samedi 13 novembre 2010

Humilité !

Samedi - 32e T.O. Suffisance - Humilité ! III Jn 5-8

La troisième lettre de St Jean dont nous avons un passage aujourd’hui est très courte ! Certaines réflexions, remarques font certainement allusion à une crise - c’est pas nouveau ! - dans la Communauté à laquelle cette lettre est adressée : un certain Diotréphès, pour ses qualités à n’en pas douter, a été établi responsable de cette jeune Eglise ; mais, fort de l’autorité qui lui a été conférée, il veut, par orgueil certainement - et cela arrive parfois - tout régenter à sa façon : et ce qu’il faut faire et même, évidemment, ce qu’il faut penser ! Molière, un de nos classiques, avait très bien vu ce travers qui est de tous les temps :
“Certes, c'est une chose aussi qui scandalise,
De voir qu'un inconnu céans s'impatronise,
En vienne jusque−là que de se méconnaître,
De contrarier tout, et de faire le maître !“. (Le Tartuffe. Act 1)

Alors arrive ce qui doit arriver quand on se croit le centre du monde et la porte du paradis : ce Diotréphès va jusqu’à critiquer l’apôtre Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur, le fondateur de cette Eglise ; il écarte certains membres de la Communauté - pourtant bien dévoués - et pactise plus ou moins - cela aussi est classique - avec des hérétiques, le dogme lui-même étant sa propriété.

L’apôtre Jean réagit et se promet surtout de réagir lorsqu’il pourra faire visite à cette Eglise. En attendant il remercie un membre de la Communauté, un certain Gaïus, qui est venu en aide aux envoyés de Jean - des missionnaires en quelques sortes - chargés de faire connaître le “Nom“ (de Jésus). Diotréphès n’a pas voulu les recevoir et a même chassé ceux qui leur venaient en aide.

Que faut-il retenir de ces circonstances que l’orgueil, la suffisance, la jalousie rendent non moins néfastes que ridicules. Le grand remède est certainement l’humilité à acquérir dans un regard de foi et de vérité : un regard vers Dieu qui est TOUT, et, en même temps, un regard sur soi qui n’est RIEN. Et c’est alors que l’on peut acquérir un regard de discernement et de charité sur l’autre, les autres.

Nous le savons, St Benoît y insiste fortement. Mais comme c’est difficile d’acquérir une véritable humilité, que l’on soit manant ou puissant !

Car à ce RIEN que chacun est devant Dieu, il lui est donné des responsabilités, ne serait-ce que celle, si importante, que recommande St Paul : “portez-vous les uns les autres !“. Nous sommes responsables de nos frères ; c’est notre “obédience“, quelle que soit charge que nous ayons reçue par ailleurs. En ce domaine, Guy de Larigaudie avait raison : “Il est plus beau de peler des pommes de terre par amour (de ses frères) que de construire des cathédrale (par vanité)“. L’important, c’est toujours notre regard de foi et de charité sur toutes choses et bien davantage sur nos frères. Que de vanités pernicieuses parfois même dans les plus petits dons que le Seigneur nous a accordés. Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus avait bien compris cela

Pour terminer avec un peu d’humour, je me permets de rapporter le propos d’un rabbin (Sim'ha Bunam) qui disait : “Chaque homme doit avoir deux poches et écrire sur deux bouts de papier. Sur le premier qu'il mettra dans une poche, il écrira l'exclamation d'Abraham : “Je ne suis que poussière et cendre“ (Gen 18/27). - Et sur l'autre qu'il mettra dans la seconde poche, il écrira : “C'est pour moi que le monde entier a été créé !“ (Talmud Babli, traité Berachot 6b). - Seulement, ajoutait-il, le problème c’est qu’il faut savoir ne pas confondre les deux poches ! Même, si je puis dire, quand on met toujours ses mains dans ses poches…, ce qui n’est pas d’ailleurs très poli…

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