mercredi 17 novembre 2010

Liturgie céleste

Mercredi - 33 T.O. - Liturgie ! Apoc. 4.1-11

Apocalypse ! Dévoilement ! Le voile du temple étant déchiré à l’heure de sa mort, le Christ - tel le prêtre de l’Ancienne Alliance - entre définitivement dans le “Saint des Saints“ pour la plénière purification de tous les hommes ! Aussi, à sa suite, nous pouvons, sanctifiés par le sang du Christ, nous diriger déjà vers le trône de Dieu, pour voir Celui qui nous voit sans cesse !

“Une porte du ciel était ouverte“, dit St Jean. Une voix l’invite : “Monte !“. Jean est comme soulevé au-dessus de ce monde, soustrait au temps ! Monte pour voir “ce qui doit arriver !“. Cette formule employée plusieurs fois dans l’écrit évoque l’imminence et le caractère irrévocable du dessein d’amour de Dieu pour les hommes, dessein déjà réalisé dans le mystère pascal du Christ, mais dont la phase ultime doit être “dévoilée“ aux yeux de tous les hommes.

La vision de la gloire divine rapportée par Jean est pour nous surprenante, mais non pour Jean et ses lecteurs, car elle ne fait que reprendre celle d’Ezéchiel. Cependant, Jean précise : Dieu est sur un trône et il domine toute la création sortie de ses mains. De ce trône sortent éclairs et coups de tonnerre, comme au moment solennel de la première Alliance avec Moïse, au Sinaï. En face du trône, il y a une mer, non pas cet élément liquide et dangereux parce qu’il contenait, dans la pensée juive, les forces chaotiques du mal, mais cette “mer de verre“ qu’évoquait déjà Ezéchiel (1.22), éblouissante de lumière purificatrice qui sépare encore les créatures de leur Créateur !

On aperçoit déjà vingt-quatre “Anciens“, terme qui, chez St Jean, évoque toujours les responsables de Communautés, d’Eglises. Ils sont revêtus de vêtements à la blancheur baptismale et portent la couronne des vainqueurs de ce monde. Ils sont vingt-quatre… Et ils chantent ! Ils chantent comme les prêtres que David avait répartis en vingt-quatre groupes afin que la gloire du Seigneur soit toujours proclamée (Cf. 1 Chr. 24). Ils additionnent désormais les douze “chefs“ de l’Ancien Israël (prophètes) et les douze du Nouveau.

Les quatre Vivants dont il est question évoquent encore la vision d’Ezéchiel. Leur nombre signifie la création toute entière avec ses quatre éléments cosmiques (aux quatre points cardinaux) : lion, taureau, homme et aigle sont censés supporter le firmament (1) et il est dit que cette création ainsi représentée est “au milieu du trône et autour de lui“. Toute la création est devant Dieu.

Et tous chantent la gloire de Dieu, comme les Séraphins dans la vision d’Isaïe : “Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le Tout-Puissant. Sa gloire remplit toute la terre“ (toute la création) (Is. 6.3). Et la suite immédiate de la louange n’est que le rappel de la déclaration divine transmise à Jean au début de son livre : “Je suis l’Alpha et l’Oméga, Celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant, le “Pantocratôr“, mot grec employé pour traduire : “Dieu Sabbaoth“, “Dieu des armées“ ! Mais sa puissance est celle de son amour qui tient tout en sa main.
Toute la création chante à Dieu :
- sa gloire
(“Kabod“ en hébreu = poids) : Dieu seul a du poids !
- son honneur : elle proclame la suprématie de Dieu,
- l’action de grâce : elle fait eucharistie !
Toute la création fait eucharistie. Elle accomplit ce qu’elle ne pouvait pas faire parfaitement dans sa condition historique, étant livrée au pouvoir du néant (Rm 8.20). La Rédemption (finale) inaugurée par le Christ n’est pas seulement le salut des hommes ; elle est en même temps à la gloire de Dieu Tout-Puissant.

Cette présentation de la louange céleste s’inspire certainement de la liturgie chrétienne. Jean projette dans sa vision une liturgie encore plus belle que celle vécue sur la terre. Cependant, notre liturgie doit nous aider à proclamer la sainteté de l’Amour créateur de Dieu. Et sachons aussi que l’Eucharistie est comme une anticipation de la Liturgie céleste et éternelle. Car “le Christ, dit Vatican II, prenant la nature humaine, a introduit dans notre exil terrestre l’hymne qui se chante éternellement dans les demeures célestes“

(1) Depuis St Irénée, on y voit également la figure des quatre évangélistes… Ce n’était sans doute pas la pensée de St Jean.

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