lundi 8 novembre 2010

Morale !

Lundi - 32e T.O. Morale ? ! Tite 1.1-9

Nous commençons aujourd’hui la lettre de St Paul adressée à Tite que l’apôtre désigne avec grande affection : “mon véritable enfant dans la foi qui nous est commune“. Nous ne savons pas grand-chose de ce disciple que l’apôtre présenta cependant à Jérusalem comme un témoin vivant de la liberté que Dieu prend en ne faisant aucune différence entre Juifs et païens. Aussi, dira Paul, on ne contraignit même pas Tite, mon compagnon, un Grec, à la circoncision“ (Gal. 2.3), afin, avait déclaré St Pierre, de ne pas “imposer à la nuque des disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n’avons été capables de porter“ (Act. 15.10).

On retrouve Tite encore à l’occasion de la grande crise Corinthienne. Il avait été envoyé par St Paul qui avait discerné en lui les qualités d’un fin diplomate. Face à la tragique rupture entre l’Apôtre et la communauté de Corinthe, Tite, ferme et patient tout à la fois, avait certainement trouvé les mots et le comportement appropriés pour dénouer une situation particulièrement délicate.

Par la lettre qui lui est adressée (Cf 1.4) et par la seconde lettre à Timothée (2 Tm 4.10), nous savons qu’il alla en Crète et en Dalmatie pour l’organisation des nouvelles Communautés chrétiennes. C’est le temps où les “Grands Témoins“ que furent les apôtres disparaissent peu à peu (fin 1er siècle). C’est le temps où les Communautés, de plus en plus importantes, doivent non seulement s’organiser mais être de plus en plus attachées “à la Parole digne de foi qui est conforme à l’enseignement“ afin d’“exhorter à la sainte doctrine et de réfuter les contradicteurs“ qui ne manquent pas (le Démon est toujours habile pour les susciter !...)

Aussi, St Paul donne des consignes qui paraissent très morales. Pourtant l’apôtre s’en est toujours pris à une représentation fausse de l’économie du salut, suivant laquelle l’homme mériterait sa propre justification par l’observation de commandements ! Non, dira-t-il, l’homme est justifié gratuitement par le sacrifice du Christ (Cf. Rm 3.21-26 ; 4.4sv).

Alors, n’y aurait-il plus de morale ? Certes pas ! Mais l’idéal moral chez Paul est comme “transfiguré“ par la présence du Christ qui l’a réalisé dans sa vie. Pour Paul, il s’agit toujours de fixer son regard sur le Christ pour adopter des attitudes dignes de lui. Ce n’est pas tellement la référence à des textes interminablement interprétés par une casuistique de plus en plus subtile que l’on peut être sauvé. C’est en regardant le Christ, et, le regardant, en vivant ses mystères. La Loi n’est plus extérieure, mais intérieure : c’est “la Loi du Christ“ (Cf. Ga 6.2), cette “Loi“ qui est gravée dans les cœurs par l’Esprit Saint quand il y répand la charité (Cf Rm 5.5).

Le Christ n’est pas seulement un exemple que nous contemplons de l’extérieur. Le Christ est en nous, espérance de gloire : nous sommes incorporés au Christ et appelés à vivre les mystères du Christ. Tant que l’on n’a pas compris cela, il n’y a pas de morale véritablement chrétienne ; et on risque d’imposer, à nous-mêmes et aux autres, des règlements difficiles à suivre en manquant alors des énergies nécessaires qu’on ne trouve que dans le Christ “répandu et communiqué“ (C’est ainsi que Bossuet définissait l’Eglise !). C’est uniquement en “accueillant le Christ“ que nous sommes capables d’affronter les réalités de l’existence !

Et c’est dans cette perspective que St Paul peut alors énumérer des règles de conduite d’autant plus exigeantes qu’elles ont pour but la sainteté chrétienne. “La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté !“ (I Thess 4.3), parce que vous avez le Christ en vous. La Loi - même ancienne - peut alors s’accomplir : “Soyez saints, parce que moi, je suis Saint !“ (Cf Lv 19.2).

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