mardi 24 janvier 2012

Ceux du “dedans“ ou du “dehors“ !

3 T.O. Mardi (Mc 3.21-35)

Notre évangile d’aujourd’hui nous ramène à la confrontation de Jésus avec sa famille. Certains avaient proclamé : “Il a perdu la tête !“. Ils étaient même venus “pour s’emparer de lui“. (3.21). Maintenant “ils le font demander“ comme pour un jugement, semble-t-il ! On devine un certain harcèlement… Ils poursuivent Jésus, à n’en pas douter !

Mais ils n’ont pas de véritable accès jusqu’à lui. Ils “restent dehors“, littéralement et au sens figuré ! “Le mystère du Règne de Dieu est donné, dira un peu plus tard Notre Seigneur. Mais pour ceux du dehors, tout devient énigme“. (4.11).
Ceux qui entourent Jésus (ceux “du dedans“) préfigurent certainement, dans la pensée de Marc, la Communauté des chrétiens, l’Eglise primitive à laquelle beaucoup demeurent étrangers. L’expérience de l’Eglise continue celle de Jésus : les chrétiens bénéficient d’une révélation à laquelle les non-croyants n’ont pas de part…, pour le moment ! Aussi, conseillera St Paul, envers ces derniers, il faut avoir une “conduite honorable“ (I Thess. 4.12), “bienveillante“ (Col. 4.5). Il ajoutera même : Ce n’est pas à moi de les juger ! “Ceux du dehors, Dieu les jugera !“ (I Co. 5.12-13) Que les chrétiens soient donc dignes de la révélation qu’ils ont reçue, dans l’action de grâces et la fidélité ! Car, dira-t-il encore, c’est “ceux du dedans“ qu’il nous faut apprécier, évaluer…, c’est-à-dire c’est envers “ceux du dedans“ qu’il nous faut être vigilants. L’Ecriture ne dit-elle pas : “Otez le méchant du milieu de vous“ (Dt 17-7), car “le sel affadi, disait Notre Seigneur lui-même, on le jette dehors“ (Lc 14.35) !
Autrement dit, que ceux “du dedans“ puissent attirer par “leur foi active, leur persévérante espérance, leur amour qui se met toujours en peine“ (I Thess. 1.3) leurs frères “du dehors“ dont le jugement est réservé à Dieu seul ! A Dieu seul ! Tant il est vrai, comme le dira St Augustin, que “l'Eglise a des enfants parmi ses ennemis et des ennemis parmi ses enfants“.

Et c’est sans doute dans ces sentiments que l’on peut comprendre la présence de Marie. Longtemps, cette présence de la mère de Jésus dans le contexte d’opposition à Jésus me parut incompréhensible. Mais c’est certainement beaucoup plus simple qu’il n’en paraît au premier abord. D’ailleurs, notre expérience elle-même nous instruit : dans les “histoires de famille“, de village (voire peut-être de Communauté), il y a souvent contradiction, opposition ; il y a “les pour“ et “les contre“, comme l’on dit facilement.
Jésus suscite opposition, scepticisme ou adhésion. Dès le début de sa vie publique, il y a eu l’épisode de son enseignement à la Synagogue de Nazareth. Cet enseignement avait fort déplu à certains qui “le jetèrent en dehors de la ville“, avaient même voulu le tuer (Cf Luc 4.29). Sans doute, le ressentiment avait été très fort chez quelques-uns - des scribes, des pharisiens peut-être -. Ils voulaient encore en découdre avec ce jeune du village qui, pensaient-ils, mettait à mal la réputation des Nazaréens. Ils envoyèrent une délégation pour le surveiller, l’espionner (Cf. Mc 3.21)

Mais on peut supposer également - c’est souvent le cas - que devant cette tension grandissante, quelques-uns, favorables à Jésus, les accompagnèrent pour assurer sa défense, en quelque sorte, l’impartialité d’un jugement éventuel. Peut-être, en cette démarche, a-t-on sollicité Marie, la mère de Jésus. Peu importe d’ailleurs, car, finalement, une mère est toujours là face aux difficultés de son fils. Marie, la mère par excellence, est, sera toujours présente quand il le faut près de son fils. Marie est là silencieuse, “gardant tous les événements en son cœur“ (Lc 2.51), “les méditant en son cœur“ (Lc 2.19). Elle est là tout remplie de foi comme elle se sera jusqu’au pied de la croix !

Comme elle dut être heureuse d’entendre son fils déclarer : “Qui sont ma mère, mes frères ? … Quiconque fait la volonté de Dieu, voilà mon frère, ma sœur, ma mère !“. St Luc précisera : il parlera, lui, de “ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique“ (Lc 8.21).
Marie, ne voulait-elle pas faire la volonté de Dieu depuis sa vision de l’ange Gabriel, depuis qu’elle avait répondu : “Que tout se passe pour moi selon ta parole !“ ? (Lc 1.38). N’avait-elle pas le droit de se reconnaître maternellement en les paroles de son fils ? Peut-être ne put-elle pas même le prendre en ses bras en cette circonstance conflictuelle. Peu importe d’ailleurs ; les manifestations sensibles, sont souvent si décevantes. Son cœur, lui, était tellement en union, en communion avec le sien !
En contraste avec la maternité charnelle, Jésus proclame la grandeur de la foi qui devient parfois une maternité spirituelle. Marie devient déjà la mère des disciples de son fils.

Sainte Marie, Mère de Jésus, soyez aussi notre mère ; aidez-nous à être véritablement les disciples de votre fils en écoutant sa parole et en la mettant toujours en pratique. Protégez-moi, car même si je parais être avec ceux “du dedans“, je cours toujours le risque de me trouver avec ceux “du dehors“.

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