vendredi 5 novembre 2010

La croix !

Vendredi - 31e T.O. – Croix du Christ ! Phil. 3.17-4.1

La lettre de St Paul aux Ephésiens - dont la lecture a été interrompue par les fêtes liturgiques - semblait se terminer au chapitre 3ème. Et soudain, l’apôtre “repart“ pour un autre développement tout différent quant au contenu et au ton employé. Peut-être est-ce fusion de deux textes ? Peu importe d’ailleurs !

En tous les cas, Paul, ce grand “Ardent du Christ“, ne prend pas de gants, si je puis dire : “Prenez garde aux chiens !“ (termes forts, injurieux employés parfois pour désigner les païens débauchés, les renégats, les hérétiques) ; “prenez garde aux mauvais ouvriers ; prenez garde aux faux circoncis… !“.
Prenez garde ! “Beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ !“. Nous apprenons ainsi quelle est la racine de l’erreur que Paul stigmatise et veut combattre énergiquement : le scandale de la croix ! Déjà ! Et c’est de tout temps !

Certes, il est louable de lutter contre toutes les formes de mal ; bien plus, c’est un devoir d’éradiquer le plus possible les causes du mal. Paul ne s’en privera pas ! Il se dépensera de mille manières pour soulager ses frères atteints dans leur chair, dans leur esprit, en tout leur être… Il organisera des quêtes pour l’Eglise de Jérusalem en grande difficulté. Et tout cela, à l’exemple du Christ lui-même qui a grandement lutté contre toutes les formes du mal.

Cependant, l’apôtre s’insurge : alors même que le mal est difficile à expliquer - mais là n’est pas le propos, même si Paul a son opinion sur la question -, alors même que le mal peut obscurcir l’œil de la foi, St Paul, lui, garde constamment son regard fixé sur le Christ, le Christ en gloire qui lui est apparu et qui cependant lui disait : “Saul, pourquoi me persécutes-tu ?“, me fais-tu souffrir ?

Et, d’un seul coup, St Paul a compris qu’ici-bas la vie à la suite du Christ est, si l’on peut dire, comme une tension entre deux saluts, ou, si l’on préfère, entre les deux phases d’un même salut :
- le salut qui nous a été accordé dans et par le signe de la croix du Christ, la souffrance par excellence -.
- et le salut commencé en nous, mais non encore totalement achevé : le parfait accomplissement de notre être, tel que Dieu l’a voulu au matin de notre création reprise en la résurrection du Christ !
Et ces deux saluts n’en font qu’un tellement ils sont inséparables, intimement liés dans le mystère pascal du Christ. Moi-même, dira l’apôtre, je n’estime pas avoir encore totalement saisi le Christ, comme le Christ m’a saisi. Mais je m’élance, tendu en avant pour répondre à l’appel du Christ“ (Cf 3.12-14).

Alors, répond St Paul, à ses détracteurs et adversaires : pourquoi renier la croix du Christ ? Pourquoi détourner son regard de la passion du Christ ? Parce que la souffrance est indigne d’un Dieu fait homme ? Soit ! Mais la souffrance n’est pas digne de l’homme non plus, pas plus que le péché n’est digne de l’homme ! Car, expliquera-t-il aux Romains, le péché est la principale cause du mal. Le péché est signe de haine, de refus de Dieu et des autres. Et Dieu est venu parmi les hommes pour faire de la faute elle-même une “inversion de valeur“, à cause du grand amour qu’il a manifesté jusque dans la souffrance, conséquence du péché !

Comprenez, dira-t-il plus tard, le vieil homme doit mourir sur la croix du Christ avec son péché (cause de tant de souffrances) pour vivre avec le Christ en gloire. Vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ ! (Cf Rm 6.6-11).
Nous détournant du péché non sans souffrance souvent, nous faisons l’apprentissage, le noviciat de la vraie vie en Dieu. Alors, en ce contexte, l’impuissance à souffrir avec le Christ se confond avec l’impuissance à vivre avec le Christ. Pourtant, nous le savons, le Christ est ressuscité ! Il transformera nos corps humiliés à l’image de son corps glorieux !

Aussi, St Paul termine : “Tenez fermes, de cette façon, dans le Seigneur, mes bien-aimés“.

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