jeudi 11 novembre 2010

St Martin

St Martin – 11 Novembre.

Les Français ne songent plus - et c’est fort dommage - à saluer d’un même cœur et notre Patrie couronnée des lauriers trop sanglants de 1918 et le vieux Saint Gallo-romain du 4ème siècle qui a tant travaillé pour établir chez nous une civilisation avec l’étendard de la croix glorieuse du Christ.

Faut-il s’étendre sur la vie de St Martin, moine et évêque, modèle d’ascétisme et de zèle missionnaire, de prière dans la solitude et d’apostolat très actif ?
Nous le connaissons par son contemporain Sulpice Sévère et par St Grégoire de Tours qui vécut deux siècles plus tard. Il est certain que le premier se laissa aller à de faciles exagérations dont certains moines de Marmoutier n’hésitèrent pas déjà à l’accuser. Cependant, on peut légitimement attribuer à St Martin son rôle de père du monachisme en notre pays et d’évêque convertisseur de la Gaule.

Né en Hongrie actuelle – au hasard probablement d’une garnison de son père, militaire -, il rêvait, jeune encore, de vie monastique. Mais une loi l’obligea à s’enrôler. Il servit dans la garde impériale à cheval, avec parfois de charitables fantaisies, telle l’histoire du manteau partagé par son épée avec un pauvre.
Il vint à Poitiers attiré par le renom de St Hilaire. Mais ce grand évêque, trop ardent à exciter le clergé gaulois contre les Ariens, est exilé ! Martin retourne chez les siens et en profite pour convertir sa mère.
Avec l’appui de St Hilaire (en exil), il revient vers Tours et créa le premier monastère de nos contrées, à Ligugé. Ce fut le commencement d’une grande renommée au point que l’Eglise de Tours qui n’avait plus d’évêque depuis longtemps imagina d’enlever le moine de Ligugé. On le fit venir sous prétexte de guérir une malade. On le tenait, on le garda ; et le 31 juillet 371, il était ordonné évêque de la ville, de sorte qu’on a pu dire de lui : “Martin, soldat par force, évêque par devoir, moine par choix !“.
Singulière figure d’évêque cependant. Parmi les prélats gallo-romains d’allure souvent très mondaine, il avait un peu l’air d’un paysan du Danube. Il resta moine tant qu’il put et fonda près de sa ville épiscopale le monastère de Marmoutier, bientôt pépinière d’évêques et de prêtres réformateurs dont la Gaule avait besoin.

Je ne m’étends pas. Mais il fut un évêque très zélé parcourant villes et villages au-delà même de son diocèse, tant il était demandé.

On peut retenir quelques traits essentiels :
- Ce fut d’abord un homme de prière. On l’a dit joliment : “De même que les forgerons, au cours de leur travail, trouvent comme un délassement à frapper encore leur enclume, ainsi Martin, même quand il semblait faire autre chose, était en prière !“. Il s’acharnait contre tout amour propre, acceptant avec sérénité avanies et affronts, toujours humble, patient et détaché de toutes les vanités de ce monde. Il se cramponnait à son idéal monastique.
- Apôtre, il a cette foi ardente et impérieuse qui le pousse à travers nos campagnes. Il connaissait profondément la Bible, moins en spéculatif et écrivain comme son Maître St Hilaire, qu’en homme d’action pour éclairer et diriger pratiquement.
- Homme d’Eglise, il maintint avec dignité son indépendance devant César, sans intransigeance excessive. Surtout il eut cette vertu incomparable : la charité, la bonté ! Il disait devant une brebis tondue : “Elle a accompli le précepte de l’Evangile : elle avait deux tuniques ; elle en a donné une à celui qui n’en avait pas !“.

Demandons-lui d’intercéder pour la France qu’il a conquise au Christ, et de nous inspirer les actes de pénitence et de charité cordiale sans lesquels on n’est pas vraiment chrétien.

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