vendredi 26 novembre 2010

Le Jugement

Vendredi - 34 T.O. - Le Jugement ! Apoc. 20

Il serait vain et présomptueux de vouloir éclairer la lecture d’aujourd’hui, si dense et imprégnée d’images diverses de l’A. T., et ce d’autant que la proclamation liturgique ne retient légitimement que quelques versets du chapitre 20ème.

Retenons l’essentiel. Le “Dragon“, celui que Jean a qualifié de “séducteur du monde “, de “Serpent“, “Diable“, bref de “Satan“ est précipité dans l’abîme, lieu des puissances démoniaques. Il est vaincu par l’“Agneau immolé“ toujours “debout“, par le mystère pascal de mort et de Vie du Christ, ce mystère qu’ont vécu nombre de martyrs dont le sang répandu étouffent leurs meurtriers eux-mêmes. - Et, désormais, avec le Christ en gloire, ces victimes siègent sur des trônes pour juger ! “Quand le Fils de l’homme siègera sur son trône de gloire, disait Jésus, vous siègerez vous aussi pour juger...“ (Mth 19.28). Et St Paul de renchérir : “Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ?“ (I Co 6.2). Quelle responsabilité !!! Certes, ce jugement se fera d’après “les livres“ et surtout d’après “un autre livre : le Livre de Vie“ !

Quel sera donc ce jugement ? Il faut l’affirmer, le réaffirmer - tout le N. T. le répète - : Le Christ a versé son sang pour sauver tous les hommes, “pour la multitude“ ! Le salut ne dépend pas d’abord de nos œuvres. Le salut est un don gratuit de Dieu qui offre son Alliance avec l’homme. Ce n’est pas notre fidélité qui est première. C’est l’appel gratuit de Dieu. Il ne faut pas à mettre en parallèle deux situations possibles, le ciel et l’enfer, selon ce que nos actions auraient mérité. Non ! Ce serait du semi-pélagianisme tant combattu par St Augustin.
Si nous entrons au ciel, ce n’est pas parce que nous l’avons “gagné“ (“gagner son ciel !“ Quelle présomption !) ; Le ciel est d’abord le don de Dieu que nous accueillons ! Si nous allons en enfer, c’est parce que nous avons refusé ce don. Et cela, Dieu n’y peut rien. C’est nous-mêmes qui nous effaçons alors du “Livre de Vie“ par le choix de notre liberté ! Et en ce sens, le ciel, l’enfer, c’est en ce moment-même !

Nous sommes tentés de dire : Dieu est si miséricordieux qu’il nous accueillera quoi que nous fassions. Cela n’est pas vrai non plus, parce que précisément, Dieu nous aime ; et son amour ne veut pas nous imposer un bonheur non librement accepté. Notre dignité, c’est notre liberté. Et l’invocation de notre faiblesse ne change rien… !
Dans la Bible, la cause d’une condamnation, c’est l’“incirconcision“ de l’oreille qui rend “la nuque raide“, c’est l’attitude de l’homme qui se ferme librement à l’amour de Dieu, attitude à laquelle Dieu ne peut rien. La damnation n’est pas une vengeance de Dieu pour le mal accompli, n’est pas une sorte de justice distributive qui rétribue chacun selon le poids de ses œuvres. La damnation, c’est avant tout l’envers de l’Amour de Dieu qui est impuissant en face de la liberté humaine qu’il nous a donnée et qu’il ne peut que respecter.

Pour aider à entrer dans cette perspective, je prenais, naguère, une comparaison devant les enfants. Oh ! certes, vous n’êtes plus des enfants… Loin de moi de penser cela ! Mais comme nous sommes tous des “enfants de Dieu“, je me permets de reprendre cette comparaison. Il s’agit d’ailleurs du P. Maximilien Kolbe. Vous connaissez son histoire ; je ne vais pas la répéter comme je le faisais aux enfants. Mais connaissez-vous ce détail. Le Père avait remplacé un des dix condamnés à mourir peu à peu dans le blockhaus de la faim. Et le commandant du camp, - un sadique pervers à n’en pas douter -, venait voir comment ces malheureux se comportaient, privés qu’ils étaient de nourriture et de boisson. Et lorsqu’il rencontrait le regard du P. Kolbe qui était toujours un regard de bonté, rempli de l’amour de Dieu pour tout homme, il lui ordonnait de détourner son regard ; il ne pouvait le supporter. Et bien, je pense que la damnation c’est un peu ce regard d’amour de Dieu que l’on ne pourra pas supporter.

Notre lecture se termine sur cette grandiose image céleste : “J’ai vu descendre du ciel la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, toute prête, comme une fiancée parée pour son époux“. Avec les prophètes Osée (ch. 2), Ezéchiel (16), Isaïe (54)… avec tout le Cantique des Cantiques, reprenons l’image : nous sommes cette jeune fille que Dieu a vue dans sa nudité et qu’il a couvert de son manteau. Et quand cette jeune fille atteint l’âge où elle peut attirer les regards, Dieu lui a fait l’offre de son amour… Toute l’humanité et chacun de nous n’est que la croissance d’un pauvre “avorton“, dirait St Paul, qui n’est pas encore arrivé à l’âge d’un véritable amour…, l’Amour divin. Mais quand nous y arriverons, Dieu nous épousera… éternellement.

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