vendredi 19 novembre 2010

Evangéliser !

Vendredi - 33 T.O. - L’Evangile ! Apoc. 10. 8-11

Avec le chapitre 10ème de l’Apocalypse au style toujours un peu difficile pour nous tant l’apôtre Jean utilise les images d’apocalypse de l’Ancien Testament (Ezéchiel, Daniel…), nous entrons dans une autre vision que celle que l’apôtre nous avait décrite précédemment.

Ici, Jean nous fait entrevoir non plus “Dieu Sabbaoth“, Dieu Tout-Puissant (d’amour) sur son trône royal, mais un ange qui descend du ciel enveloppé d’une nuée (“la nuée divine“, comme durant l’Exode), comme le Fils de l’Homme décrit par le prophète Daniel.

Et ce grandiose personnage présente cependant un tout petit livre. Il est ouvert et non fermé comme le “Livre aux sept sceaux“ que seul l’Agneau immolé mais debout peut ouvrir. Ce petit livre ouvert est remis à Jean. – Si le “Livre aux sept sceaux“ pouvait représenter l’Ancien Testament que seul le Christ peut expliquer et donner sens (Cf. l’épisode des disciples d’Emmaüs), le petit livre semble bien être l’Evangile, la “Bonne Nouvelle“ de l’“Agneau immolé mais debout“ (le Christ immolé mais toujours vivant).
Ce livre est remis à l’apôtre ; il est remis à l’Eglise, à nous-mêmes, pour qu’il soit proclamé, divulgué… Et cet ange, porteur du petit livre et qui crie d’une voix forte, annonce la puissance de l’Evangile du Christ que l’Eglise (nous-mêmes) doit proclamer tout au long de son histoire, qu’elle doit porter “jusqu’aux extrémités du monde“ (Cf. Ac. 1.8 – Mth. 12.14).

Jean doit “manger“ le petit livre. C’est une scène d’investiture prophétique qui s’inspire d’une semblable dans l’Ancien Testament, l’investiture du prophète Ezéchiel (2.8 ; 3.4). L’Eglise représentée par Jean doit sans cesse se laisser imprégner par la douceur de la Parole du Christ pour accomplir sa difficile (parfois amère) mission : porter l’Evangile à tous les hommes, “prophétiser sur des peuples, des nations, des langues et des rois en grand nombre“. Cette mission n’est pas sans tribulations, sans difficultés parfois crucifiantes… Jésus lui-même avait averti : “Vous serez haïs de tous les païens à cause de mon Nom !“ (Mth 24.9).

Oui, la Parole de Dieu a pour nous la “douceur du miel“ ; elle est une force, dit St Paul (Rm 1.16). Elle nous enseigne, nous conduit, nous forme. “Pour moi, disait Ste Thérèse de Lisieux, je ne trouve rien dans les livres ; l’Evangile me suffit“.
Mais de la voir rejetée, repoussée, trahie, même par nos proches parfois, n’est pas sans souffrances diverses et sans conséquences pour nous en certaines circonstances professionnelles ou familiales ! En certains pays actuellement ! Oui, la Parole de l’Evangile proclamée n’est pas sans amertumes… Tant il est vrai qu’il n’y a pas d’apostolat sans souffrance unie à celle du Christ.

Et cela est vrai aussi pour tout contemplatif, toute contemplative. On voudrait crier parfois ce qui fait le secret de notre vie, la valeur de notre consécration silencieuse. Le moine doit, silencieusement, porter ce témoignage vivant : Jésus vaut la peine d’être écouté, aimé pour lui seul. Nous le savons que trop : un apostolat sans écoute de la Parole de Dieu (ce “petit livre“), sans prière se dégrade vite en activisme. Notre prière doit être l’âme de tout apostolat. Ste Thérèse de l’Enfant Jésus l’avait si bien compris qu’elle fut déclarée “patronne des missions“
“Un dominicain, disait Dom Guéranger, cessera un jour de prêcher ; un Jésuite d’enseigner. Le moine, lui, continuera à chanter“. Et nous le savons : son chant – le chant de toute sa vie – doit résonner “sur beaucoup de peuples, de nations, de langues et de rois !“.

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