite évêque de Sasimes contre son gré par St Basile, il ne peut cependant s'y établir ; il reste alors chez son père, devenant le premier évêque auxiliaire de l'Église. Toujours très partagé entre vie contemplative et vie active, il choisit comme un milieu entre les deux, y étant déterminé par l’obligation de rendre à ses parents l’assistance nécessaire. Cependant il douta toujours de la justesse de sa décision, ce qui fut peut-être la cause de son esprit très tourmenté, d’autant que son ami Basile semblait parfois lui reprocher de ne pas se retirer comme lui dans la solitude. Leur échange de lettres à ce sujet est pour nous un trésor de spiritualité monastique !

Il faut passer - faute de temps - sur les nombreux soubresauts et de sa vie personnelle et principalement sur ceux de son temps. Invité à Constantinople, il y vint pour lutter contre l’arianisme toujours résurgent. Sa foi profonde, l’exemplarité d’une vie austère et ses talents d’orateur firent merveille, si bien que l’empereur Théodose l’imposa comme évêque de Constantinople. C’est alors qu’on le surnomma “Grégoire le théologien !“.

Il présidera les débuts du Concile de Constantinople (381). Mais les disputes, dissensions, exaltations, chicaneries propres aux Orientaux de cette époque eurent raison de son zèle. Grégoire démissionne et retourne à Nazianze où il écrit de nombreuses lettres et discours dans lesquels il développe la théologie chrétienne, et principalement la nature divine de l'Esprit Saint comme Personne de la Sainte Trinité.

La richesse de ses écrits théologiques conduit très vite à une reconnaissance de Grégoire de Nazianze dans toute la chrétienté. Il influença significativement la théologie de la Trinité, tant chez les Pères grecs que latins. Il est considéré avec Basile et Grégoitre de Nysse comme l'un des trois Grands "Pères Cappadociens" qui eurent tant d’influence jusqu’en Occident.
Il fut déclaré "Docteur de l'Eglise" par le pape Pie V, en 1578.

Ses reliques, transférées à Rome au VIIIe siècle pour éviter leur destruction lors de la querelle iconoclaste, ont été données par le pape Jean-Paul II au patriarche Bartholomée Ier de Constantinople en 2004, dans une volonté de réconciliation entre catholiques et orthodoxes.

Et pour terminer, comme nous sommes encore au temps de Noël, je me permets de vous transmettre une note que j’ai conservée de St Grégoire à propos de ce grand mystère de l’Incarnation :
“Le Verbe de Dieu qui est éternel, invisible, incompréhensible, incorporel…, lumière née de la lumière, source de la vie et de l'immortalité, ressemblance identique du Père (He 1,3), intention et pensée de celui-ci…, prend chair pour sauver la chair !
Il s'unit à une âme raisonnable pour sauver mon âme ; il veut purifier le semblable par le semblable et il devient totalement homme, sauf en ce qui concerne le péché…
Lui qui enrichit les autres s'appauvrit, car il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité (2 Co 8,9). Lui qui est plénitude s'anéantit, il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude.

Quel trésor de bonté ! Quel grand mystère en ma faveur ! Le Verbe a participé à ma chair afin de rendre la chair immortelle ! … Il fallait que l'homme soit sanctifié par un Dieu devenu homme... ".

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