samedi 27 novembre 2010

Jérusalem céleste

Samedi - 34 T.O. - Jérusalem céleste Apoc. 22.1-7

Nous arrivons à la fin de la lecture liturgique de l’Apocalypse, ce livre qui est un peu énigmatique pour nous.
Cependant vous reconnaîtrez facilement dans ce fleuve qui sort du trône divin et de l’arbre de Vie une réplique, une rénovation du jardin perdu décrit au livre de la Genèse. La guérison des païens, c’est-à-dire leur conversion est annoncée. Ainsi, le péché d’Adam est aboli et la mort due à sa faute a disparu. On peut voir encore dans le “fleuve de Vie“ (le thème de l’eau est riche en St Jean), l’eau qui sort du côté droit du Christ en croix. Comme l’eau sortie du côté droit du temple, selon Ezéchiel (ch.47) allait purifier la mer morte et redonner vie au désert lui-même, aux “ossements desséchés“, ainsi le “fleuve de Vie“ est capable de ressusciter les morts… C’est l’œuvre de l’Esprit Saint ; c’est Lui “l’eau vive“ !

Et cette vie à nouveau accordée permettra de “voir Dieu“ de “voir Celui qui nous voit sans cesse“, Lui qui n’a jamais quitté l’homme de son regard aimant. “Voir Dieu !“. C’est le but de notre pèlerinage terrestre. Tout au long de notre marche ici-bas, déjà nous percevons Dieu mais imparfaitement, comme à travers un miroir, dira St Paul (I Co. 13.12). Mais cette connaissance même imparfaite est déjà transfor-mante. Celle qui nous arrive par l’oreille, si on met en pratique ce que l’on a compris de la Parole de Dieu, nous rajeunit déjà à l’image de l’éternelle jeunesse de Dieu. Et quand cette connaissance imparfaite que l’on reçoit par les oreilles fera place à la connaissance parfaite - celle de la vision devenue possible depuis que le Verbe s’est fait chair -, alors le pouvoir de cette connaissance s’exercera au maximum ; et nous serons, comme disent les Pères de l’Eglise, “divinisés“ : “nous serons semblables à Lui, puisque nous le verrons tel qu’il est“ (I Jn 3.2).

Et je me permettrai de terminer avec quelque humour en vous proposant de relire avec moi cette finale de l’Apocalypse. Ainsi, à la question que l’on pose souvent : “Comment allez-vous ?“, vous répondrez avec moi : “Je vais - nous allons“, sans autre précision. Car nous ne sommes ici-bas que des vagabonds, des gens du voyage. Je pense d’ailleurs que tous les horizons ici-bas sont provisoires et que la terre elle-même n’est ronde que pour être ouverte partout à l’immensité de l’univers, à l’immensité de Dieu !
Oui, “nous allons… !“ ; et continuons à façonner déjà notre vrai “visage d’éternité“ qui recueillera, par la “vision“, nous l’espérons, la lumière de la vraie vie ! Oui vagabonds vers un avenir que Dieu offre, nous recevrons alors, d’une caresse de sa main aimante, jeunesse éternelle et inépuisable.

Pour cela, il nous faut suivre Jésus, même en traînant les pieds parfois. Vous le savez : c’est lui le prince des vagabonds. Car finalement, lui-même n’avait pas d’identité identifiable avec les mots et les cases de ce monde. Certes, les soldats qui l’ont arrêté un certain Jeudi soir devaient bien savoir à peu près quel était son gabarit et s’il pesait lourd quand on le tabassait. Mais son regard était insoutenable… Et le dimanche matin, impossible de le retenir. Et lui aussi disait : “Je vais… Je vais chez mon Père et votre Père !“. Et depuis lors, il ne cesse de disperser sa véritable identité sur le visage des affamés, des persécutés, des prisonniers, des malades… pour les siècles des siècles. Vaste famille de Celui qui est “Notre Père“, non pas en engendrant, mais en libérant. Car, disent les psaumes, notre Dieu est un “Dieu de délivrance“ !

Oui, je vais…, nous allons. Et je me dis avec espérance amusante : dans quelques années - elles passent si vite ici-bas -, si vous voulez encore me poser la question : “comment allez-vous ?“, je pourrai répondre, je l’espère bien, qu’on pourra trouver ma carte d’identité et mon bulletin de route au bureau des objets perdus dans la Jérusalem céleste. Casier : “vieux pèlerins“. Mais là, il n’y aura plus d’électricité, ni même de soleil, car Dieu sera toute Lumière… Les murailles elles-mêmes, nous prédit St Jean, serons de pierres précieuses… Je serai, vous serez fascinés. Et personne n’aura envie d’aller contrôler les papiers du “monde ancien“.

Aussi, donnons-nous rendez-vous chez la fiancée de Dieu, l’Eglise, pour les noces éternelles ! “Quelle joie quand on me dit : « Allons à la maison du Seigneur ! »“ (Ps 122.1)

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