jeudi 3 novembre 2011

La vie divine en nous !

T.O. 31 imp. Jeudi (Rm 14.7-12)

En la lecture d’aujourd’hui, St Paul continue l’exhortation morale qu’il a commencée au chapitre 12ème de sa lettre. Mais l’apôtre ne transmet pas de simples petites recommandations aux uns ou aux autres, selon les circonstances, les situations du moment, les personnes rencontrées. Toujours, il situe la vie du chrétien en rapport avec celle du Christ : “Je vous exhorte à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera là votre culte spirituel“ (12.1)
Littéralement, il faut lire : “offrez votre corps !“. Dans le langage de St Paul, le “corps“, c’est l’homme tout entier en tant qu’il s’exprime visiblement par le corps ! Or, depuis son baptême, le chrétien est habité par l’Esprit du Seigneur. Aussi, le “corps“ lui-même est “temple du Saint Esprit… Glorifiez donc Dieu dans votre corps“ (I Co. 6.19-20). Autrement dit, vous devez manifester visiblement, par votre corps lui-même, cette présence du Christ en vous, par son Esprit… Voilà le fondement de toute “morale“ chrétienne. “Ce n’est plus moi qui vis, osera dire l’apôtre, c’est le Christ qui vit en moi !“ (Gal 2.20). Voilà le véritable culte qu’il nous faut rendre à Dieu tel que les prophètes le décrivaient déjà : “Car c'est l'amour - cet amour de Dieu qui a été répandu en nos cœur (Rm. 5.5) - qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes“ (Os 6.6).

Voilà l’important ! Que chacun puisse développer la vie de Dieu en lui-même ! Paul, ici, ne s’exprime pas par des distinctions de “catégories morales“. La “vie morale“ est avant tout “la vie du Christ en chacun“ !
Certes, il y a des différences entre nous…, mais selon ce que l’Esprit du Seigneur a mis en chacun - dans le “faible“ comme dans le “fort“ - !
- “Que celui qui mange (de tout) ne méprise donc pas celui qui ne mange pas“, le jugeant comme un homme d’esprit étroit, scrupuleux…
- “Que celui qui ne mange pas (de tout) ne juge pas celui qui mange“, le jugeant comme un laxiste qui en prend à son aise !
Sachez élever votre intelligence jusqu’à la pensée de Dieu ; et dites-vous :
- Si “celui qui mange de tout le fait pour le Seigneur“, et bien, “il rend grâces à Dieu !“
- Et si “celui qui ne mange pas de tout le fait pour le Seigneur“, et bien, lui aussi, “il rend grâces à Dieu !“

Et soudain, St Paul s’élève à une vue magnifique de toute condition chrétienne, - et foin des manières de faire et des circonstances ! -. Les disciples du Christ ne doivent pas chercher leur satisfaction personnelle, mais celle du Seigneur : “Nul d'entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur. Car le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants… Tous nous comparaîtrons devant le tribunal de Dieu !“ C’est le début de notre lecture !

Aussi, St Paul de conclure :
- “Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ?“
- “Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère ?“
Ne jugez donc pas !

Aussi, je conclurai en vous livrant (à nouveau, peut-être) quelques réflexions du Cardinal Decourtray, écrites peu avant sa mort :

Jésus n'a pas dit : Cette femme est volage, légère, sotte, elle est marquée par l'atavisme moral et religieux de son milieu ; ce n'est qu'une femme ! - Il lui demande un verre d'eau et il engage la conversation. (Jn 4, 1-42)

Jésus n'a pas dit : Voilà une pécheresse publique, une prostituée à tout jamais enlisée dans le vice. - Il dit : Elle a plus de chance pour le Royaume de Dieu que ceux qui tiennent à leur richesse ou se drapent dans leur vertu ou leur savoir (Lc 7/36-49).

Jésus n'a pas dit : Cette vieille qui met son obole dans le tronc pour les bonnes œuvres du Temple est une superstitieuse. - Il dit qu'elle est extraordinaire et qu'on ferait bien d'imiter son désintéressement (Mc 12/41-44)

Jésus n'a pas dit : Cet homme n'est qu'un fonctionnaire véreux qui s'enrichit en flattant le pouvoir et en saignant les pauvres. - Il s'invite à sa table et assure que sa maison a reçu le salut (Luc 19/1-10)

Jésus n'a pas dit : Ce centurion n'est qu'un occupant. - Il dit : Je n'ai jamais vu pareille foi en Israël (Luc 7/1-10).

Jésus n'a pas dit : Cet individu n'est qu'un hors-la-loi. - Il dit : Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis (Luc 23/39-43).

Jésus n'a pas dit : Ce Judas n'est qu'un traître. - Il l'embrasse et lui dit : Mon ami ! (Mt 26/50)

Jésus n'a pas dit : Ce fanfaron n'est qu'un renégat. - Il lui dit : Pierre, m'aimes-tu ? (Jn 21/15-17)

Jésus n'a pas dit : Ces grands prêtres ne sont que des juges iniques, ce roi n'est qu'un pantin, ce procureur romain n'est qu'un pleutre, cette foule qui me conspue n'est qu'une plèbe, ces soldats qui me maltraitent ne sont que des fonctionnaires. - Il dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. (Luc 23/34).

Jésus n'aurait jamais dit : Ce n'est qu'un intégriste, qu'un moderniste, qu'un gauchiste, qu'un fasciste, qu'un mécréant, qu'un bigot... - Pour lui, les autres, quels qu'ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation, sont toujours aimés de Dieu.

N’allez pas me faire dire pour autant que tous les actes sont indifférents, que le noir est blanc, que le mal est bien… et qu’il n’y a plus de fautes, de péchés… ! Certes pas ! Je dis simplement deux choses :
- d’une part, comme l’exprimait si bien Jean Cocteau : “Surtout, surtout, sois indulgent. Hésite sur le seuil du blâme. On ne sait jamais les raisons, ni l'enveloppe intérieure de l'âme, ni ce qu'il y a dans les maisons, sous les toits, entre les gens“.
- Et d’autre part, que tout se résout dans la vie de Dieu-Amour à laquelle nous participons ; et cela - St Paul le rappelait - pour les “faibles“ comme pour les “forts“ ! Se mettre tous sous la miséricorde de Dieu en s’aidant les uns les autres à progresser en la VIE de DIEU ! ... En sachant profiter, tous et chacun de la grande miséricorde de Dieu qui peut se manifester, mieux qu’on ne le pense, par le sacrement dit “de réconciliation“.

Efforçons-nous de vivre de l’amour même de Dieu, de Dieu toujours plein de miséricorde.

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